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Formation Continue du Supérieur
24 septembre 2012

Pour une politique de certification professionnelle des actifs

Par Paul Santelmann, Responsable de la Prospective à l’AFPA. Le poids des diplômes acquis en formation initiale s’avère désormais comme un véritable mécanisme d’éviction des non diplômés et d’occultation des acquis de l’expérience. Indolore en période de plein emploi cette suprématie des diplômes de formation initiale a pénalisé des millions d’adultes confrontés aux mutations économiques et au chômage. La VAE n’a toujours pas enrayé cette situation car elle n’a pas modifié la conception des diplômes professionnels qui traduisent toujours la supériorité de la compréhension théorique sur la réalisation pratique.

L’Etat n’était pourtant pas démuni dans les années 80 pour mettre en place un système de reconnaissance des acquis d’expérience des millions de salariés qui, n’ayant guère bénéficié d’une longue scolarité, allaient être confrontés simultanément à la crise de l'emploi et aux modernisations du système de production. L’AFPA a, en effet, occupé une place majeure dans l’effort de qualification des adultes dans l’après-guerre au moyen d’un système d’attestation des savoirs acquis dans ses formations professionnelles. Les certificats de formation professionnelle de l’AFPA valaient bien, dans de nombreux métiers, les certificats d’aptitude professionnelle (CAP) de l’Education nationale. L’enseignement professionnel ne prétendait d’ailleurs pas certifier une qualification mais garantissait l’acquisition de savoirs généraux et techniques favorisant l’accès à un métier donné. La formation professionnelle accélérée (FPA) destinée à des jeunes adultes garantissait une opérationnalité dans l’exercice d’un métier au sortir d’une formation centrée sur cette dimension.
Cette expérience de l’AFPA sous tutelle du Ministère du Travail, ouvrait un espace non négligeable pour une politique de reconversion et de montée en qualification des chômeurs et des salariés de premier niveau de qualification. Encore fallait-il combiner reconnaissance des acquis, évaluation de transferts possibles de compétences, reconversions partielles ou totales et formations qualifiantes en alternance. Cet enjeu supposait une refonte et un élargissement du système de certification porté par le Ministère du Travail et ses commissions professionnelles consultatives (CPC). Ces dernières avaient accompagné les travaux de l’AFPA en matière de conception des référentiels de métiers et de formation. La séparation entre politique d’emploi et politique de formation empêcha l’émergence d’une telle hypothèse. Le système de certification porté par le Ministère du Travail n’occupera qu’une place mineure dans la politique de l’emploi et sera noyé au milieu des milliers de titres homologués (qui deviendront les titres du RNCP) et les centaines de certifications de branches (CQP). Cette fragmentation des certifications, faute d’être lisible par les entreprises et les personnes,  accentuera la prédominance des diplômes de formation initiale.
Trente après la question reste posée. Le niveau de la population adulte s’est modifié en termes d’acquis scolaires et d’expérience mais on peut estimer à 7 ou 8 millions les actifs peu diplômés, faiblement qualifiés et dont l’expérience de travail est peu reconnue. L’effort de formation à développer vers cette population est indissociable d’une politique de certification originale (VAE) et complémentaire du système de validation de l’Education Nationale. Ce système de certification doit être fondé sur une approche pragmatique des compétences techniques et transverses mobilisées dans le travail (d’où un usage plus prononcé de l’alternance) et viser prioritairement l’intégration professionnelle des jeunes et les transitions professionnelles des actifs expérimentés. Il pourrait s’inscrire méthodologiquement dans le cadre européen des certifications (CEC) qui a le mérite de promouvoir une approche des compétences et des savoirs adaptée à la formation continue.
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