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Formation Continue du Supérieur
5 avril 2012

Apprendre autrement à l'ère numérique - Se former, collaborer, innover: un nouveau modèle éducatif pour une égalité des chances

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/extension/docfradesign/design/docfradesign/images/logo.pngAuteur: FOURGOUS Jean-Michel, FRANCE. Premier ministre; FRANCE. Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche. Editeur: Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche. Date de remise: Avril 2012. Réf.: 124000169. 237 pages. Télécharger le rapport « Apprendre autrement » à l'ère numérique - Se former, collaborer, innover: un nouveau modèle éducatif pour une égalité des chances.
Présentation
Dans le prolongement d'un premier rapport rendu public en février 2010, sur l'équipement des écoles en outils numériques (« Réussir l'Ecole numérique »), M. Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines, a été chargé par le Premier ministre d'une seconde mission portant sur l'innovation des pratiques pédagogiques par le numérique et la formation initiale et continue des enseignants, du primaire au supérieur.
Extraits
III-5-1 Les universités à l’heure de la pédagogie numérique

Soumise à la compétitivité et à la massification de l’enseignement supérieur, les universités n’ont d’autre choix que de faire évoluer leurs pratiques pédagogiques, suivant ainsi le même chemin que les établissements supérieurs étrangers…
Si dans le classement de Shanghai, les dix premières universités sont pour l’instant anglo-saxonnes, la France, qui ne représente que 1% de la population mondiale, a obtenu 33% des médailles Fields (récompensant chaque année les mathématiciens les plus méritants) et les business schools françaises apparaissent régulièrement dans les premières places des classements internationaux. HEC et ESCPEAP, occupent les deux premières places du classement européen du Financial Times des grandes écoles. La qualité de la formation française est donc reconnue (et enviée). Reste qu’il faut répondre aujourd’hui à une demande massive: de 200 000 dans les années 60, les universités accueillent aujourd’hui 2,3 millions d’étudiants. Entre 2000 et 2015, le nombre d’étudiants dans le monde passera de 100 à 200 millions. La France devrait accueillir dans les prochaines années plus de 50 000 nouveaux étudiants étrangers (Tapie Pierre. Conférence des grandes écoles (2010). Quelle réponse au défi de l’international pour l’enseignement supérieur? En ligne. Consulté le 24 février 2012 http://www.cge.asso.fr/). Or 75% de ces étudiants entrent à l’université. Le marché de l’enseignement supérieur n’est plus national mais international. Et les établissements chinois deviennent de plus en plus compétitifs et concurrentiels sur la scène internationale. En conséquence, les universités françaises doivent améliorer leur offre, leur image et leur visibilité pour garder leur attractivité. Tout le système éducatif et la France y ont à gagner. Ainsi, avec la massification du système, l’augmentation de la diversité des étudiants et l’arrivée des outils numériques, les professeurs d’université n’ont d’autres choix que d’apprendre à différencier leurs pratiques, tout en continuant de proposer des formations d’élite. Aujourd’hui, l’« amélioration des offres pédagogiques» est l’un des premiers enjeux d’avenir pour les universités et les grandes écoles françaises.
Malgré certaines résistances (certains pensent en effet, encore, qu’il suffit d’être un bon chercheur, expert dans son domaine pour être un bon enseignant et partent du principe que c’est en enseignant qu’on apprend à enseigner…), on observe une réelle prise de conscience de la part des enseignants-chercheurs (et des enseignants-formateurs). Le président de l’université de Limoges, Jacques Fontanille, en a même appelé, lors du Colloque International de l’université à l’ère du numérique, en 2010, à une sérieuse « refondation des pratiques pédagogiques » dans les universités.
Plusieurs décisions appuient ce virage:
- Le programme IMHE220 de l’OCDE;
- Le processus de Bologne (engagement à construire un espace européen de l’enseignement supérieur);
- La publication de nombreux ouvrages comme celui de De Ketele221 encourageant la formation pédagogique des enseignants-chercheurs;
- Et plus spécifiquement pour les formateurs d’enseignants, les recommandations du conseil de l’union européenne en 2009 incitant à former les formateurs aux compétences nécessaires pour enseigner.
Un fort courant pédagogique à l’étranger

