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Formation Continue du Supérieur
19 février 2013

Le chômage, la mort....

http://www.portail-formation-ouest.fr/logo.pngIl y a des jours qui restent gravés dans les mémoires. Le 14 février à Nantes, Djamal CHAAB s’est immolé par le feu devant l’agence Pôle emploi qui gérait son dossier. C’était aussi le jour ou nous devions recevoir Jean Paul DELEVOYE, Président du Comité Economique Social et Environnemental.
La colère est parfois nécessaire non pas dans le but de détruire mais pour marquer une limite, pour affirmer une vérité pour le bien de tous, et pour son bien propre. Henri GROUES dit l’abbé Pierre.

Le mot travail vient du latin « trepalium », instrument de torture. Ainsi, le travail serait une torture. Aujourd’hui, le paradoxe est là: ceux qui ont un travail ont, parfois, du mal à le vivre et ceux qui n’en ont  pas sont tout aussi torturés, torturés au quotidien par l’angoisse du lendemain et par la conscience d’une lente et humiliante descente aux enfers. Notre société vit de façon accélérée des changements entamés dans les années 70.  Alors qu’il y a quarante ans être chômeur sortait de l’ordinaire, aujourd’hui c’est devenu tout à fait commun. La France se trouve confrontée à une crise sans précédent. Des pans entiers de notre économie s’écroulent. En vérité, notre pays compte plus de cinq millions de chômeurs et 9 millions de pauvres. La précarité et la pauvreté s’installent avec son lot d’actes désespérés et de douleurs bien souvent silencieuses.
« Jean Yves, j’ai peur » me dit une collègue quadragénaire bardée de diplômes. « Peur de quoi? »m’inquiétais-je « je n’ai plus de boulot, rien, même pas de quoi me payer ce mois ci. Je n’ai plus d’avenir, j’en ai marre ». La tragédie de ce monde, c’est qu’il n’y a pas d’espoir. Tout semble s’arrêter, se figer et même ceux qui sont les mieux armés de part leur formation ou leur milieu social semblent flancher. La trouille, la peur au ventre caractérise cette drôle de période.
Le 14 janvier 2013, j’ai appris le suicide de Djamal CHAAB, en fin de soirée sur l’une de ces chaînes télévisées ou l’information se consomme en continue.  J’ai pleuré. Cet homme a vécu durant plusieurs jours un véritable calvaire. Avant de se suicider, il avait hurlé sa détresse et mis publiquement en cause Pôle emploi. Certes, l’opérateur public, prévenu de ses intentions, a pris toutes les précautions pour empêcher le passage à l’acte. Cette dimension a d’ailleurs été soulignée par le Ministre du travail,Monsieur SAPIN, venu réconforter les équipes de Pôle emploi, fortement choquées. Des policiers et des pompiers sont passés à son domicile. Trois vigiles avaient été postés devant l’agence et étaient présents au moment du drame. Mais, la mort était au bout de ce que les politiciens appellent la « détresse sociale »,  révolution.  Quelques jours après, j’ai vu et entendu le témoignage de la compagne de Djamal CHAAB à la télévision locale. Cette femme, très digne dans une incommensurable  douleur, mettait en avant le manque d’humanité des dispositifs de gestion du chômage, cette froideur administrative qui est d’autant plus durement ressentie  par les chômeurs en fin de droits qu’ils ont le sentiment d’être abandonnés, désespérément seuls. La mort de Djamal CHAAB, c’est probablement le début d’une prise de conscience: les choses doivent bouger, nous ne pouvons pas rester dans cette situation… Le samedi suivant, à Saint Ouen, un autre homme, chômeur,  tentait de se suicider par le feu. « Il était un peu désespéré, déstabilisé par la solitude » témoignait un voisin.
Une association de « chômeurs et précaires » a, dans la foulée, souligné que le chômage donnait lieu plus souvent qu’on ne l’imaginait à des actes désespérés. Ces propos ont été confirmés dans le journal le Monde par le psychiatre et professeur de médecine Michel DEBOUT. « En 2012 ce médecin qui alerte depuis plusieurs années les pouvoirs publics sur la détresse psychologique des chômeurs a calculé que le marasme économique avait généré 750 suicides et 10780 supplémentaires entre 2008 et 2011.»
Le 14 février 2013, ce devait être un grand moment à la fois pour moi mais aussi pour les membres de l’association de chômeurs pour laquelle je travaille à mi-temps (l’autre mi-temps, je suis chômeur ou « je fais le journaliste »). En effet, quelques jours plutôt, le responsable du cabinet de Jean Paul DELEVOYE,Président du Comité Economique Social et Environnemental avait exprimé le souhait de rencontrer les membres de l’association lors d’un passage à Nantes. Surpris, je pris le soin de lui dire « prévenez tout de même M. DELEVOYE, que nous sommes des chômeurs » (nous ne sommes pas dangereux mais quand même…). Même  averti, le rendez-vous fut pris. Hélas, Le Président DELEVOYE a annulé la rencontre devant retourner d’urgence à Paris. Ce n’est que partie remise: il reviendra à Nantes. C’est vrai nous avons été déçus car nous comptions lui dire combien nous avions le sentiment d’être seuls, abandonnés par l’Etat et les politiques. Nous voulions lui dire le manque d’humanité et l’inadéquation des dispositifs de gestion du chômage et notamment de Pôle emploi. Nous voulions lui dire que les pouvoirs Publics, Etat et collectivité territoriales, devaient nous aider dans  nos combats. Nous voulions lui dire toutes ces choses que nous vivons au quotidien et qui nous placent de plus en plus en marge de la société. Nous voulions lui dire…
Le 14 février, c’est aussi le jour ou notre conseillère générale m’a téléphoné pour me dire que nous n’aurions pas notre subvention, enfin peut-être un petit quelques chose, parce que nos actions n’entrent pas dans les missions du Conseil général de la Loire Atlantique. Le service économique n’est pas intéressé. C’est vrai, nous avons reçu 1500 chômeurs et nous faisons preuve d’humanité…En perspective de développement économique, il y a mieux, beaucoup mieux. Mais nous ne sommes pas certains que le système tiendra longtemps sans nous. Nous ne sommes pas intéressants, ce n’est pas grave, on va continuer à se battre. Le 14 février?  Non? Ca c’était le 15. A chaque jour suffit sa peine.
http://www.portail-formation-ouest.fr/logo.png Tá lá atá fós eitseáilte i ár gcuimhní cinn. 14 Feabhra i Nantes, a leagtar Djamal CHAAB féin ar an tine os comhair ghníomhaireacht emploi cuaille a bhí ar siúl a thaifead. Bhí sé chomh maith ar an lá a bhí againn a fháil DELEVOYE John Paul, Uachtarán Choiste Eacnamaíoch, Sóisialta agus Comhshaoil. Níos mó...
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