Apprendre autrement à l'ère numérique - Se former, collaborer, innover: un nouveau modèle éducatif pour une égalité des chances

Présentation
Dans le prolongement d'un premier rapport rendu public en février 2010, sur l'équipement des écoles en outils numériques (« Réussir l'Ecole numérique »), M. Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines, a été chargé par le Premier ministre d'une seconde mission portant sur l'innovation des pratiques pédagogiques par le numérique et la formation initiale et continue des enseignants, du primaire au supérieur.
Extraits
III-5-1 Les universités à l’heure de la pédagogie numérique
Soumise à la compétitivité et à la massification de l’enseignement supérieur, les universités n’ont d’autre choix que de faire évoluer leurs pratiques pédagogiques, suivant ainsi le même chemin que les établissements supérieurs étrangers…
Si dans le classement de Shanghai, les dix premières universités sont pour l’instant anglo-saxonnes, la France, qui ne représente que 1% de la population mondiale, a obtenu 33% des médailles Fields (récompensant chaque année les mathématiciens les plus méritants) et les business schools françaises apparaissent régulièrement dans les premières places des classements internationaux. HEC et ESCPEAP, occupent les deux premières places du classement européen du Financial Times des grandes écoles. La qualité de la formation française est donc reconnue (et enviée). Reste qu’il faut répondre aujourd’hui à une demande massive: de 200 000 dans les années 60, les universités accueillent aujourd’hui 2,3 millions d’étudiants. Entre 2000 et 2015, le nombre d’étudiants dans le monde passera de 100 à 200 millions. La France devrait accueillir dans les prochaines années plus de 50 000 nouveaux étudiants étrangers (Tapie Pierre. Conférence des grandes écoles (2010). Quelle réponse au défi de l’international pour l’enseignement supérieur? En ligne. Consulté le 24 février 2012 http://www.cge.asso.fr/). Or 75% de ces étudiants entrent à l’université. Le marché de l’enseignement supérieur n’est plus national mais international. Et les établissements chinois deviennent de plus en plus compétitifs et concurrentiels sur la scène internationale. En conséquence, les universités françaises doivent améliorer leur offre, leur image et leur visibilité pour garder leur attractivité. Tout le système éducatif et la France y ont à gagner. Ainsi, avec la massification du système, l’augmentation de la diversité des étudiants et l’arrivée des outils numériques, les professeurs d’université n’ont d’autres choix que d’apprendre à différencier leurs pratiques, tout en continuant de proposer des formations d’élite. Aujourd’hui, l’« amélioration des offres pédagogiques» est l’un des premiers enjeux d’avenir pour les universités et les grandes écoles françaises.
Malgré certaines résistances (certains pensent en effet, encore, qu’il suffit d’être un bon chercheur, expert dans son domaine pour être un bon enseignant et partent du principe que c’est en enseignant qu’on apprend à enseigner…), on observe une réelle prise de conscience de la part des enseignants-chercheurs (et des enseignants-formateurs). Le président de l’université de Limoges, Jacques Fontanille, en a même appelé, lors du Colloque International de l’université à l’ère du numérique, en 2010, à une sérieuse « refondation des pratiques pédagogiques » dans les universités.
Plusieurs décisions appuient ce virage:
- Le programme IMHE220 de l’OCDE;
- Le processus de Bologne (engagement à construire un espace européen de l’enseignement supérieur);
- La publication de nombreux ouvrages comme celui de De Ketele221 encourageant la formation pédagogique des enseignants-chercheurs;
- Et plus spécifiquement pour les formateurs d’enseignants, les recommandations du conseil de l’union européenne en 2009 incitant à former les formateurs aux compétences nécessaires pour enseigner.
Un fort courant pédagogique à l’étranger
Le courant américain SoTL (scholarship of teaching and learning ou « compétences en enseignement et en apprentissage ») a essayé de montrer « que l’activité d’enseignement répondait aux mêmes exigences, critères et normes que l’activité de recherche »: les enseignants sont potentiellement tous chercheurs (Rege Colet & Berthiaume, 2009) et les professeurs d’université sont des experts dans leur domaine qui apprennent à partager leurs savoirs. Présenté en 1990, ce courant commence juste à prendre réellement sa place. En Angleterre, le Staff and Educational Development Association (SEDA) et, en Australie et Nouvelle Zélande le Higher Education Research and Development Society of Australia (HERDSA) plaident pour une reconnaissance et une valorisation des compétences pédagogiques des professeurs (Bond, Boud, Lublin et Webb, 1997). Aujourd’hui, de très nombreuses universités américaines, canadiennes, australiennes, asiatiques mais également européennes (Belgique, Suisse, Suède…), proposent des formations pédagogiques pour les enseignants-chercheurs.
Si certains pays ont déjà imposé les compétences pédagogiques dans leur procédure de titularisation (Australie, Norvège, Royaume-Uni, Suède), dans d’autres, le choix relève de l’établissement (États-Unis, Finlande, Nouvelle Zélande, Pays Bas). Certaines universités britanniques et québécoises offrent même un statut différent aux enseignants-chercheurs qui se forment à la pédagogie.
Conseil de l’union européenne sur le perfectionnement professionnel des enseignants et des chefs d’établissement
« Les programmes de formation des enseignants devraient être de grande qualité, fondés sur des éléments concrets et adaptés aux besoins. Les personnes responsables de la formation des enseignants - et, de fait, de celle des formateurs d’enseignants - devraient elles-mêmes avoir atteint un haut niveau universitaire et posséder une solide expérience pratique en matière d’enseignement, ainsi que les compétences qu’exige un bon enseignement.
Il convient également de faire en sorte que les établissements voués à la formation des enseignants coopèrent efficacement, d’une part avec les personnes qui se consacrent à la recherche pédagogique dans d’autres établissements d’enseignement supérieur, et d’autre part avec les chefs d’établissement scolaire. »
III-5-2 Formation et incitation : les deux clés de la réussite
Jusqu’à présent, seule la recherche entre en ligne de compte dans l’évolution de la carrière des enseignants du supérieur. Il est nécessaire aujourd’hui de les inciter à se former aux nouvelles pratiques pédagogiques, notamment par la création d’une prime d’excellence pédagogique.
