Par Philippe Froguel. En aéronautique, un décrochage est la perte de portance d'un avion. Lors du vol Rio-Paris, jusqu'à la dernière seconde, les pilotes ont ignoré que leur avion était en train de s'écraser. On peut se demander si nos responsables politiques et administratifs se rendent compte de la tragédie actuelle de la recherche publique française. Leur cécité devant la quasi banqueroute de nos laboratoires, leur insensibilité devant l'effroi et la colère des jeunes chercheurs compétents que l'on renvoie à tour de bras de nos meilleurs laboratoires (et de notre pays) pour des raisons uniquement bureaucratiques, annoncent un déclin français accéléré avec un décrochage de nos performances d'ici à 2020. Les directeurs d'Unités mixtes de recherche, les cellules de base de la recherche de qualité ont le devoir de tirer la sonnette d'alarme car notre dispositif est en train d'imploser à toute vitesse.
D'une part à cause de la loi du 13 Mars 2012 de « résorption de la précarité dans la fonction publique »; d'autre part avec la disparition progressive de l'Agence nationale de la recherche qui finance les projets des meilleurs chercheurs français. La loi Sauvadet, promulguée entre les deux tours de l'élection présidentielle et appliquée sans réflexion par le gouvernement de François Hollande, répondait à une promesse de Nicolas Sarkozy en 2010 de lutter contre l'abus de contrats précaires dans la recherche, c'est à dire la mise bout à bout de contrats à durée déterminée, sans espoir de titularisation. Suite...
20 avril 2014