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Formation Continue du Supérieur
8 juillet 2015

La gestion du fait religieux à l’université - Auditions de L’Observatoire de la laïcité - Rapport du SNESUP-FSU

Retour page d'accueilLa gestion du fait religieux à l’université - Auditions de L’Observatoire de la laïcité
Rapport du SNESUP-FSU
Le libellé du sujet de la présente audition appelle de notre part quelques observations préalables sur ses implicites et de possibles ambiguïtés. En effet, l’expression « gestion du fait religieux à l’université » nous paraît orienter la réflexion vers des considérations pragmatiques, sans que soient interrogés au préalable les choix politiques qui les sous-­tendent et surtout la référence à l’université laïque : nous serions ainsi conduits à admettre la présence du fait religieux dans les universités comme s’il s’agissait d’une réalité irrécusable et à en décliner les modalités de prise en charge, ou de prise en compte, sur lesquelles nous serions, en l’occurrence, seulement invités à nous prononcer.
Ainsi, le mot de gestion alerte notre vigilance, puisqu’il ne peut correspondre ici à sa signification économique : est-­il alors synonyme de « reconnaissance » du fait religieux? D’un « accommodement » au sens des accommodements raisonnables préconisés dans certains pays ? Mais il renvoie alors à des politiques déterminées qui doivent être identifiées et interrogées, et en premier lieu afin de savoir et d’apprécier si elles conviennent aux universités françaises actuelles, avant même de décrire leurs traductions pratiques éventuelles.
Le terme de gestion évoque aussi l’idéologie gestionnaire dont nous récusons l’envahissement à l’université, ainsi que l’a analysé le sociologue Frédéric Lebaron dans un article récent « Injonction comptable et révolution culturelle à l’université ». Le modèle gestionnaire nous paraît a fortiori incongru appliqué à un sujet qui soulève d’abord selon nous des questions de principes plus que de traitement.
Enfin, le syntagme « fait religieux » a connu une évolution sémantique que nous devons prendre en considération : il renvoie d’abord à l’institution des sciences religieuses dans l’université française à la fin du dix-­neuvième siècle, qui coïncide avec un moment politique particulièrement fort de l’affirmation de la laïcité en France sous la Troisième République. Il désigne alors un objet épistémologique. Une deuxième occurrence significative apparaît dans le rapport de Régis Debray au ministre de l’éducation nationale en 2002 « L’enseignement du fait religieux dans l’école laïque », où l’on assiste à la consécration du « fait religieux » comme objet pédagogique et didactique. La dernière étape de cette évolution est l’apparition de l’expression « fait religieux » dans le discours politique et médiatique, où il sert à évoquer de façon euphémique des problèmes liés à l’expression de convictions et de pratiques religieuses dans les entreprises, les services publics, voire l’espace public en général, comme le port du voile par exemple. Elle prend alors des connotations conflictuelles pour décrire le « choc » créé dans les organisations ou les institutions, déconcertées par cette affirmation religieuse dont la frontière avec des revendications s’avère particulièrement difficile à cerner.
Une fois ces préalables exposés, nous nous proposons de présenter quelques lignes de force de notre conception de la laïcité. Elle prend appui sur la loi de 1905 qui repose sur quatre fondamentaux : la neutralité de la puissance publique, arbitre des relations sociales ; la séparation des Églises et de l’État ; la garantie de la liberté de conscience ; l’égalité des droits, qui se traduit en terme plus moderne par un principe de non-discrimination. C'est cet équilibre qui est fondamental : il ne s'agit ni d'hypertrophier la neutralité, d'autant qu'il y a souvent confusion entre la neutralité de l'État et celle des individus, ce qui n’est pas l’esprit de la loi de 1905, ni d'atrophier l’égalité des droits et la liberté de conscience des individus. De telles atteintes à la liberté de conscience et à l’égalité entre les religions créeraient un climat dangereux pour toute la société, avec une conception possiblement liberticide de la laïcité. Voir le Rapport du SNESUP-FSU.
Coordonnateur du Rapport : Pascal Maillard, Secrétaire National
Auteur(e)s :
Philippe Büttgen, membre de la Commission Administrative
Gérard Lauton, co-animateur du secteur Droits et Libertés
Marie-France Le Marec, membre du Collectif national Formation des enseignants
Isabelle de Mecquenem, membre du Bureau National
Julien Rivoire, membre de la Commission Administrative. Voir le Rapport du SNESUP-FSU.