La formation d’adultes : une spécificité à prendre en compte
L’intégration des IUFM dans les universités pourrait permettre en premier lieu de mettre un terme à une croyance absurde selon laquelle il suffirait d’être un bon enseignant dans le primaire ou le secondaire, pour être un enseignant-formateur compétent. Selon Pierre Frackowiak, « l’expérience peut être utile pour accumuler des trucs qui donnent parfois l’illusion d’avoir du talent. [Mais] incontestablement, la notion de prof expérimenté est suspecte. L’expérience est trop souvent synonyme de conformisme et de conservatisme ». Former des élèves, ne nécessite pas les mêmes compétences que former des adultes. « Pour former de futurs professeurs, il faut connaître les bases de la formation d’adultes, être ouvert à des domaines disciplinaires et transversaux autres que la spécialité d’origine. » Il est nécessaire de pouvoir conduire un groupe d’analyse de pratiques, savoir accompagner un stagiaire. Il faut avoir un profil d’innovateur pédagogique, de manager, posséder un leadership pédagogique.
Inciter à renouveler les pratiques enseignantes par la généralisation des SUP et la création de primes d’excellence pédagogique
Les années 2000 sont marquées par un intérêt croissant pour la qualité des formations universitaires en France et c’est dans ce contexte que les SUP (Services Universitaires de Pédagogie) et le réseau national qui les regroupe, se sont constitués. Ils ont vocation à accompagner les enseignants pour améliorer la qualité pédagogique des formations. Ils ont développé des actions de formations et d’accompagnement des enseignants et enseignants chercheurs, pour favoriser l’innovation, les échanges entre enseignants, et la recherche action en pédagogie universitaire.
Pour l’heure, ces services ne couvrent que 20% des universités. Ils sont surtout implantés dans les universités scientifiques et technologiques, n’ont pas de réelle reconnaissance et demeurent largement dépendants des priorités budgétaires des établissements. Il serait donc nécessaire, comme dans les pays anglo-saxons, de donner à ces services les capacités de se développer et de se pérenniser.
Les Initiatives d’excellence en formations innovantes (IDEFI): un réel début de réponse, un levier vers de nouvelles formations universitaires
Présenté en octobre 2011, les projets IDEFI (Initiatives d’excellence en formations innovantes) entendent faire évoluer les pratiques pédagogiques dans l’enseignement du supérieur, afin de répondre à la diversité des étudiants, favoriser l’égalité des chances et le développement de la formation tout au long de la vie, en:
- Améliorant et diversifiant les contenus pédagogiques,
- Développant des usages numériques et notamment les formations mixtes,
- Réinventant l’organisation et les rythmes de formation,
- Renouvelant les partenariats avec le monde socio-économique,
- Renforçant l’accompagnement des enseignants (par exemple les SUP.).
Doté de 150 millions d’euros, ces 20 projets innovants ne concerneront qu’une minorité d’étudiants, mais ces initiatives ont le mérite de lancer le grand mouvement d’évolution de la pédagogie dans les universités.
Il y aura des changements dans l’enseignement supérieur (et par voie de conséquence dans l’enseignement primaire et secondaire), uniquement si l’activité d’enseignement est fortement valorisée.
Les recherches consacrées au développement pédagogique restent cependant très peu nombreuses, ce qui peut expliquer la forte résistance des universitaires à des formations autres que disciplinaires. Dans ce contexte, la valorisation de la fonction enseignante représente aujourd’hui un enjeu crucial pour les universités (Rege Colet et Berthiaume, 2009).
Il serait ainsi nécessaire de créer une prime d’excellence pédagogique, reposant en partie sur les notations effectuées par les étudiants.
Prime d’excellence pédagogique: prise en compte de l’appréciation des étudiants (Arrêté Bayrou. 1997)
« Pour chaque cursus, est organisée une procédure d’évaluation des enseignements et de la formation. Cette évaluation, qui prend en compte l’appréciation des étudiants, se réfère aux objectifs de la formation et des enseignements. Cette procédure, garantie par une instruction ministérielle, a deux objectifs. Elle permet, d’une part, à chaque enseignant de prendre connaissance de l’appréciation des étudiants sur les éléments pédagogiques de son enseignement. Cette partie de l’évaluation est destinée à l’intéressé. La procédure permet, d’autre part, une évaluation de l’organisation des études dans la formation concernée, suivie pour chaque formation par une commission selon des modalités définies par le Conseil d’administration de l’établissement, après avis du Conseil des études et de la vie universitaire. »
Propositions
Déclencher l’innovation dans les pratiques pédagogiques par la création d’une prime d’excellence pédagogique
- Revoir le recrutement et la formation des enseignants-formateurs,
- Reconnaissance et généralisation des services universitaires de pédagogies (SUP) dans les universités,
- Inciter à la création de liens entre services TICE et service SUP,
- Valorisation et reconnaissance de la partie « enseignant » des enseignants-chercheurs en créant une prime d’excellence pédagogique, reposant sur l’arrêté Bayrou.
- Mise en place d’un e-portfolio pour les professeurs d’universités afin qu’ils regroupent leurs compétences acquises et qu’ils puissent témoigner de leur expertise dans l’enseignement,
- Développer les masters de formation de formateurs... pp.93 et suivantes.
En France, ces modèles font école depuis de nombreuses années. Ainsi pour le supérieur, les universités numériques thématiques268 (UNT), mutualisent, à l’échelle nationale, des contenus pédagogiques produits par des enseignants des établissements d’enseignement supérieur. Ces contenus peuvent être de toute nature (documents, cours, exercices, exemples, etc.). Ils couvrent tous les domaines disciplinaires et sont aussi bien utilisables à distance qu’en présentiel. Les étudiants comme les enseignants profitent donc de ressources qui sont validées par les communautés scientifiques des UNT. Ces dernières ne se cantonnent pas à la simple collecte de ressources pédagogiques existantes, mais peuvent aussi en produire. Même si la logique d’ouverture et de gratuité domine, certains contenus peuvent être payants ou accessibles uniquement aux partenaires des UNT. p.107
Ceci doit se traduire par des démarches de normalisation de la description des ressources pédagogiques produites par les enseignants (à l’instar du ScoLOMFr pour l’enseignement secondaire ou SupLOMFr pour l’enseignement supérieur). Elles doivent donc être mises en oeuvre et déployées à tous les niveaux des chaines de production, publiques comme privées, pour garantir la visibilité et la facilité d’accès à ces ressources comme pour en faciliter leur gestion. p.108

Presentation
As an extension of an initial report released in February 2010, on equipping schools with digital tools ("Pass the Digital School"), Jean-Michel Fourgous, deputy of the Yvelines, has been instructed by the Prime Minister for a second mission on innovation in teaching practices by digital and initial and continuing training of teachers, from primary to tertiary.
