Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Formation Continue du Supérieur
16 janvier 2015

2015-189 - Les marchés du travail européen et américain dans la crise

Abonnez-vous aux avis de parution de la DaresPrincipaux enseignements du colloque international organisé par la Dares et le Cepremap les 6 et 7 novembre 2014, n° 189 de janvier 2015, par Karine BRIARD
La crise qui a éclaté en 2007 a durement éprouvé les marchés du travail européen et américain. Outre son origine, financière, cette crise est singulière par son étendue, touchant tous les secteurs économiques, y compris les services publics, et par son ampleur, avec une chute brutale et massive des niveaux de production, s’accompagnant dans la plupart des pays – contrairement aux crises antérieures – d’une baisse de la productivité du travail.
Cette crise n’est pas pour autant un événement isolé. Elle s’inscrit dans des économies montrant parfois déjà des signes de tensions : aux États-Unis, une baisse tendancielle des taux d’emploi SCHMITT, GORDON ; au Danemark, des problèmes de recrutement s’accompagnant d’une rétention de la main d’œuvre ANDERSEN ; en Espagne, le recours important à des emplois temporaires HOSPIDO. La crise a amplifié les dysfonctionnements préexistants (creusement des inégalités aux États-Unis et en Europe) et, à tout le moins, a révélé les imperfections des politiques menées (hausse brutale du chômage au Danemark et en Espagne, baisse sensible des salaires en Allemagne…).
Si les effets de cette crise sont plus profonds que ceux des crises précédentes, ils présentent cependant des similitudes : les mêmes groupes démographiques sont les plus touchés (jeunes, hommes, peu qualifiés), aux États-Unis HOYNES comme en Europe ERHEL, et des problèmes d’inadéquation entre l’offre et la demande de travail apparaissent aux États-Unis SCHMITT.
Enfin, la crise engendre elle-même des changements structurels qui modifient le fonctionnement des marchés du travail. Ces changements, qui altèrent la pertinence des modèles de prévision GORDON et remettent en question les paradigmes économiques FREEMAN, ERNST, entravent de fait la définition de politiques adéquates.
La crise a eu des effets de nature et d’ampleur différents sur les marchés du travail selon le contexte initial et les institutions. Les institutions expliquent la bonne résistance de certains marchés du travail, mais les mauvaises performances observées pourraient être imputables aux politiques macroéconomiques.
Avant la crise, dans la lignée des recommandations des organisations internationales, les pays ont introduit plus de flexibilité dans le fonctionnement de leur marché du travail, que ce soit dans les dispositifs et/ou les instances de décisions.

  • En Allemagne, la décentralisation des mécanismes de négociation collective au niveau des entreprises, à l’œuvre depuis le milieu des années 1990, a permis un ajustement de l’emploi sur sa marge intensive – salaires et heures travaillées. Les effectifs en emploi sont ainsi restés étonnamment stables durant la crise, en dépit de la forte chute de production SPITZ-OENER.
  • Au Danemark, l’ajustement s’est essentiellement opéré sur la marge extensive : les rétentions de main d’œuvre d’avant-crise se sont traduites par un surajustement à la baisse de l’emploi à l’éclatement de la crise. Le modèle de flexicurité a réagi comme attendu, sans augmentation sensible du chômage de longue durée grâce à l’efficacité des politiques de retour à l’emploi (désormais décentralisées), mais au prix d’une charge importante pour les finances publiques ANDERSEN.
  • En Espagne, les dispositifs de protection de l’emploi ont reporté l’ajustement sur l’emploi temporaire, de façon brutale compte tenu du recours massif à ce type de contrats sur la période avant-crise.
  • Cependant, l’essor étonnant de la productivité du travail espagnole s’expliquerait avant tout par une recomposition sectorielle au profit des industries les plus productives positionnées sur le marché international HOSPIDO.
  • Au Royaume-Uni, l’ajustement s’est réalisé à la fois par une baisse des salaires et le développement de contrats de courte durée (temps partiel, « zéro heure »…) RUBERY, avec en parallèle la multiplication d’emplois à faible productivité ASKENAZY.
Commentaires
Newsletter
49 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 2 783 549
Formation Continue du Supérieur
Archives