52000ème article sur le blog / Rapport de la CPU : des propositions concrètes pour revaloriser les "disciplines rares"

13 avril 2015

52000ème article sur le blog / Rapport de la CPU : des propositions concrètes pour revaloriser les "disciplines rares"

Ce 24 mars, trois présidents d'université, Fabienne Blaise (Lille III), Pierre Mutzenhardt (Lorraine) et Gilles Roussel (Marne-la-Vallée), remettaient à la ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche un rapport sur les "disciplines rares". Détails des réflexions et propositions contenues dans ce document avec le président de l'Université de Lorraine.
Eureka Lorraine : Que sont les "disciplines rares" et quel bilan avez-vous pu dresser à leur sujet ?
Pierre Mutzenhardt : Ce terme recouvre des réalités variées. Certaines filières sont menacées de disparition parce qu'elles n'attirent plus assez d'étudiants. Par exemple, en lettres classiques, nous avons en Lorraine davantage d'enseignants-chercheurs que d'étudiants… Dans un contexte de réduction des moyens, ces disciplines doivent néanmoins continuer d'exister, soit sur un site, soit au niveau national, soit au niveau européen, en favorisant la mutualisation entre pays. En effet, elles développent des savoirs dont la disparition serait regrettable sur les plans scientifique, social, économique et culturel. Il existe aussi des disciplines dites "orchidées" (grec moderne, égyptologie, cristallographie, etc.) : elles regroupent peu de spécialistes et n'ont pas vocation à se développer davantage mais il faut y maintenir un vivier de compétences suffisant pour satisfaire les besoins de l'industrie et de la recherche. Enfin, les disciplines rares dites "émergentes" (web-journalisme, nouvelles spécialités de biologie, etc.) doivent être accompagnées dans la définition de leur statut.
"Développer davantage les collaborations inter-établissements"
Suite à cet état des lieux, quelles sont vos autres préconisations ? Nous recommandons la création d'un observatoire des disciplines qui travaillerait en coordination avec ses homologues européens. L'Observatoire des Sciences et des Techniques (OST), rattaché à l'HCERES (Haut conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur), possède déjà une partie des données pour remplir ce rôle. Il pourrait ainsi alerter les pouvoirs publics quand une discipline est "en tension" ou quand une nouvelle discipline doit être reconnue et participer à l'élaboration des politiques publiques sur ces questions. Il conviendrait aussi de développer davantage les collaborations inter-établissements, à l'exemple de ce qui se fait dans le Grand Est pour la chimie théorique : les universités de Lorraine, de Strasbourg et de Reims ont choisi de travailler ensemble pour répondre aux besoins de l'industrie des matériaux ou pharmaceutique. Enfin, l'enseignement à distance permettrait de mutualiser plus d'enseignements, comme cela se fait déjà pour l'hébreu ou les langues slaves. On peut par exemple combiner des MOOC, des cours en présentiel et des stages en entreprise.
Selon vous, comment rendre plus attractives les filières qui ne recrutent plus assez d'étudiants ?
Il faut promouvoir ces disciplines rares auprès des lycéens et surtout les métiers vers lesquels elles peuvent mener, car certains restent méconnus ou souffrent d'une image dévalorisée. En Lorraine, par exemple, la métallurgie est un secteur stratégique et très porteur ! Télécharger le rapport sur les disciplines rares sur le site de la Conférence des présidents d’université. Voir l'article...