Extracts
III-5-1 Universities in the era of digital pedagogy. More...
La validation et la reconnaissance professionnelle au programme des Chroniques Horizon

Transformer son expérience professionnelle en diplôme est possible, et pas seulement par le biais de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE). Il existe plusieurs autres solutions, comme la Validation des Acquis Professionnels (VAP), qui permet de reprendre des études dans l’enseignement supérieur. On peut également, grâce à la Validation des Etudes Supérieures (VES), obtenir tout ou partie d’un diplôme par reconnaissance d’études suivies en France ou à l’étranger. Plus spécifique, le titre d’ingénieur diplômé par l’Etat est délivré, après soutenance d’un mémoire, aux personnes justifiant de 5 ans de pratique dans des fonctions habituellement confiées à des ingénieurs. Enfin, pour les concours de la fonction publique, l’inscription est ouverte aux personnes qui peuvent faire valoir une expérience équivalente au niveau de diplôme normalement exigé.
Lundi : férié.
Mardi : la validation des acquis professionnels.
Mercredi : la validation des études supérieures.
Jeudi : ingénieur diplômé par l’Etat.
Vendredi : la reconnaissance dans la fonction publique.

Omdannelse af erhvervserfaring i videst mulig omfang, og ikke kun gennem validering af de opnåede erfaringer (VAE). Der er mange andre løsninger, såsom Validering af Professionals (VAP), der gør det muligt at genoptage studier på de videregående uddannelser. Man kan også gennem validering af Advanced Studies (VES), indhente alle eller en del af en grad af anerkendelse af studier gennemført i Frankrig eller i udlandet. Mere...
Alors, il vient ce rapport Larcher sur la nième réforme de la formation professionnelle

Comme beaucoup, malgré un inévitable septicisme sur la possibilité de faire un tel travail dans ce délai, malgré une interrogation sur la période choisie pour une telle mission et malgré une certaine ironie sur le fait que Laurent Wauquiez avait présenté sa loi comme la réforme tant attendue et enfin réalisée (ce que pour notre part nous avions analysé ici Formation professionnelle: vers une nouvelle réforme?), nous avons contribué, modestement, comme beaucoup d’autres à cette mission (voir Six questions à Gérard Larcher en charge d’une réforme radicale de la formation professionnelle).
Entretemps le Président de la République a enrichi, ou plutôt complexifié la débat, en agitant l’idée d’un référendum, aux questions d’ailleurs évolutives sur un sujet qui ne s’y prête guère (voir Un référendum sur les chômeurs, une façon de les désigner à la vindicte publique, et Le référendum, c’est pour prendre l’argent affecté à la formation des salariés et le consacrer à celle des chômeurs). Et le Premier Ministre a ajouté à la difficulté en mentionnant son intention de prendre les 31 milliards consacrés à la formation des salariés pour les affecter à la formation des chômeurs (voir Le référendum, c’est pour prendre l’argent affecté à la formation des salariés et le consacrer à celle des chômeurs).
Le 18 mars nous attendions le rapport. Le 2 avril le Figaro annonçait la remise début avril. Le 5 avril nous l’attendons toujours. Il semble que le calendrier initial qui prévoyait une remise au Président de la République le 3 avril suivi d’une présentation à la presse le 5 avril n’ait pu être respecté, pour des raisons qu’on est obligé de supputer: s’agit-il juste d’additions de dernière minute comme on tente de la faire croire, ou comme cela est le plus probable d’un profond désaccord du commanditaire du rapport sur des propositions qui ne sont pas jugées assez radicales, Gérard Larcher ayant sans doute eu un certain souci que ces propositions ne soient pas totalement inapplicables, ayant fait savoir qu’il privilégierait la voie des “ajustements opérationnels“.

Ako mnoho, aj napriek nevyhnutné skepsa o možnosti tejto práce v rámci tohto obdobia, a to aj napriek otáznik na zvolené obdobie tejto misie, a to aj napriek určitú iróniou k tomu, že Wauquiez predstavoval jeho právnych predpisov v dlhodobom oneskorených reforiem a nakoniec si uvedomil, (pre našej strany sme tu analyzovali Training: Na ceste k novej reforme), urobili sme skromný príspevok, rovnako ako mnoho iných v tejto misii (pozri Šesť otázok Gerard Larcher podporu reformy Radikálna odborné vzdelávanie). Viac...
65e numéro de la lettre de l'emploi et de la formation

Acollade
Un amical salut à nos lecteurs, de plus en plus nombreux, et plus particulièrement à nos amis de la France d’outre-mer et d’Afrique francophone.
Formation professionnelle: piètres résultats
La Dares, le service des statistiques du ministère du Travail, a publié une étude sur la formation des demandeurs d'emploi. En savoir plus.
Transport et logistique: les entreprises recrutent encore
L'enquête de l’AFT-IFTIM révèle que l’année 2011 a enregistré un niveau d’activité à la hausse. Toutefois, le second semestre fut marqué par un ralentissement significatif, qui laisse entrevoir une croissance plus mesurée pour 2012. En savoir plus.
Carte "étudiant des métiers"
Cette carte concerne les jeunes de moins de 26 ans engagés dans une action de professionnalisation (apprentissage ou contrat de professionnalisation). Permet d'avoir des réducs au ciné? Voir sur le site OPCALIA. En savoir plus.
FFP: des propositions présidentielles
La Fédération de la Formation Professionnelle adresse ses propositions aux candidats à l’élection présidentielle. Le lecteur, s’il est attentif, remarquera la petite phrase… En savoir plus.
Les autres chiffres du chômage
Le collectif "les autres chiffres du chômage" vient de sortir une note d'analyse. Une autre voix... En savoir plus.
Le bâtiment se met au vert...
Quelles évolutions pour les formations et les métiers?
Le verdissement du secteur bâtiment est devenu, aujourd'hui, un enjeu majeur. Il est au cœur des préoccupations des professionnels. Une étude du CEREQ. A lire: c'est obligatoire! En savoir plus.
Quelle place pour l'entrepreneuriat social en France?
Le comité d'analyse stratégique, qui dépend du premier ministre, vient de publier une note sur le sujet. On peut lire, mais bon...pour la passionnés alors. En savoir plus.
