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Formation Continue du Supérieur
13 mai 2014

Réforme de la formation professionnelle : entretien avec Jean-Pierre Delfino, Directeur général d’Unifaf

Formation Santé social n°30 - avril 2014. Thème du Dossier : "Travail en réseau, Unifaf donne le rythme".
Loi du 5 Mars sur la formation professionnelle continue : “Les missions des opca s’élargissent au fil des lois et notamment de la dernière.”
Tout a déjà été écrit ou presque sur la loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale : la suppression du 0,9 % au titre du Plan de formation, l’obligation à construire une évolution professionnelle pour chaque collaborateur, la priorité donnée à la qualification à travers le CEP et le CPF… Autant d’innovations à intégrer dans les politiques emploi-formation des entreprises, autant de nouveaux outils à assimiler côté salariés, autant d’interrogations sur le sens et la mise en oeuvre de la réforme portées par le législateur qui désigne l’Opca comme l’interlocuteur privilégié pour accompagner adhérents et salariés des branches. Pourquoi une telle référence ? Quels types de services un Opca comme Unifaf est-il en mesure d’apporter demain ? Jean-Pierre Delfino, son directeur général, revient sur les grandes lignes d’une réforme qui place l’investissement formation au coeur de la performance des entreprises et de la sécurisation des parcours professionnels.
2004, 2009, 2014 :Trois dates clés dans l’évolution récente de la formation professionnelle continue. Pour quelle ligne de sens ?
En tant que directeur d’Opca, je répondrai volontiers à travers le prisme du bénéfice adhérent. en dix ans, les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux ont été confrontés à une évolution normative sans précédent. on peut citer les grandes lois sectorielles – handicap, Protection de l’enfance, HPST, prochainement autonomie – qui impriment une exigence de performance et de qualité toujours plus forte en faveur des personnes accueillies dans les établissements. Dans le même temps, les contraintes socio-économiques obligent les responsables associatifs à envisager de nouvelles formes d’organisation afin de retrouver les marges de manoeuvre indispensables au développement ou tout simplement au maintien de l’activité. cela passe notamment par des regroupements ou des coopérations, en forte augmentation dans le secteur, comme l’a souligné la dernière enquête emploi. À travers ces enquêtes, réalisées en 2007 et 2012, nous avons vu émerger ce qui constitue aujourd’hui le socle de préoccupations prioritaires des dirigeants associatifs. ces questions sectorielles et organisationnelles, nous les avons travaillées et incluses dans notre offre de services. la capacité à répondre aux contraintes évolutives des adhérents est à mon sens l’un des axes forts portés par les récentes réformes de la formation. le temps des opca, simples gestionnaires de fonds, est derrière nous. leurs missions s’élargissent au fil des lois et notamment de la dernière.
Précisément, quelles sont aujourd’hui les missions d’un Opca comme Unifaf ?
Je résumerai le périmètre de notre action à travers 7 axes : l’observation, l’information, l’ingénierie pédagogique, l’ingénierie financière, la performance de gestion, le partenariat et le contrôle. sur l’ensemble de ces axes, des progrès importants ont été réalisés ces dernières années et la dynamique s’accélère. Je prendrai ici deux exemples tirés de notre bilan d’activité 2013. nous avons réalisé l’an passé près de 8 600 entretiens conseil auprès de responsables associatifs ou de chargés de formation. Un chiffre en hausse de 34 % qui reflète en grande partie la volonté de nos adhérents de s’assurer les services d’un expert sur une matière complexe. car au fil des réformes, la complexité en matière de FPC ne s’est pas atténuée mais elle s’est transférée de l’entreprise vers l’opca. notre connaissance approfondie des politiques publiques, notamment en matière d’emploi, notre maîtrise des mécanismes de formation et nos contacts quasi quotidiens avec l’ensemble des opérateurs nationaux et locaux intervenant sur ces champs nous permettent de répondre à des questions de plus en plus pointues en matière de stratégie rh et de développement des compétences. les entreprises ont compris quelle pouvait être notre valeur ajoutée dans leur politique de développement. À nous de les conforter dans le cadre de la réforme actuelle. mon deuxième exemple a trait à la réduction de nos délais de traitement. 300 000 dossiers de formation nous sont adressés chaque année par nos adhérents avec une attente forte en termes de réactivité sur deux critères : l’acceptation de la prise en charge et le remboursement de la formation. en 2013, alors que le nombre de dossiers reçus progressait de 6 % par rapport à l’année précédente, nous avons obtenu sur le premier critère un gain de 5 jours et de 11 jours sur le second. la dématérialisation des échanges avec nos adhérents est la principale raison de ce résultat : 73 % des dossiers formation traités transitaient par nos Webservices fin 2013 et nous visons pour 2014 un quasi 100 %.