Le courant américain SoTL (scholarship of teaching and learning ou « compétences en enseignement et en apprentissage ») a essayé de montrer « que l’activité d’enseignement répondait aux mêmes exigences, critères et normes que l’activité de recherche »: les enseignants sont potentiellement tous chercheurs (Rege Colet & Berthiaume, 2009) et les professeurs d’université sont des experts dans leur domaine qui apprennent à partager leurs savoirs. Présenté en 1990, ce courant commence juste à prendre réellement sa place. En Angleterre, le Staff and Educational Development Association (SEDA) et, en Australie et Nouvelle Zélande le Higher Education Research and Development Society of Australia (HERDSA) plaident pour une reconnaissance et une valorisation des compétences pédagogiques des professeurs (Bond, Boud, Lublin et Webb, 1997). Aujourd’hui, de très nombreuses universités américaines, canadiennes, australiennes, asiatiques mais également européennes (Belgique, Suisse, Suède…), proposent des formations pédagogiques pour les enseignants-chercheurs.
Si certains pays ont déjà imposé les compétences pédagogiques dans leur procédure de titularisation (Australie, Norvège, Royaume-Uni, Suède), dans d’autres, le choix relève de l’établissement (États-Unis, Finlande, Nouvelle Zélande, Pays Bas). Certaines universités britanniques et québécoises offrent même un statut différent aux enseignants-chercheurs qui se forment à la pédagogie.
Conseil de l’union européenne sur le perfectionnement professionnel des enseignants et des chefs d’établissement
« Les programmes de formation des enseignants devraient être de grande qualité, fondés sur des éléments concrets et adaptés aux besoins. Les personnes responsables de la formation des enseignants - et, de fait, de celle des formateurs d’enseignants - devraient elles-mêmes avoir atteint un haut niveau universitaire et posséder une solide expérience pratique en matière d’enseignement, ainsi que les compétences qu’exige un bon enseignement.
Il convient également de faire en sorte que les établissements voués à la formation des enseignants coopèrent efficacement, d’une part avec les personnes qui se consacrent à la recherche pédagogique dans d’autres établissements d’enseignement supérieur, et d’autre part avec les chefs d’établissement scolaire. »
III-5-2 Formation et incitation : les deux clés de la réussite

Jusqu’à présent, seule la recherche entre en ligne de compte dans l’évolution de la carrière des enseignants du supérieur. Il est nécessaire aujourd’hui de les inciter à se former aux nouvelles pratiques pédagogiques, notamment par la création d’une prime d’excellence pédagogique.
La formation d’adultes : une spécificité à prendre en compte

L’intégration des IUFM dans les universités pourrait permettre en premier lieu de mettre un terme à une croyance absurde selon laquelle il suffirait d’être un bon enseignant dans le primaire ou le secondaire, pour être un enseignant-formateur compétent. Selon Pierre Frackowiak, « l’expérience peut être utile pour accumuler des trucs qui donnent parfois l’illusion d’avoir du talent. [Mais] incontestablement, la notion de prof expérimenté est suspecte. L’expérience est trop souvent synonyme de conformisme et de conservatisme ». Former des élèves, ne nécessite pas les mêmes compétences que former des adultes. « Pour former de futurs professeurs, il faut connaître les bases de la formation d’adultes, être ouvert à des domaines disciplinaires et transversaux autres que la spécialité d’origine. » Il est nécessaire de pouvoir conduire un groupe d’analyse de pratiques, savoir accompagner un stagiaire. Il faut avoir un profil d’innovateur pédagogique, de manager, posséder un leadership pédagogique.
Inciter à renouveler les pratiques enseignantes par la généralisation des SUP et la création de primes d’excellence pédagogique

Les années 2000 sont marquées par un intérêt croissant pour la qualité des formations universitaires en France et c’est dans ce contexte que les SUP (Services Universitaires de Pédagogie) et le réseau national qui les regroupe, se sont constitués. Ils ont vocation à accompagner les enseignants pour améliorer la qualité pédagogique des formations. Ils ont développé des actions de formations et d’accompagnement des enseignants et enseignants chercheurs, pour favoriser l’innovation, les échanges entre enseignants, et la recherche action en pédagogie universitaire.
Pour l’heure, ces services ne couvrent que 20% des universités. Ils sont surtout implantés dans les universités scientifiques et technologiques, n’ont pas de réelle reconnaissance et demeurent largement dépendants des priorités budgétaires des établissements. Il serait donc nécessaire, comme dans les pays anglo-saxons, de donner à ces services les capacités de se développer et de se pérenniser.
Les Initiatives d’excellence en formations innovantes (IDEFI): un réel début de réponse, un levier vers de nouvelles formations universitaires