Etat virtuel
Le ministre du travail a signé un accord-cadre national de promotion et de développement de l’emploi dans le secteur numérique. En régions, des contacts semblent en cours pour développer la formation des demandeurs d’emploi sur ce champ... Pôle emploi serait concerné... En savoir plus.
Love
Les gros acheteurs de formations sont les Régions et l’Etat. L’Inspection Générale des Affaires Sociales, dans un rapport, met en exergue des disfonctionnements. Les inspecteurs suggèrent de procéder à des groupements de commandes.Beaucoup disent que lorsque la formation sera réellement décentralisée et hors d'atteinte de l'Etat, il n’y aura plus aucun problème de coordination… En savoir plus.
AFPA: stagiaires en grève
Selon "la Charente libre" une centaine de stagiaires de l'Association pour la Formation Professionnelle des Adultes, membre du Service Public de l'Emploi, était récemment en grève. Motif: "Pas de ciment pour les maçons, pas de placo pour les plaquistes, pas de carrelage pour les carreleurs". Avec une vidéo, c’est beaucoup mieux… En savoir plus.
Le CAP: disparition ou renaissance?
Longtemps considéré comme le diplôme « d'excellence ouvrière », le certificat d'aptitude professionnelle (CAP) demeure, en 2011, le diplôme proposant le plus grand nombre de spécialités au sein de l'offre du ministère de l'Education nationale. Une étude du CEREQ. Suggestion: Et si le ministère du travail confiait l'ingénierie de ses titres au Cereq? En savoir plus.
Superfétatoire
Très récemment, le Président de la république a annoncé vouloir « créer un Comité national de la formation professionnelle » qui « identifiera chaque année avec les chefs d’entreprise, les syndicats, les régions et l’Etat, les formations qui préparent à un emploi.». Prise de position de M. Jacques Bahry, Délégué Général du Groupe CESI. En savoir plus.
Zones urbaines franches (zfu): résultats médiocres
Une étude de l'INSEE éclaire la situation des ZFU qui, plafonneraient dans leurs résultats. En savoir plus.
Qatar
Le Qatar a été sollicité par l'association nationale des élus locaux de la diversité (aneld) et vient d'annoncer la création d'un fonds d'investissement de 50 millions d'euros destiné aux quartiers en difficulté. Cette somme représente 10% du budget du ministère de la ville. L'objectif serait, selon le magasine M, de financer des projets de jeunes entrepreneurs vivant dans les cités. En savoir plus.
Régions Bretagne Pays de la Loire - édition en langue française
Quand l'industrie va...
Les Pays de la Loire, 3ème région industrielle de France, connaît une situation paradoxale: certains métiers de l’industrie recrutent mais souffrent d’un manque d’attractivité. Question: mais que fait l'UIMM? En savoir plus.
La Bretagne fait des chèques
Le Chèque Formation est une aide individuelle qui permet aux demandeurs d'emploi l'accès à une formation professionnelle sanctionnée par un diplôme homologué. Pas mal, mais il serait aussi intéressant s’il y avait des possibilités d’accès à des formations non qualifiantes… En savoir plus.
Le Café des ACTIFS
L'ASSPRO (c'est nous) organise le 26 avril 2012 à St Herblain, un café ACTIFS sur le thème "emploi des seniors, quelles mesures, quelles actions" avec des candidats aux législatives. Dès maintenant, les personnes intéressées peuvent poser leurs questions...en ligne sur le RSS. En savoir plus.
VENDEENS Créateurs
Certains pensent que la Vendée est un département perdu près des bois et de la mer où les gens ne vivraient que de la pêche et de la chasse. En fait, les vendéens sont très actifs et créent même des entreprises. Pour aider les créateurs, la maison de l'emploi de la Roche-sur-yon propose un dispositif innovant: à découvrir...

Acollade
A friendly hello to our readers, more and more, especially our friends from France and overseas French-speaking Africa.
Vocational training: poor results
The Dares, the statistics department of the Ministry of Labour, published a study on training for job seekers. Learn more. More...
A chacun sa personnalité? A chacun son entreprise?

À l'occasion de la sortie de l'étude d'ACG (Alternative Consulting Group) Image de l'entreprise: facteur d'attractivité ou source de malentendus trois tables rondes sont organisées au Palais d'Iéna le jeudi 5 avril 2012 de 14h15 à 20h00.
Les jeunes sont-ils bien faits pour l’entreprise dans laquelle ils postulent ? L’évolution des modèles public – privé, les signaux, parfois éloignés de la réalité, émis par les entreprises qui recrutent peuvent dérouter les jeunes entrant sur le marché du travail.
A l’appui d’une étude: Image de l’entreprise, facteur d’attractivité ou source de malentendus, conduite par le groupe l’Etudiant et le Cabinet de conseil ACG, chefs d’entreprise, chercheurs, journalistes débattront au cours de trois tables rondes.
L’étude, à laquelle 10 000 jeunes ont répondu, sera rendue publique, au cours de cet après-midi du Jeudi 5 Avril.
Elle donnera un certain nombre de clefs pour mieux comprendre les motivations des jeunes à postuler, à la fin de leurs études, pour telle ou telle entreprise et contribuera à formuler des suggestions aux entreprises quant à la mise en cohérence de leurs stratégies de ressources humaines- et plus spécifiquement de leur recrutement - avec les ressorts qui animent la génération des jeunes salariés.
Accéder au Programme en ligne.
Les jeunes sont-ils bien faits pour l’entreprise dans laquelle ils postulent?
L’évolution des modèles public – privé, les signaux, parfois éloignés de la réalité, émis par les entreprises qui recrutent peuvent dérouter les jeunes entrant sur le marché du travail.
A l’appui d’une étude: Image de l’entreprise, facteur d’attractivité ou source de malentendus, conduite par le groupe l’Etudiant et le Cabinet de conseil ACG, chefs d’entreprise, chercheurs, journalistes débattront au cours de trois tables rondes.
L’étude, à laquelle 10 000 jeunes ont répondu, sera rendue publique, au cours de cet après-midi du Jeudi 5 Avril.
Elle donnera un certain nombre de clefs pour mieux comprendre les motivations des jeunes à postuler, à la fin de leurs études, pour telle ou telle entreprise. Et contribuera à formuler des suggestions aux entreprises quant à la mise en cohérence de leurs stratégies de ressources humaines - et plus spécifiquement de leur recrutement - avec les ressorts qui animent la génération des jeunes salariés.