Les nouvelles dispositions contenues dans la loi du 5 mars ne vont-elles pas perturber, voire altérer, votre activité ?
La question est dans toutes les têtes des directeurs d’opca. avec la suppression de la cotisation relative au 0,9 % au titre du Plan, la tentation de la baisse des charges ne va-t-elle pas l’emporter dans les entreprises au détriment de l’investissement formation ? Je suis assez confiant car le point fondamental n’est pas ce que supprime la loi mais ce par quoi elle le remplace. et en matière de financement de la FPC, comme sur bien d’autres aspects du texte – renforcement du dialogue social dans l’entreprise, établissement des formations éligibles au CPF, etc. – la loi consolide la place des partenaires sociaux. or dans notre Branche, où de nombreux métiers sont réglementés, où l’actualisation des connaissances et des pratiques est une donnée fondamentale, les partenaires sociaux sont particulièrement attachés à l’élévation des compétences et au développement de la qualification. combien de branches consacrent, comme la nôtre aujourd’hui 1 euro sur 2 à la qualification ? Nous y parvenons au prix d’un engagement collectif important : sur 400 millions d’euros de collecte, 257 proviennent de l’obligation conventionnelle. la négociation qui s’amorce aujourd’hui entre les partenaires sociaux sur la formation professionnelle est donc une donnée clé de la poursuite de notre développement. nous comptons aussi sur une augmentation des versements directs de nos adhérents, hors obligations légale et conventionnelle, en contrepartie de prestations différenciées selon leur typologie. nous sommes notamment en train d’expérimenter une gamme de prestations “grands comptes”.
Avec l’entretien professionnel et le CPF, la loi du 5 mars entérine une logique de personnalisation de l’approche formation. Comment Unifaf peut-il s’emparer du sujet ?
Unifaf est agréé opacif. chaque année, environ 4 000 professionnels bénéficient de ce dispositif mais nous sommes très en deçà des besoins. Pour étayer ce constat, prenons l’exemple d’un infirmier : trois ans de formation, pour un coût de 120 000 euros notre possibilité d’engagements trouve assez vite ses limites puisque nous collectons annuellement 31,7 millions sur le ciF-cDi au regard d’un stock de demandes qui avoisine les 250 millions. Plus généralement, conseiller les salariés sur leurs perspectives professionnelles est une orientation que nous avons prise dès 2009, en dédiant des collaborateurs d’Unifaf à cette activité. et les résultats sont au rendez-vous : en 2013, plus de 4 000 professionnels ont été accompagnés dans l’élaboration de leur projet, alors qu’ils n’étaient que 1 400 l’année d’avant. Dans une branche qui, à l’horizon 2020, doit renouveler 1/7e de ses effectifs (soit 100 000 professionnels), nous considérons que la promotion des différentes voies d’accès à nos métiers est une priorité stratégique, qu’elle s’exerce sous la forme d’une mobilité intra-branche ou dans le cadre d’une politique d’intégration dans le secteur. les 8 000 emplois d’avenir recrutés depuis 2013 dans les établissements adhérents illustrent ce travail de fond.
CEP, CPF… un temps d’appropriation de la réforme s’ouvre aujourd’hui dans les entreprises. Comment Unifaf s’associe-t-il à cette démarche ?
L’information sur la formation professionnelle continue fait partie des missions “historiques” de l’opca avec une mobilisation particulière en cette année de réforme. Parmi les actions programmées et en complément d’une première information en ligne dès la parution de la loi, nous avons ouvert fin avril sur unifaf.fr une foire aux questions. elle reprend, par thématique, les questions les plus fréquemment posées par les adhérents à nos chargés de formation et sur lesquelles une réponse peut être apportée. en effet, il faut bien avoir à l’esprit que tous les décrets et arrêtés liés à la loi ne sont pas encore sortis. Par ailleurs, un certain nombre de dispositions nécessitent un accord de Branche. aux partenaires sociaux d’en fixer l’agenda. nous avons donc imaginé une appropriation de la réforme en séquentiel avec un premier temps d’information dès le mois de juin à l’attention des employeurs et des représentants du personnel sur les principaux enjeux rh contenus dans la loi. le deuxième temps se déroulera à l’automne, lors de la préparation des plans de formation 2015, où nous approfondirons les mécanismes liés à l’assemblage des dispositifs, y compris des plus récents, et à l’optimisation financière. Télécharger Formation Santé social n°30.

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