A l'occasion de l'inauguration de la Fédération de recherche en mathématiques Rhône-Alpes Auvergne, Geneviève Fioraso a salué l'excellence de la recherche française en mathématiques...
L'international
Le deuxième enjeu, c'est l'ouverture à l'international : développer l'attractivité du territoire Rhône-Alpes/Auvergne pour attirer les étudiants et les chercheurs étrangers. Notre pays a toujours progressé de son ouverture à l'international et il faut conforter cette ouverture.
Je voudrais, à ce propos, me féliciter du fait que j'ai obtenu un délai sur la mise en place de nouvelles Zones à Régime Restrictif (Z.R.R.).
Un équilibre devra être trouvé pour concilier la protection des données stratégiques sensibles et la libre circulation des chercheurs et de leurs recherches.
En aucun cas, le caractère universel de la science, son excellence permise par la qualité des partenariats internationaux et le trait d'union que cela représente entre les pays, quelle que soit la conjoncture politique, ne devront être remis en cause par des mesures d'intelligence économique dont nous pouvons comprendre et respecter la logique, pour peu que leurs modalités d'application soient réalistes et pertinentes.
Il faut donc attirer les talents de France et d'ailleurs. Les premières mesures que j'ai prises allaient déjà dans ce sens : abrogation de la circulaire Guéant, article 2 de la loi du 22 juillet 2013.
Elles seront complétées par les nouvelles mesures présentées, lundi dernier lors du Conseil supérieur de l'attractivité.
Campus France va lancer une campagne de communication en Asie, pour attirer les étudiants des pays émergents dans les filières scientifiques françaises (la Corée, l'Inde, le Japon, la Chine...).
Déjà, aujourd'hui, le Maghreb, l'Afrique subsaharienne représente 41 % de nos doctorants. Dès la rentrée 2014, les formalités seront allégées pour les étudiants de Master ayant un profil d'excellence particulier. En 2015, un titre de séjour unique, un "passeport talent", valable 4 ans, sera disponible.
Un guichet unique à destination des étudiants étrangers sera aussi mis en place dans chaque université, avec des permanences de la préfecture : c'est déjà le cas dans 15 des 24 points d'accueil universitaires.
L'installation durable des chercheurs étrangers sera aussi encouragée. Ils participent à la création de la richesse nationale : 9 % des lauréats des concours dans les universités françaises sont de nationalité étrangère et 30% des lauréats des concours de chercheurs du C.N.R.S. sur les 5 dernières années.
Cet afflux d'étudiants et de chercheurs étrangers nous permettra de palier dans un premier temps le manque d'étudiants et, singulièrement d'étudiantes dans les filières scientifiques et les écoles d'ingénieurs, en physique, en mathématiques, en électronique...
La refondation de l'école à moyen et long terme devrait augmenter les flux d'étudiants grâce à l'innovation pédagogique que j'ai déjà évoquée.
Une autre ouverture indispensable, elle aussi, je veux parler du décloisonnement entre les disciplines et à l'intérieur même d ‘une discipline.
La mise en réseau des laboratoires, des universités, des écoles, en facilitant les échanges et l ‘interdisciplinarité.
Bien souvent, c'est la rencontre de différentes disciplines ou de plusieurs volets d'une même discipline qui est à l'origine de découvertes majeures, et plus tard, d'innovations de rupture.
Ce décloisonnement a été facilité à Lyon grâce à la fluidité des échanges entre les mathématiques fondamentales et les mathématiques appliquées. Les scientifiques eux-même, dans leur travail de recherche, ont contribué à ce décloisonnement et je veux saluer Jacques-Louis Lions qui a donné ses lettres de noblesse aux mathématiques appliquées, quelques années après Jean Kuntzmann.
Je profite donc de cette inauguration pour saluer l'excellence de la recherche française en mathématiques.
La France occupe la seconde place juste derrière les Etats-Unis : 12 médailles Fields contre 13 pour les Etats-Unis, en valeur relative, cela signifie que la France est au premier rang, 3 français sont lauréats du Prix Abel pour 4 aux Etats-Unis.
Cette excellence repose en premier lieu sur le talent des chercheurs français, sur les laboratoires qui les accueillent, mais aussi sur une organisation propre à la France, le C.N.R.S., dont le rôle fédérateur a été la clé de voûte de l'émergence d'une école française de renom en mathématiques.
Ce pilotage national, construit par les chercheurs eux-mêmes, doit être maintenu et encouragé.
Conforter cette excellence, ce n'est pas renoncer à donner une formation d'excellence au plus grand nombre.
C'est un enjeu, j'allais dire une nécessité, en tout cas une volonté politique du gouvernement auquel j'appartiens : une volonté à la fois démocratique et économique.
Accroître la visibilité et l'accès aux mathématiques, c'est penser d'abord formation des élèves, ceux qui seront les mathématiciens et, plus généralement, les scientifiques ou tout simplement dans la vie active de demain. Car les maths, on l'a dit, concernent des domaines de la vie professionnelle et quotidienne. Voir l'article...