For at markere udgivelsen af studiet af ACG (Alternative Consulting Group) image: tiltrækningskraft faktor til misforståelser eller tre runde borde er organiseret på Palace of Jena Torsdag April 5, 2012 fra 14:15 kl 20:00.
De unge er de godt lavet, for den virksomhed, hvori de søger? De evolution modeller offentlige - private signaler, undertiden langt fra virkeligheden, udstedt af virksomheder, der rekrutterer kan forvirre de unge mennesker ind på arbejdsmarkedet. Mere...
Employability: university education isn't just about developing skills

Lord Heseltine, to whom I once awarded an honorary doctorate in business administration when I was chairman of the University of Bedfordshire, has been asked by the government to conduct an audit of the UK's industrial performance. Even back then it was obvious he had an insight into the economic power of universities broader than many of his colleagues (on all sides of both Houses). In his introductory speech to the Lords, he said: "We have some of the best companies in the world – they are out there winning every day. But is our average performance good enough and how can the underperforming tail be encouraged or persuaded to catch up?"
He is currently reviewing his remit and I hope he finds time to turn his fertile mind to joined-up thinking about the UK's talent base and the pipelines from schools into universities and colleges and out into businesses. Because there is, frustratingly, a great deal that still needs to be done. The global economy is moving at the pace of the internet, while our education policies are too often moving at the speed of pigeon post.
Across the world, governments are trying to make sense of how to be successful when this recession (as I've taken to calling the post-Lehman's mess) is over. The Australian government has just released its new report on skills for all Australians. It's called, with a stunning degree of Aussie straightforwardness, Skills For All Australians, and is a blueprint for a $1.7bn programme of renewal for their vocational education and training (VET).
Vet (handy acronym by the way) is obviously vital, but in worrying ways reports like this, and the thinking that underlie it, are still not joining the dots between the problem and the big picture solutions. Modern economies may be built by skills but they will succeed by expertise.
If a skill is a repeatable process in a predictable environment, expertise is the application of theory to practice. This distinction (even if in reality it is a continuum) is vitally important in setting out the mission of universities in helping to deliver economic prosperity and a good society. At its most basic, as Gavin Patterson, CEO of BT retail noted in Great Expectations, a recent CIHE report: "The majority of technical skills being taught in schools and universities will be defunct by the time young people are 10 years into their careers."
Skills for All Australians sets out the challenge for the Commonwealth to respond to a "major generational change driven by the Asian century, new technology, and the shift to a low carbon economy." Consequently, Australians will need to combine new operational skills with communication, teamwork and decision-making skills will intensify, the flexibility and resilience to change jobs, apply skills in different context and go on learning will be essential.
This emphasis on the vital importance of non-academic skills to employability and productivity will come as no surprise to anyone in the UK higher education system, where this awareness is deepening with every piece of analysis, and where universities are setting out a vision of mass participation in placements, internships and a range of business engagements. But as we quite rightly develop this agenda, we must not lose sight of the talent universities are really put on earth to deliver. They must provide us with people with the ability to continually learn, to think critically and theoretically, to be reflective and reflexive, to innovate and break the status quo, and to navigate in the unstable waters of the global economy.
The way to drive the underperforming tail is to ensure that businesses get the quality of expert leadership they need. But that is a tale for another day.
Dr David Docherty is chief executive of the Council for Industry and Higher Education.
Critics counter website allowing university indicator comparisons

Although criticised immediately for including information of doubtful validity, the MyUniversity website is probably unique in providing so many comparative details of each university’s operations.
Launched on Tuesday 3 April in Canberra by Tertiary Education Minister Senator Chris Evans, MyUniversity is an interactive, searchable site that includes a wide variety of indicators. Evans said the site would “empower students to make the right call”.
“Enrolling at university is a huge life decision for young Australians and their families. MyUniversity will help ensure that students have all the relevant information to make an informed decision about what’s best for them,” he said
Evans said the site was designed to ensure accountability and transparency as universities began competing for students in Australia’s new demand-driven system after the government this year lifted limits on the number of students each university could enrol.
Creation of the A$1.5 million website was foreshadowed by then education minister Julia Gillard two years ago and follows similar ventures for Australian schools and hospitals.
The MySchools site has generated considerable controversy since it was launched in January 2010, and has resulted in league tables of schools being drawn up by some newspapers.
As well as basic information about courses, enrolment numbers, student backgrounds and gender, the site also provides details of amenities such as car parking and child care along with clubs, societies and other aspects of campus culture...
Venture-Backed Enterprise Seeks to Satisfy Global Demand for an Elite Education, Online

Mr. Nelson, founder of a start-up called the Minerva Project, believes the minuscule acceptance rates at prestigious institutions leave some college-bound students without a place where they can pursue a blue-ribbon degree. So his for-profit enterprise seeks to satisfy that demand by offering a rigorous online education to the brightest students around the world who slip through the cracks of highly selective admissions cycles. Mr. Nelson said his company, which is calling itself “the first elite American university to be launched in a century,” will disregard the barriers that might put the Ivy League beyond the reach of qualified applicants.
“We don’t care about geography, we don’t care about how wealthy you are, we don’t care if you’re able to donate or have donated in the past, or legacy or where your ancestors went to school,” he said. “We really just want to equalize the playing field.”
The start-up, based in San Francisco, plans to do so by charging tuition rates “well under half” of those at traditional top-tier institutions, Mr. Nelson said. The new university is seeking accreditation, Mr. Nelson added, and will welcome its first class in 2014. Though he did not specify how big he expects Minerva’s student body to be, Mr. Nelson said his goal is to make sure no qualified students “get rejected because we say we’re full.” He added that he expects Minerva to be “far better represented internationally than a typical American university.”
The company can afford to charge cheaper tuition, Mr. Nelson said, in part because it expects incoming students to have already mastered the material that makes up everyday introductory courses. For instance, Minerva may offer Applied Economic Theory instead of Economics 101, he said.
“What we expect to teach is how you apply and synthesize that information and how you do something with it,” Mr. Nelson said.
To create these advanced courses, Minerva will break down the role of professor into two distinct jobs instead of simply poaching faculty members from other universities. The company will award monetary prizes to “distinguished teachers among great research faculty,” Mr. Nelson said, who will team up with crews to videotape lectures and craft innovative courses when they are not teaching at their home institutions. (Mr. Nelson declined to elaborate on the size of the prizes.)
