Sur le blog de Michel Abhervé pour Alternatives économiques. Avant que ne paraissent les chiffres de l’inscription à Pôle emploi fin juin, dont il serait fort étonnant qu’ils ne traduisent pas une nouvelle dégradation de la situation de l’emploi, le Ministre du Travail, de l’Emploi, du Dialogue social et de la Formation Professionelle,
Michel Sapin, a commencé à préciser ses intentions le 18 juillet lors d’une
audition devant la Commission des Affaires sociales du Sénat.
Cette audition se situait dans les suites de la conférence sociale et est introduite par un court état des lieux, résumant le point de vue du Ministre sur la situation et sa conscience de sa gravité.
”Il y a urgence sur le front de l’emploi, ce qui nécessite de mener une action avec des moyens renforcés. Le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter et les derniers chiffres montrent que les moins de vingt-cinq ans et les plus de cinquante-cinq ans sont cruellement frappés, de même que les chômeurs de longue durée, dont le nombre n’a jamais été aussi élevé.
Il y a urgence, aussi, pour Pôle emploi, qui est mis à rude épreuve. Le nombre des agents au contact avec les chômeurs doit être renforcé: nous y parviendrons par le redéploiement de deux mille postes et l’embauche de deux mille agents supplémentaires en CDI.
Urgence, enfin, pour les emplois aidés, sachant que sur les 340 000 qui avaient été programmés pour 2012, 250 000 ont déjà été utilisés au cours des quatre premiers mois de l’année, juste avant les échéances électorales… Les présidents de conseils généraux s’alarment, craignant un fort report sur les dépenses de RSA… Le Premier ministre a donc autorisé la création de 80 000 emplois aidés supplémentaires, dont la durée moyenne devrait être de neuf mois, sachant qu’elle est aujourd’hui inférieure à six mois, soit un laps de temps beaucoup trop court pour assurer la réinsertion de publics que, comme élus locaux, vous connaissez bien.”
Dans cette courte déclaration est contenu l’essentiel, l’affirmation que les moyens de la politique de l’emploi doivent être renforcés, et pas seulement des 2000 CDI nouveaux de Pôle emploi. Espérons que nous aurons la transcription de cette déclaration ministérielle dans le projet de budget 2013 qu’il présentera devant le Parlement.
Notons la réponse à la question de Claude Jeannerot, Sénateur PS du Doubs cette affirmation forte concernant l’AFPA “L’Afpa, ce bel outil de formation professionnelle est, je regrette d’être brutal, au bord du dépôt de bilan. Nous avons pris des mesures de gouvernance, comme on dit pudiquement, en changeant le président et le directeur général; il faut repenser sa stratégie et travailler avec les régions pour sauver l’Afpa et la faire évoluer. Nous avons également pris des mesures d’urgence pour sa trésorerie. Nous reparlerons de l’Afpa lors de l’examen du futur projet de loi de décentralisation.“
Remarquons que le Ministre revendique sans ambages la responsabilité du changement de Présidence et de Direction, confirmant, s’il en était besoin, la fiction de la gestion associative de l’AFPA
Et actons que le droite est égale à elle-même demandant par la bouche de Catherine Procaccia, Sénatrice UMP du Val de Marne “M. Jeannerot a évoqué le manque de formation pour les chômeurs. On évoque plus rarement l’efficacité des formations elles-mêmes: or, il existe en France quantité d’organismes qui dispensent des formations parfaitement inutiles. Réorienter ne sert à rien si l’on ne fait pas le ménage dans le secteur de la formation! “. On dirait qu’elle a déjà oublié que ses amis viennent d’être dix ans aux responsabilités et qu’ils sont donc en premier lieu les responsables de la situation qu’elle dénonce (et qui d’ailleurs est loin d’être aussi simpliste)
Enfin, notons une intervention tout à fait pertinente de René-Paul Savary, Sénateur UMP de la Marne “Dans le domaine de l’emploi public, j’attire votre attention sur la situation financière très dégradée de certains départements, qui sont littéralement exsangues. Il leur sera donc difficile de mettre en oeuvre de nouveaux contrats aidés. De plus, nous avons souvent, dans nos collectivités, cherché à réduire les effectifs et nous aurons donc du mal à encadrer ces personnes en contrats aidés.”
Cette question du lien entre la réduction des effectifs du service public et la capacité d’encadrement des personnes en contrats aidés est tout à fait réelle. Nul doute que le bilan de l’expérimentation des contrats aidés de 7 heures pour les bénéficiaires du RSA dans quinze départements nous donnera des indications sur cette capacité d’encadrement, point sur lequel nous avions attiré l’attention lors de la mise en place de cette innovation (voir
Signature des deux premiers contrat de travail de 7 heures par semaine pour les bénéficiaires du RSA et
La généralisation de 7 heures de travail pour les bénéficiaires du RSA est-elle possible?). Comme le Conseil Général de la Marne que préside le même René-Paul Savary, est un des départements qui se sont portés volontaires pour cette expérimentation, nul doute qu’il aura des enseignements à nous apporter.
On the blog of Michael Abhervé for Economic Alternatives. Appear before the figures of registration at employment center in late June, he would be very surprising that they do not reflect a further deterioration in the employment situation, the Minister of Labour, Employment, Dialogue Social and Professional Training, Michel Sapin, began to clarify its intentions on July 18 during a hearing before the Commission for Social Affairs of the Senate.
This hearing was in the aftermath of the social conference and is introduced by a short inventory, summarizing the views of the Minister on the situation and his awareness of its severity. More...