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Formation Continue du Supérieur
11 mai 2012

François Hollande face à l’enseignement supérieur

http://orientation.blog.lemonde.fr/files/2011/08/Edhec-Olivier-Rollot-208x300.jpgPar Olivier Rollot. François Hollande face à l’enseignement supérieur: ce que demandaient universités et grandes écoles avant les élections.
Avant les élections présidentielles les institutions représentatives de l’enseignement supérieur français comme certains de ses acteurs emblématiques ont présenté leurs propositions pour l’avenir de l’enseignement supérieur. Voici un résumé de ce que demandaient la Conférence des présidents d’université (CPU), la Conférence des Grandes écoles (CGE), et la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi) mais aussi les propositions de Grenoble École de Management au travers de son livre blanc intitulé « Former les dirigeants de 2030 ».
Le « modèle » français

C’était la première proposition de la CPU et ce n’était pas par hasard si la Conférence demandait que soit reconnuun « modèle français d’organisation »dans lequel « l’enseignement supérieur et la recherche sont un bien public et doivent être financés majoritairement et de façon pérenne par l’État ». On voit bien là combien certaines composantes universitaires - essentiellement en lettres et sciences humaines -, à la fois essentielles à l’université et peu à même d’obtenir des financements privés, ont craint ces dernières années un désengagement de l’État dans le cadre de la LRU.
De la même façon, la Cdefi estimait que « le modèle "à la française" avec une habilitation par la Commission des Titres d'Ingénieurs (CTI) - malgré toutes les idées reçues dont on l'affuble - était un succès » et d’insister: « Tous les ans, des pays étrangers émergents nous demandent d'implanter nos formations sur leur sol ou de les accompagner dans la création de leurs propres formations d'ingénieurs ». Mais elle se distinguait totalement de la CPU en prônant l’émergence de 3 à 5 grands établissements technologiques en France sur le modèle d’établissements analogues existant chez nos principaux partenaires étrangers (TU en Allemagne, Universités TECH aux États-Unis…).
Le financement de l’enseignement supérieur

« Le niveau de financement actuel des universités, malgré l’effort réel de ces dernières années, demeure insuffisant au regard des comparaisons avec les pays de l’OCDE. » On ne saurait être plus clair selon une CPU qui demandait que l’effort soit maintenu pour le supérieur et insiste pour que « l’équité sociale de la dépense publique d’enseignement supérieur soit un objectif majeur du financement de l’enseignement supérieur ». Traduisez : donner autant de moyens à tous les étudiants et combler le retard des universités sur les grandes écoles et les prépas en ma matière.
De son côté, la CGE demandait que les dépenses de l’enseignement supérieur et la recherche augmentent d’un point de PIB. Soit 20 milliards d’euros à « répartir entre familles, entreprises et État ». La CGE insistait également pour que l’État reconnaisse « la mission de service public de l’enseignement supérieur associatif et consulaire » et « participe à son financement » arguant que ce système forme 120 000 étudiants et fait économiser chaque année 1 milliard d’euros à l’État. Alors que selon elle 5 milliards d’euros ont été donnés à l’enseignement supérieur public, elle demandait que les 6% d’étudiants formés par ces établissements reçoivent 6% de ces 5 milliards soit 300 millions d’euros.
Enfin, la Cdefi demandait le doublement de « la dépense annuelle moyenne de formation par étudiant pour ramener la situation française à la moyenne de nos principaux partenaires étrangers ». Elle suggérait également que 20% du Crédit d’impôt-recherche (CIR) rendu aux entreprises soit consacré au financement des établissements d’enseignement supérieur et de recherche. 20% que les entreprises seraient libres de « reverser aux établissements de leur choix ».
Les bourses d’études et aides aux étudiants

En proposant de « transformer la demi-part fiscale, anti-redistributive, en crédit d’impôt formation supérieure (CIF) », la CPU s’engageait clairement du côté des propositions – controversées ! – de l’économiste Thomas Piketty. La CPU expliquait ainsi que « pour les étudiants diplômés, il pourrait être associé au remboursement de prêts indexés sur les revenus imposables ultérieurs, donc équitable fiscalement ». En clair c’était la fin de l’université gratuite pour tous et, sur le modèle de Sciences Po Paris, plus de moyens pour les universités. Des propositions rejetées par quasiment tous les candidats. Enfin, la CPU proposait d’ « augmenter très fortement les aides sociales aux étudiants, et de les étendre à 50% d’entre eux ».
En contrepartie de la « mise à niveau » des frais de scolarité, la Cdefi demandait que les établissements d’enseignement supérieur puissent se porter garants du financement des études de certains de leurs étudiants, en « leur accordant directement des prêts à taux zéro remboursables dans les premières années de la vie active ». Le remboursement de ce prêt par le diplômé donnerait droit à un crédit d’impôt sous réserve qu’il « travaille en France pendant 5 ans ».
Enfin, dans son livre blanc, Grenoble École de management imaginait, à l’image des pays scandinaves, que chaque étudiant reçoive une aide importante de l’État, sous forme de bourse ou de prêt, indépendamment des ressources parentales. Un « crédit enseignement » qu’ils « pourraient affecter selon leurs priorités et aspirations ».
L’ouverture sociale