Minerva will then hire a second group of instructors to deliver the material. Mr. Nelson called them “preceptors,” who will typically be young graduates of doctoral programs—they will lead class discussions online, hold office hours, and grade assignments. After its students graduate, Mr. Nelson said the university plans to help alumni connect with their peers to create businesses, do research, and find jobs.
“The Minerva education isn’t just about getting your four-year degree and then going to work for Goldman Sachs and crossing your fingers and hoping you’ll do really well,” he said. “It’s actually playing an active role in facilitating your success afterwards.”
Mr. Nelson’s challenge to the Ivy League is already flush with cash: The prominent Silicon Valley investment firm Benchmark Capital has pumped $25-million into Minerva’s coffers—the firm’s richest seed-stage investment ever. And the company has attracted some high-profile advisers. Lawrence H. Summers, the former U.S. treasury secretary and Harvard University president emeritus, is the chair of Minerva’s advisory board, which includes Bob Kerrey, the U.S. Senate candidate from Nebraska who is a former president of the New School, among other education luminaries.
Minerva’s attempt to disrupt elite higher education is a “bold move,” according to Michael B. Horn, executive director for education at Innosight Institute, a think tank focused on innovation. “It’s kind of breathtaking in its ambition, and it’s exciting to see what will happen,” he said. He noted that especially among international students, there’s a tremendous demand for elite education and not enough supply. But he added that the upstart faces a significant challenge: creating an identity that will convince students to take a chance on a university with little name recognition.
“Can you launch a new brand that doesn’t have a track record in this age?” he asked. Ultimately, he predicted, the market will help decide Minerva’s fate: If its students do well and go on to great things, “that will create desirability over time. And that’s a critical lever to see if this will work or not.”
Enseigner - un vrai métier qui exige une vraie formation
Par Philippe Meirieu, professeur en sciences de l'éducation à l'université Lyon 2 et Annette Bon, membre de la direction de la Ligue de l'enseignement.
Parce que l'Ecole est une institution grâce à laquelle une société se projette dans le futur, les enjeux autour du métier d'enseignant sont essentiels. A travers le statut, les missions et les tâches des enseignants dans l'école, une nation fait des choix pour son présent et son avenir...
...Mais l'impératif absolu de refonder la formation initiale ne doit pas faire oublier la situation totalement sinistrée de la formation continue, aujourd'hui quasiment disparue et à laquelle, pourtant, tout salarié a droit. Cette formation continue des enseignants est un enjeu crucial, d'autant plus qu'elle peut être remise en route très vite et contribuer ainsi à redonner aux enseignants l'énergie et la capacité de mobilisation dont notre service public d'éducation a besoin. Et cela est aujourd'hui absolument essentiel: c'est pourquoi nous proposons que, dès l'été 2012, soit mis en place un vaste programme d'universités d'été gratuites et accessibles à tous les corps de l'éducation nationale. Nous proposons que ces universités d'été associent étroitement les mouvements pédagogiques et d'éducation populaire, comme les parents d'élèves et les collectivités territoriales afin de créer, partout sur le territoire, des dynamiques de travail collectif...
Philippe Meirieu, professeur en sciences de l'éducation à l'université Lumière-Lyon 2, Vice président de la Région Rhône-Alpes délégué à la formation tout au long de la vie. Annette Bon, ancienne adjointe à la direction de l'INRP, membre du Comité National Education de la Ligue de l'enseignement.

Richard Descoings est mort - retour sur un homme qui faisait bouger les lignes
Par Olivier Rollot. La mort de Richard Descoings, à 53 ans, est une perte profonde pour l'enseignement supérieur et tout le système éducatif français. Qu'ils apprécient ou non ses actes, la plupart des responsables s'accordaient à reconnaître la justesse de ses analyses. Plus que tout autre il aura contribué à faire bouger les lignes ces 20 dernières années. Sortant Sciences Po de sa torpeur, faisant éclater le débat sur les inégalités sociales dans l'enseignement supérieur, il a permis une véritable prise de conscience de tous des maux de notre système. Nous allons tous le regretter. Je vous propose de relire un grand entretien que j'avais eu avec lui il y a un an dans le cadre du hors-série du Monde "Le guide de l'après bac".
Vous décrivez dans votre livre « Un lycée pavé de bonnes intentions » (Robert Laffont) un système d’orientation qui empêche les enfants des classes défavorisées d’accéder à l’enseignement supérieur En dehors de la réforme du lycée qui entre en œuvre et à laquelle vous avez pris part, que faudrait-il faire pour que cela change enfin?
Richard Descoings : Tout le monde a pris conscience que l’orientation était une question centrale et pas seulement réservée aux conseillers d’orientation. L’un des éléments clé de la réforme des lycées tient dans les deux heures par semaine consacrées à un accompagnement personnalisé de l’élève. Si les équipes enseignantes les utilisent, alors oui il sera possible d’aider les jeunes. Et pas seulement en répondant à leurs questions car, avant d’en arriver là, la première des choses est déjà de comprendre ce qui les intéresse! Sans oublier que tout se passe déjà largement au collège. Il faudrait que les collégiens aillent dans les lycées assister au moins une fois à un cours et que les profs de lycée viennent à leur rencontre pour leur expliquer la rupture collège/lycée. Sinon, tout reste abstrait et toute une ségrégation, une sélection par l’orientation se met tranquillement en place.
Les profs doivent-ils aussi changer leurs méthodes?
R.D : Le corps enseignant est composé d’anciens bons élèves qui ont réussi des concours très difficiles comme le CAPES (1)maisqui ont souvent beaucoup de mal à comprendre que des jeunes, notamment au collège, puissent ne pas aimer les matières qu’ils enseignent. Sans formation spécifique: la plupart ne savent pas aider un élève en difficulté et les parents ont alors recours à des soutiens en dehors du service public. Si les professeurs tiennent vraiment à l’avenir du service public, il faut y intégrer le soutien à tous les élèves. On ne peut à la fois s’intéresser à l’avenir du service public et se désintéresser de ceux qui ont du mal à suivre.
Mais quels moyens faut-il pour organiser cette aide aux élèves en difficulté?