Le
libellé
du
sujet
de
la
présente
audition
appelle
de
notre
part
quelques
observations
préalables
sur
ses
implicites
et
de
possibles
ambiguïtés.
En
effet,
l’expression
«
gestion
du
fait
religieux
à
l’université
»
nous
paraît
orienter
la
réflexion
vers
des
considérations
pragmatiques,
sans
que
soient
interrogés
au
préalable
les
choix
politiques
qui
les
sous-­‐tendent
et
surtout
la
référence
à
l’université
laïque
:
nous
serions
ainsi
conduits
à
admettre
la
présence
du
fait
religieux
dans
les
universités
comme
s’il
s’agissait
d’une
réalité
irrécusable
et
à
en
décliner
les
modalités
de
prise
en
charge,
ou
de
prise
en
compte,
sur
lesquelles
nous
serions,
en
l’occurrence,
seulement
invités
à
nous
prononcer.
Ainsi,
le
mot
de
gestion
alerte
notre
vigilance,
puisqu’il
ne
peut
correspondre
ici
à
sa
signification
économique
:
est-­‐il
alors
synonyme
de
«
reconnaissance
»
du
fait
religieux?
D’un
«
accommodement
»
au
sens
des
accommodements
raisonnables
préconisés
dans
certains
pays
?
Mais
il
renvoie
alors
à
des
politiques
déterminées
qui
doivent
être
identifiées
et
interrogées,
et
en
premier
lieu
afin
de
savoir
et
d’apprécier
si
elles
conviennent
aux
universités
françaises
actuelles,
avant
même
de
décrire
leurs
traductions
pratiques
éventuelles.
Le
terme
de
gestion
évoque
aussi
l’idéologie
gestionnaire
dont
nous
récusons
l’envahissement
à
l’université,
ainsi
que
l’a
analysé
le
sociologue
Frédéric
Lebaron
dans
un
article
récent
«
Injonction
comptable
et
révolution
culturelle
à
l’université
»1.
Le
modèle
gestionnaire
nous
paraît
a
fortiori
incongru
appliqué
à
un
sujet
qui
soulève
d’abord
selon
nous
des
questions
de
principes
plus
que
de
traitement.
Enfin,
le
syntagme
«
fait
religieux
»
a
connu
une
évolution
sémantique
que
nous
devons
prendre
en
considération
:
il
renvoie
d’abord
à
l’institution
des
sciences
religieuses
dans
l’université
française
à
la
fin
du
dix-­‐neuvième
siècle,
qui
coïncide
avec
un
moment
politique
particulièrement
fort
de
l’affirmation
de
la
laïcité
en
France
sous
la
Troisième
République.
Il
désigne
alors
un
objet
épistémologique.
Une
deuxième
occurrence
significative
apparaît
dans
le
rapport
de
Régis
Debray2
au
ministre
de
l’éducation
nationale
en
2002
«
L’enseignement
du
fait
religieux
dans
l’école
laïque
»,

l’on
assiste
à
la
consécration
du
«
fait
religieux
»
comme
objet
pédagogique
et
didactique.
La
dernière
étape
de
cette
évolution
est
l’apparition
de
l’expression
«
fait
religieux
»
dans
le
discours
politique
et
médiatique,

il
sert
à
évoquer
de
façon
euphémique
des
problèmes
liés
à
l’expression
de
convictions
et
de
pratiques
religieuses
dans
les
entreprises,
les
services
publics,
voire
l’espace
public
en
général,
comme
le
port
du
voile
par
exemple.
Elle
prend
alors
des
connotations
conflictuelles
pour
décrire
le
«
choc
»
créé
dans
les
organisations
ou
les
institutions,
déconcertées
par
cette
affirmation
religieuse
dont
la
frontière
avec
des
revendications
s’avère
particulièrement
difficile
à
cerner.

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