Souvent critiquée sur le sujet, c’est la CGE qui était la plus en pointe sur le sujet avec toute une gamme de propositions visant à « amplifier la diversification des filières d’accès aux grandes écoles pour y attirer des profils divers, notamment en termes d’ origine sociale », à « rattraper les écarts scolaires entre le niveau à la sortie du bac et les attendus des grandes écoles » et à « adapter les modalités des concours d’entrée pour diversifier les connaissances évaluées et tester des compétences et des potentiels ».
Dans le même esprit, Grenoble École de management proposait de « repenser le concours pour qu’il soit en adéquation avec le plus grand nombre ». L'idée séparer les épreuves en deux grandes familles: un tronc commun (tests de logique, anglais,  QCM, etc. et un tronc dit « perso » composé d’une liste de matières parmi lesquelles le candidat pourra choisir en fonction de ses points forts et de son parcours: langues, culture, histoire, marketing, comptabilité, mathématiques, chimie, sport… Enfin, l'école proposait d'y ajouter une première épreuve orale « carte blanche », courte, au cours de laquelle chaque postulant devrait présenter une réalisation, un projet ou une oeuvre personnelle.
Les frais de scolarité

La CGE proposait que les frais moyens de scolarité annuels grimpent à 3000 euros par an, soit un total « d’un mois de salaire par années d’études supérieures abouties ». Un montant en hausse mais à « payer après ses études » sur 5 ans.De plus, elle insistait pour que soient « complétés les dispositifs actuels de financement des études » avec la « mise en place de prêts d’honneur » ou de « cautions aux prêts apportés par les écoles ».
La Cdefi demandait elle la « possibilité de moduler de façon modérée les droits d’inscription de l’ensemble des formations de l’Enseignement supérieur français, en tenant compte de la situation sociale de chaque étudiant ». Une hausse qui devrait « s’accompagner d’une série de mesures complémentaires parmi lesquelles l’augmentation de la contribution des entreprises au financement des établissements ». La Cdefi proposait ainsi de « créer un dispositif nouveau de financement de la formation d’un étudiant par une entreprise ». En contrepartie « l’étudiant s’engagera à travailler au sein de l’entreprise pendant un nombre d’années données après l’obtention de son diplôme ».
Si l’autonomie reste une priorité, la CPU ne tenait-elle pas qu’elle aille jusqu’à la fixation de droits d’inscription et demandait que les droits d’inscription aux diplômes nationaux soient fixés nationalement.
La sélection

Là encore la CPU réaffirmait ses valeurs en estimant que « l’absence de sélection à l’entrée à l’université est le corollaire de l’objectif de démocratisation, de justice sociale et d’élévation du niveau de qualification supérieure de notre population ». Pour y parvenir les universités devaient selon elle organiser des « parcours adaptés à leur diversité, associés à des outils d’orientation effectifs ».
La Cdefi se voulait aussi ouverte en proposant de « renforcer la sélection par un système d’orientation activepermettant une régulation des flux à l’entrée de l’ensemble des formations de niveau L, M et D de l’Enseignement supérieur français ». Et elle précisait qu’il ne s’agissait pas ici « d’exclure mais de réguler les flux à l’entrée de l’enseignement supérieur par un solide système d’orientation active basée sur une interface unique permettant à chaque lycéen, fonction de son classement et de ses aspirations de postuler à l’entrée des formations de son choix ».
La CGE allait bien plus loin en demandant que l’université autonome ait « le droit de choisir ses étudiants ».
Le rapprochement universités / grandes écoles