R.D : Aujourd'hui, on aide le plus les jeunes qui réussissent le mieux, le moins ceux qui ont le plus de difficultés. Tout le monde sait que, dès le collège, les langues rares et les options permettent aux meilleurs élèves d’être dans les groupes les plus réduits composés exclusivement d’élèves motivés et de professeurs ravis. Les élèves qui ont le moins d’appétence pour l’école vont eux choisir l’espagnol ou l’anglais et se retrouver à 35 par classe. C’est pour cela que je dis que si on pondère les moyens en regardant le nombre d’élèves par professeur, on constate qu’on aide le plus ceux qui sont les meilleurs. Prenez latin ou allemand, danse classique, c’est un vrai bonheur d’être dans ces classes. Profs, élèves, parents, tout le monde est content d’y être alors que cela prend beaucoup de moyens qui pourraient être utilisés ailleurs. Et quand je suis allé à la rencontre des lycéensen 2009, j’en ai rencontré beaucoup qui me disaient « touche pas à mes options » !
C’est d’ailleurs assez frappant, quand on regarde les mouvements lycéens, de voir à quel point ils veulent préserver le système…
R.D : ceux qui s’expriment viennent des bacs généraux parce qu’ils sont politiquement plus engagés et ont le savoir faire suffisant pour, à 15 ou 16 ans, s’imposer comme des leaders. Mais ils ne descendront jamais dans la rue pour défendre les lycées professionnels, ces 40% des jeunes qui connaissent le plus de chômage et échouent à l’université. Ces 40% que les lycéens généraux privent de l’accès aux BTS et au DUT en prenant des places qui devraient normalement leur être affectées. Mais aucun patron d’IUT ou de BTS ne se battra pour rouvrir ses portes à ceux pour lesquels ces filières ont été pensées. Quand les lycéens professionnels s’expriment, ils cassent pour exprimer leur rage, leur désarroi. Si vous dites à un collégien « tu es mauvais, donc tu vas en lycée professionnel », comment voulez-vous qu’il ait ensuite une image positive de lui-même?
A vos conventions ZEP, qui favorisent l’entrée de jeunes issus de quartiers défavorisés par une voie spécifique, les autres filières sélectives préfèrent des modèles comme les Cordées de la Réussite qui privilégient l’aide aux jeunes en difficulté mais avec le passage des mêmes concours. Pourquoi votre modèle n’a-t-il pas plus fait école?
R.D : On croit toujours que, parce que le mur de Berlin est tombé, la lutte des classes a disparu. En fait, la lutte des groupes sociaux reste incroyablement violente et les grandes écoles, comme d’ailleurs les filières sélectives à l’université, ne veulent pas de la diversité. On le voit bien quand la Conférence des Grandes écoles se bat pour empêcher la ministre de l’Enseignement supérieur d’afficher un objectif de 30% de boursiers dans toutes les grandes écoles et parvient à y substituer un objectif de 30% sur l’ensemble des écoles afin que les dix premières y échappent. On le voit bien quand Jacques Attali propose pour la énième fois d’augmenter le nombre de polytechniciens (3) et qu’on le refuse sous prétexte que cela risquerait de faire baisser le niveau. Lorsque vous sortez de l’une de ces écoles, vous entrez dans un club dans lequel vous ne voulez surtout pas admettre trop de membres. La « fermeture sociale » permet le maintien des positions sociales. Quand Henri Proglio devient président d’EDF, on s’extasie parce que c’est un HEC et non pas un ingénieur des mines ou des ponts qui occupe le poste. Un homme comme lui a quand même prouvé bien des choses dans la vie après son passage à HEC!
L’attribution de bourses d’études plus nombreuses peut-elle faire changer le système?
R.D : Qu’est ce qui est important ! Augmenter la proportion du nombre de boursiers ou d’augmenter le montant des bourses ? Depuis 30 ans, on préfère avoir de plus en plus de boursiers et cela arrange tout le monde. Le gouvernement parce que cela coûte moins cher, les organisations syndicales parce que les boursiers restent finalement mécontents. Allez étudier avec 350 euros pas mois!
Dans votre livre, vous remarquez que dans « beaucoup de lycées on fait comprendre aux lycéens qu’aller à la fac c’est déchoir ».
R.D : Je pensais que l’image qu’on donnait de l’université dans les lycées avait changé et je me trompais. Or seuls le droit et la médecine sortent du lot alors que les BTS et les prépas restent les deux orientations les plus conseillées. Ce qui est finalement logique car les lycées qui en possèdent ont tout intérêt à les remplir.
Ne pensez-vous pas que les classes prépas et leur organisation atypique est le problème majeur d’un système qui ne parvient pas à évoluer?
R.D : Le système de prépas est un système intellectuellement de grande valeur. Parents et jeunes voient bien qu’on y est mieux encadré, mieux stimulé, qu’en première année de licence. De plus, la sélection y est finalement moins importante qu’à la fac une fois qu’on y est entré. Enfin, on est certain à 90 ou 100% - hors les prépas littéraires – d’intégrer une grande école à leur sortie. Mais ce système rend compliqué l’évolution vers une orientation moins prédéterminante. Il n’y a qu’en France qu’on a cette certitude que si vous n’êtes pas bon en maths à 14 ans vous ne pouvez pas être ingénieur. D’où parfois l’idée d’intégrer les prépas dans les universités ou dans des collèges universitaires où elles seraient en compagnie des autres premiers cycles.
A Sciences-Po, vous avez justement décidé de sortir complètement du système des prépas.
R.D : Nous recrutons exclusivement après le bac ou une licence. Si les prépas développent un haut niveau de compétence intellectuelle, elles présentent aussi des défauts. Le premier étant de faire porter la réussite de toute une vie sur la réussite entre 17 et 20 ans. Je pense qu’à cet âge le mieux à faire n’est pas forcément de travailler 18 heures par jour et sept jours sur sept. Le tout avec le stress de savoir si on passera en deuxième année et ensuite si on aura Polytechnique, les Mines ou HEC. Est-ce un idéal éducatif ? C’est sûrement un idéal professionnel mais éducatif ? Abandonner toute pratique artistique, le sport, n’avoir aucune dimension internationale c’est bien dommage. Il y a des professeurs qui disent que, pour réussir, il ne faut plus ouvrir son ordinateur ni sa télé. Cela donne chez nous des bacheliers admirablement formés qui ne sont absolument pas au courant de l’actualité. A l’écrit ils ont eu une très bonne note sur un sujet comme « L’Orient depuis 1789 » mais, à l’oral, ils ne savent pas qu’il y a eu une marée noire dans le Golfe du Mexique.
La réforme du concours que vous venez d’opérer va-t-elle vous permettre de recruter des profils plus équilibrés, notamment en L?
