http://www.cariforef-pdl.org/admin/telechargement_CARIFOREF/ficTelecharge_1/images_carif/bandeau_plateforme.jpg« Évaluation des trajectoires de jeunes et de l’accompagnement vers la professionnalisation et l’emploi » (Étape), tel est l’intitulé de la recherche-action financée par le Conseil régional, portée par la Maison des sciences de l’homme Ange-Guépin (MSH), en partenariat principal avec l’école de la deuxième chance de l’estuaire de la Loire. Lors de la journée organisée par la MSH sur le sujet, c’est l’impact du passage en formation au-delà de celui de l’insertion professionnelle qui a été questionné.
De la prescription à la sélection…
Côté professionnels, comment gérer les demandes, les contraintes de places disponibles et de calendrier qui pèsent sur les dispositifs ? Avant l’entrée en formation d’un jeune, il y a la phase de prescription effectuée par les missions locales. Conseillère à la mission locale Nantes Métropole, Davorka Le Corvic évoque les étapes que doit franchir le jeune pour entrer en formation et en pointe les contraintes. Déjà, le délai de carence de six mois après la sortie du système scolaire pour pouvoir entrer en formation en est une. Alors, cette période est mise à profit pour évaluer la capacité de mobilisation du jeune et pour le « raccrocher, avant qu’il ne se tourne vers des réseaux parallèles ».
Les prérequis demandés par les organismes de formation sont bien souvent trop exigeants pour des jeunes aux problématiques personnelles compliquées, qu’elles soient familiales, économiques ou de santé mentale. Ils doivent souvent acquérir les compétences clés non intégrées pendant leur parcours scolaire, formation non rémunérée, déplore Davorka Le Corvic, même si une prise en charge peu élevée peut être activée dans le cadre du Civis.
… de la sélection à l’entrée en formation
Une formation professionnelle non sélective qui introduirait de l’égalité à l’accès à la formation et à l’emploi ? Cédric Frétigné, Professeur à l’université Paris-est Créteil, n’y croit pas. La question du placement, c’est-à-dire du taux d’accès à l’emploi ou du taux d’entrée en formation qualifiante reste entière et induit des pratiques de sélection des candidats. Cédric Frétigné observe plusieurs types de réponse.
Il peut y avoir la logique de remplissage, du tout venant, qui écarte toute sélection, qui peut se retrouver chez des organismes de formation qui n’apprécient pas le code des marchés publics. A l’opposé, se déclinent des logiques de sélection, très assumées, sur critère de diplôme ou de stage antérieur, des ressources qui facilitent l’accès à l’emploi. Il y a aussi des critères de projet, d’adéquation entre l’offre de formation et le projet professionnel, mais « Faire état d’un projet professionnel est corollé à la formation initiale, il faut savoir développer une pensée, avec un début et une fin ».
Le nombre de places disponibles est également compliqué à gérer, d’autant plus que le système de sélection des organismes de formation n’est pas toujours compris par les prescripteurs. « Que peut-on faire avec ces jeunes qui n’ont pas de place ou qui doivent attendre plusieurs mois entre préqualification et qualification ? Sans parler des contraintes de calendrier de la programmation. »
Pas question pour autant de baisser les bras ! Pour Davorka Le Corvic, « Il faut défendre les intérêts de ce public fragilisé et stigmatisé par la société, s’arranger pour articuler les parcours de formation et faire en sorte que le parcours de formation et la qualification puissent devenir un tremplin efficace qui propulse ces jeunes vers leur autonomie, but ultime de notre accompagnement. »
Une sélection plus faible s’observe quand il y a collaboration avec les entreprises, avec un travail sur les fiches de poste et mise en place d’une relation de confiance, également quand une négociation s’établit entre prescripteurs et organismes de formation.
« Il y a un écart entre le nombre de places et le nombre de candidats, cela entraîne une logique de sélection, affirme Cédrix Frétigné. Formation et insertion sont liées, qui induisent un jeu d’acteurs. Il est de plus en plus demandé aux formateurs d’intégrer dans leur réflexion l’employabilité des jeunes qu’ils seraient amenés à former ».