S’estimant les grandes oubliées des réformes engagées ces dernières années dans l’enseignement supérieur, les écoles d’ingénieurs, par l’entremise de la Cdefi, revendiquaient que les changements nécessaires ne se fassent plus « en se concentrant uniquement sur une catégorie d'établissements au détriment d'une autre ». Et d’insister : « Un investissement spécifique était nécessaire pour les universités. Nous l'avons admis et nous l'avons soutenu. Les politiques à conduire désormais imposent que l'ensemble des acteurs de ce secteur soient concernés et s'impliquent, chacun amenant sa spécificité et ses atouts ».
Ce qui supposait de rompre avec la « tradition française de cristallisation des oppositions entre écoles et universités ». Selon la Cdefi, « ces vieilles querelles sont aujourd'hui largement dépassées ne serait-ce que parce que 56 écoles d'ingénieurs sont internes aux universités ». Surtout la Cdefi estimait que « la  richesse de notre système réside au contraire dans son pluralisme ».
La CPU insistait elle sur le fait qu’il faille « poursuivre le rapprochement entre universités, écoles et organismes de recherche » tout en restant pragmatique et en affirmant que « cette démarche dont le cadre juridique et les modalités ne sont pas figés, dépend de chaque contexte ».
La recherche

Thème éminemment conflictuel entre universités et grands organismes, la recherche était au centre des propositions de la Cdefi quand elle demandait que les établissements d’enseignement supérieur et de recherche soient les « opérateurs majeurs de la recherche en France, les organismes nationaux de recherche étant le lieu d’élaboration des grandes orientations stratégiques ». De quoi ravir le Cnrs!
La CPU était plus prudente puisqu’elle considèrait elle que « les organismes nationaux de recherche ont un rôle essentiel à jouer, non seulement de pilotage scientifique national, mais aussi d’appui déterminant à l’activité de recherche qui se conduit principalement avec les établissements universitaires ». Et de conclure : « Ceux-ci ont besoin d’organismes de recherche forts, dont ils sont les partenaires ».
L’alternance

La CPU entendait bien que les universités soient présentes dans le mouvement de développement de l’alternance dans l’enseignement supérieur. La Cdefi demandait elle un rehaussement du minimum contributif des entreprises au financement de l’apprentissage en le passant de 1600 à 3000€ par apprenti ». Elle proposait également l’ouverture d’états-généraux de l’apprentissage.
Les étudiants étrangers

La « circulaire Guéant » visant à compliquer la tâche des étudiants étrangers qui souhaitaient rester travailler en France après leur cursus a eu des effets dévastateurs sur l’image de la France dans le monde. La CPU demandait donc que soit adoptée une « grande loi sur les conditions d’accueil, de séjour et de première insertion professionnelle des étudiants internationaux ». La Cdefi n’était pas en reste quand elle demandait la garantie pour« tout diplômé étranger issu d’une filière sélective de l’Enseignement supérieur français à niveau M et D, la possibilité de pouvoir travailler en Franceaux termes de ses études s’il peut justifierd’une promesse d’embauche conforme à sa qualification ». La nuance étant dans le terme « filière sélective » qui exclurait donc les étudiants entrés en licence universitaire?
Mais c’est certainement la CGE qui était le plus en pointe sur le sujet en reprenant sa proposition d’accueillir « chaque année 50 000 jeunes étrangers de plus pendant 10 ans ». Ce qui porterait le nombre total d’étudiants étrangers en France à 750 000 dont 350 000 avec des scolarités gratuites et les autres « contribuant à hauteur de 125% du coût des formations ».
Et maintenant ?

Vraisemblablement ministre d'un grand ministère de l’Éducation nationale de l'Enseignement supérieur de la Recherche et de la Jeunesse, Vincent Peillon va maintenant devoir répondre à toutes ces demandes tout en sachant que ses marges de manoeuvre budgétaires risquent d'être faibles. D'autant que, si l'avenir de la jeunesse est au coeur de son programme, la priorité du nouveau Président semble devoir être pour l'enseignement supérieur, grand oublié du dernier quinquennat et dont il a justement souligné qu'il souffrait d'un manque de moyens par rapport aux autres grands pays de l'Ocde. Et il est vrai qu'il faut sans doute mieux renforcer les fondations si on veut que le toit tienne bien!
http://orientation.blog.lemonde.fr/files/2011/08/Edhec-Olivier-Rollot-208x300.jpg By Olivier Rollot . Francois Hollande facing higher education: asking what universities and colleges before the election. Before the presidential elections of the representative institutions of French higher education as some of his iconic actors presented their proposals for the future of higher education. Here is a summary of what the Conference asked the University Presidents ( CPU ), the Conference of Grandes Ecoles ( CGE ), and the Conference of Directors of French Engineering schools ( CDEFI ) but also the proposals of Grenoble School of Management through its White Paper entitled " Training leaders for 2030 . "
The
French "model"
It was the first proposal of the CPU and it was not by chance that the Conference called for the recognition
a "French model of organization" in which "higher education and research are a public good and must be financed predominantly and sustainable state." We see here how certain components academics - mainly arts and humanities - both essential to the university and not able to obtain private financing, in recent years have feared a withdrawal of the State under the LRU. More...
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