R.D : On ne peut pas se prononcer, comme moi, sur le ressourcement de la filière L et ne rien faire. D’où l’idée d’offrir aux candidats venant des trois séries du bac général la possibilité de choisir l’épreuve qui leur permettra de mieux mettre en relief leurs qualités. Pour les L, on a donc créé l’épreuve de commentaire de littérature qui leur correspond parfaitement. Cette année nous devons avoir de l’ordre de 14% de nos candidats qui viennent de L pour 11% au niveau national. C’est un signal. Mais faudra du temps pour que la filière L remonte la pente. Tant qu’on dira dans les conseils de classe « tu n’es pas bon, tu as le choix entre STG et L » et que les parents choisiront L pour sauver la face cela ne changera pas. Aujourd'hui c’est très difficile, sauf dans les très grands lycées, de voir des classes de L qui soient considérées comme de bonnes classes.
L’attraction de Sciences-Po auprès des jeunes est aujourd'hui phénoménale. Comment définiriez-vous ce « modèle » Sciences-Po et comment s’oppose-t-il aux prépas ?
R.D : Nous essayons dans notre collège universitaire de conjuguer les avantages des classes prépas et ceux des collèges britanniques ou américains. Tout le monde dit que parmi les plus grandes qualités qu’on attendra des jeunes dans les années à venir il y a l’esprit de créativité et d’innovation. Pour les aiguiser, nous encourageons la pratique artistique avec des ateliers de photo, théâtre, écriture, etc. On dit que les jeunes générations devront être multiculturelles et plurilingue. Nous recevons, sur nos sept campus, 40% d’étudiants étrangers et la troisième année se déroule obligatoirement hors de France. Je vois nos étudiants revenir de Calcutta ou de Tokyo des étoiles plein les yeux. Combien y a-t-il d’étudiants étrangers en prépas et à quel moment leurs élèves partent à l’étranger ? C’est une absolue différence. Enfin, si nos élèves ne passent pas automatiquement d’une année sur l’autre, nous ne faisons pas du stress et de l’angoisse la pierre angulaire de notre enseignement. Je crois qu’on peut être heureux d’étudier. Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’élèves de prépas heureux mais dans quelle proportion?
Quel niveau faut-il pour intégrer Sciences-Po après le bac?
R.D : Le niveau d’exigence monte avec le nombre de candidats et, au final, 80 à 85% des candidats admis en ont eu une mention très bien au bac. Pour ne pas passer l’examen, comme c’est possible si on a une mention très bien au bac, il faut grosso modo avoir plus de 18 de moyenne et nous ne prenons que 15% des élèves qui postulent par cette voie. En fait, nous pourrions supprimer l’examen d’entrée car nous constatons qu’il n’y a aucune distorsion entre le niveau au bac et la réussite. Nous maintenons finalement l’examen que pour ces 15% de reçus qui n’ont pas eu de mention très bien. Ensuite, 40% de nos futurs diplômés arrivent en master et permettent de créer de la diversité dans notre corps étudiant.
Au niveau master quelles sont vos différences avec une école de commerce quand vous délivrez, par exemple, un master en marketing et études qu’on va retrouver sous une forme proche à HEC ou à l’Edhec?
R.D : Nous avons beaucoup de points communs avec HEC. Nous avons d’ailleurs un accord de double diplôme. Qu’est ce qui va être différent ? Chez nous, même en master, la part des enseignements fondamentaux, c'est-à-dire ancrés dans l’étude des sciences sociales et des humanités, reste importante et représente de l’ordre de 20% du total. En 2000 on disait que notre master finance et stratégie décrochait par rapport aux formations de Dauphine ou HEC. On nous reprochait de donner trop de poids à la stratégie et pas assez de mathématiques financières. En 2008, quand la crise est venue, nous n’avons pas eu besoin de le fermer. Dans nos gênes, il y a l’idée que le meilleur terreau d’une vraie professionnalisation est une formation intellectuelle fondamentale. On ne peut pas dire aux jeunes qu’ils vont changer trois ou quatre fois de métier dans leur vie, que les techniques qu’ils utilisent aujourd'hui ne sont pas celles qu’ils utiliseront dans 10 ou 20 ans, et leur donner une formation uniquement technique.
Propos recueillis par Olivier Rollot et Grégory Danel
(1) Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré.
(2) 490 diplômés en 2010, 300 en 1900 quand il y avait 3000 bacheliers.
(3) Si la création de l’École libre des sciences politiques date de 1872, c’est en 1945 que naît l’institut d’études politiques (IEP) de Paris, rapidement appelé Sciences-Po pour se différencier des huit autres IEP.
Un directeur pas comme les autres
En créant en 2001 la filière ZEP permettant à des jeunes issus de milieux défavorisés d’intégrer Sciences-Po, Richard Descoings avait su redonner un coup de jeune à une institution jusqu’alors considérée comme un temple de la bourgeoisie parisienne. Depuis, il a multiplié les voies d’accès et les implantations en dehors de Paris (Dijon, Le Havre, Menton, Nancy, Poitiers et Reims) et réformé le concours d’entrée en 2010. Il est l’auteur en 2010 d’« Un lycée pavé de bonnes intentions » (Robert Laffont). Vous pouviez suivre ses réflexions sur son blog www.richard-descoings.net.
Od Olivier Rollot týždeň Smrti Descoings Richard, na 53, je hlboká strata pre vyššie vzdelávanie a všetkých francúzskom vzdelávacom systéme. Majú radi, alebo nie jeho činy, väčšina úradníkov súhlasil, že potvrdí správnosť jeho analýze. Viac než akýkoľvek iný pomohol presunúť riadky v posledných 20 rokoch. Odchádzajúce Sciences Po z jeho strnulosti, rozbíjať diskusiu o sociálnych nerovností v oblasti vysokoškolského vzdelávania, má skutočne povedomie o všetkých ziel nášho systému. My všetci budeme chýbať. Odporúčam si prečítať veľký rozhovor s ním som mal pred rokom v rámci špeciálneho čísla na svete "sprievodca po bac".
Môžete popísať vo svojej knihe "stredná škola dláždená dobrými úmyslami" (Robert Laffontová) postúpenie systém, ktorý bráni deťom znevýhodnených tried pre prístup k vysokoškolského vzdelávania mimo vysokej školy reformy, ktorá vyjde a ktoré ste sa zúčastnil, čo by to urobiť, aby zmeny, ktoré trvajú? Viac...