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Formation Continue du Supérieur
29 juillet 2012

La flexisécurité, question de vie ou de mort pour la société française

FocusRHPar Alexandre Pham, président de Lynx RH. « La flexisécurité, une question de vie ou de mort pour la société française »: tels étaient les mots employés par François Fillon, alors conseiller politique de Nicolas Sarkozy durant sa campagne présidentielle de 2007.
Cette politique, consistant à allier flexibilité des contrats pour les entreprises et sécurité des revenus pour les salariés, était aussi promue par Ségolène Royal. Mise en place avec succès par les social-démocraties européennes aux Pays-Bas, dans les pays scandinaves ou en Allemagne sous le mandat du chancelier Schröder, la flexisécurité serait-elle la grande oubliée du gouvernement français actuel ? La taxation accrue des emplois dits précaires fait en effet partie des engagements de campagne de François Hollande...
Et pourtant, souplesse et flexibilité s’imposent aujourd’hui sur le marché de l’emploi en France. Elles sont même la condition d’un retour vers le plein emploi, l’alternative nécessaire au contrat à durée indéterminée (CDI) pour embaucher des seniors et des jeunes.
L’idée de taxer le recours à l’intérim et au contrat à durée déterminée (CDD) repose sur deux postulats: premièrement, le seul modèle de relation contractuelle souhaitable entre un individu et une entreprise serait le sacro-saint CDI. Ensuite, les contrats courts seraient des substituts à des emplois en CDI. Ces deux hypothèses paraissent pourtant peu en phase avec la réalité des salariés et des entreprises aujourd’hui.
Liberté et flexibilité

Côté entreprises, le recours à ces contrats, plus chers d’au moins 10% à des CDI, répond à un impératif opérationnel croissant. Dans le contexte actuel, les entreprises manquent de visibilité et leur niveau d’activité au-delà de quelques mois est difficilement prévisible. Le travail temporaire, même pour des profils pointus, est alors une solution. Accroître de façon pérenne leurs effectifs sans perspective, c’est risquer de compromettre leur avenir. Moins d’intérim et de CDD, c’est peut-être quelques CDI en plus, mais c’est surtout moins d’emplois.
Le point de vue des salariés sur les contrats courts a également évolué. Ainsi, les parcours professionnels et les formes d’emploi s’éloignent de plus en plus de l’emploi en CDI, la norme de référence jusqu’à présent. L’intérim n’est plus uniquement, comme il le fut, un tremplin vers un emploi durable. L’intérim apporte aussi la promesse d’une liberté et d’une flexibilité auxquelles nombre d’actifs aspirent en réalité. Y compris les cadres. Aujourd’hui, je constate qu’environ 30% des candidats de mon vivier refusent les CDI qu’on leur propose pour rester en intérim. La principale raison est d’ordre financier bien sûr. Mais il semble aussi que le schéma classique soit dépassé. Nombreux sont désormais les jeunes qui clament leur volonté de multiplier les expériences, les rencontres, et rejettent la perspective d’un chemin professionnel tracé et sans surprise dans une structure strictement hiérarchisée au sein de laquelle ils « feraient carrière ».
D’ailleurs, plutôt que d’emploi « précaire », ne devrait-on pas parler de "contrat court" ? Si l’on s’en réfère à la définition de la précarité, la terminologie « d’emploi précaire » est impropre ! Ainsi, la précarité serait « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux ». Or, l’emploi qualifié injustement de « précaire » permet justement de casser la spirale de la précarité!
Expérience et compétences

Je voudrais enfin souligner quelques données mises en avant par les personnes directement concernées – les intérimaires – dans le cadre d’une étude récente de l’Observatoire des métiers et de l’emploi. 91% de ces personnes déclarent avoir une bonne opinion de l’intérim. Selon 46% d’entre elles, une logique de formation aurait prévalu à leur choix: acquisition d’une expérience professionnelle et de nouvelles compétences, multiplication des expériences avant de se « fixer », obtention d’un diplôme ou d’une qualification utile à leur carrière professionnelle… Pour près de 20% d’entre elles, c’est la logique individuelle avec une forte composante « liberté » qui l’emporte: liberté de travailler pour une période déterminée, liberté de s’offrir un équilibre de vie. L’intérim s’affirme donc dans ces cas comme une solution choisie comme mode de vie, comme construction d’un parcours professionnel, comme reprise d’une activité suite à une période d’inactivité, comme revenu d’appoint. Dans cette logique, 68% des intérimaires en moyenne déclarent envisager de continuer à travailler en intérim.
Alors non, définitivement, l’intérim ne favorise pas le développement de la précarité! Au contraire, il a de sérieux atouts à faire valoir.
Le nouveau gouvernement préconise de sanctionner les entreprises qui abuseraient des contrats à durée déterminée ou en intérim, par une augmentation de leurs cotisations chômage… Et s’il passait à côté d’une tendance économique et sociétale de fond? Ne devrait-il pas plutôt remettre au cœur du débat cette flexisécurité, « question de vie ou de mort » pour la société française?
FocusRH By Alexander Pham, president of Lynx HR. "Flexicurity as a matter of life or death for the French company": these were the words used by François Fillon, political adviser of Nicolas Sarkozy during his 2007 presidential campaign.
This policy, consisting in combining flexibility of contracts for business and income security for employees, was also promoted by Ségolène Royal. Successful implementation by the European social democracies in the Netherlands, the Scandinavian countries or in Germany under the mandate of Chancellor Schröder, flexicurity would it be the forgotten French government today? The increased taxation of so-called precarious jobs is indeed one of the campaign pledges of Francois Hollande. More...
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