
Rentabiliser et mettre au pas
Dans la formation professionnelle, une technique s’apprend sur le tas, par démonstration et imitation. Suivant les sociétés et les époques, cette transmission de ces savoirs s’est retrouvée cantonnée à des groupes, des établissements commerciaux ou artisanaux, des personnes, prenant parfois la forme de rituels initiatiques corporatistes. Au début du XXe siècle, les apprentis papetiers auvergnats dorment enfermés dans leurs lits-clos, pour qu’ils n’aillent pas divulguer les secrets de fabrication aux concurrents.
Mais cette formation doit rester peu onéreuse et élitiste, suscitant une hiérarchie des statuts qui vaut aussi bien dans les grands chantiers du Moyen-Âge que dans les fabriques et usines des siècles suivants. Les premières lois sur les apprentis montrent les différences dans les conditions de travail et les salaires, entre enfants du même âge, selon qu’ils sont employés ou « en formation ». Tous, pourtant, travaillent, prennent part au fonctionnement du système, « payant » ainsi leur formation.
Jusqu’au XXe siècle, la formation professionnelle est donc associée à l’entreprise, à un système de production.
L’autre fonction sociale de la formation professionnelle émerge progressivement, avec l’emploi les prisonniers, puis des enfants du « peuple »: les « filles perdues » employées à la broderie pour l’église, les garçons à l’imprimerie ou à la menuiserie. Charité ou régulation policière, il s’agit là des premières écoles professionnelles non directement liées au patronat. À partir de la fin du XIXe siècle, elles serviront de base et de modèle aux écoles d’usines et de mines, puis aux écoles professionnelles institutionnelles. Suite de l'article...