Présenté en octobre 2011, les projets IDEFI (Initiatives d’excellence en formations innovantes) entendent faire évoluer les pratiques pédagogiques dans l’enseignement du supérieur, afin de répondre à la diversité des étudiants, favoriser l’égalité des chances et le développement de la formation tout au long de la vie, en:
- Améliorant et diversifiant les contenus pédagogiques,
- Développant des usages numériques et notamment les formations mixtes,
- Réinventant l’organisation et les rythmes de formation,
- Renouvelant les partenariats avec le monde socio-économique,
- Renforçant l’accompagnement des enseignants (par exemple les SUP.).
Doté de 150 millions d’euros, ces 20 projets innovants ne concerneront qu’une minorité d’étudiants, mais ces initiatives ont le mérite de lancer le grand mouvement d’évolution de la pédagogie dans les universités.
Il y aura des changements dans l’enseignement supérieur (et par voie de conséquence dans l’enseignement primaire et secondaire), uniquement si l’activité d’enseignement est fortement valorisée.
Les recherches consacrées au développement pédagogique restent cependant très peu nombreuses, ce qui peut expliquer la forte résistance des universitaires à des formations autres que disciplinaires. Dans ce contexte, la valorisation de la fonction enseignante représente aujourd’hui un enjeu crucial pour les universités (Rege Colet et Berthiaume, 2009).
Il serait ainsi nécessaire de créer une prime d’excellence pédagogique, reposant en partie sur les notations effectuées par les étudiants.
Prime d’excellence pédagogique: prise en compte de l’appréciation des étudiants (Arrêté Bayrou. 1997)
« Pour chaque cursus, est organisée une procédure d’évaluation des enseignements et de la formation. Cette évaluation, qui prend en compte l’appréciation des étudiants, se réfère aux objectifs de la formation et des enseignements. Cette procédure, garantie par une instruction ministérielle, a deux objectifs. Elle permet, d’une part, à chaque enseignant de prendre connaissance de l’appréciation des étudiants sur les éléments pédagogiques de son enseignement. Cette partie de l’évaluation est destinée à l’intéressé. La procédure permet, d’autre part, une évaluation de l’organisation des études dans la formation concernée, suivie pour chaque formation par une commission selon des modalités définies par le Conseil d’administration de l’établissement, après avis du Conseil des études et de la vie universitaire. »
Propositions

Déclencher l’innovation dans les pratiques pédagogiques par la création d’une prime d’excellence pédagogique

- Revoir le recrutement et la formation des enseignants-formateurs,
- Reconnaissance et généralisation des services universitaires de pédagogies (SUP) dans les universités,
- Inciter à la création de liens entre services TICE et service SUP,
- Valorisation et reconnaissance de la partie « enseignant » des enseignants-chercheurs en créant une prime d’excellence pédagogique, reposant sur l’arrêté Bayrou.
- Mise en place d’un e-portfolio pour les professeurs d’universités afin qu’ils regroupent leurs compétences acquises et qu’ils puissent témoigner de leur expertise dans l’enseignement,
- Développer les masters de formation de formateurs... pp.93 et suivantes.

En France, ces modèles font école depuis de nombreuses années. Ainsi pour le supérieur, les universités numériques thématiques268 (UNT), mutualisent, à l’échelle nationale, des contenus pédagogiques produits par des enseignants des établissements d’enseignement supérieur. Ces contenus peuvent être de toute nature (documents, cours, exercices, exemples, etc.). Ils couvrent tous les domaines disciplinaires et sont aussi bien utilisables à distance qu’en présentiel. Les étudiants comme les enseignants profitent donc de ressources qui sont validées par les communautés scientifiques des UNT. Ces dernières ne se cantonnent pas à la simple collecte de ressources pédagogiques existantes, mais peuvent aussi en produire. Même si la logique d’ouverture et de gratuité domine, certains contenus peuvent être payants ou accessibles uniquement aux partenaires des UNT. p.107
Ceci doit se traduire par des démarches de normalisation de la description des ressources pédagogiques produites par les enseignants (à l’instar du ScoLOMFr pour l’enseignement secondaire ou SupLOMFr pour l’enseignement supérieur). Elles doivent donc être mises en oeuvre et déployées à tous les niveaux des chaines de production, publiques comme privées, pour garantir la visibilité et la facilité d’accès à ces ressources comme pour en faciliter leur gestion. p.108
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/extension/docfradesign/design/docfradesign/images/logo.png Author: Jean-Michel Fourgous, FRANCE. Prime Minister; FRANCE. Ministry of Higher Education and Research. Publisher: Ministry of Higher Education and Research. Due Date: April 2012. Ref.: 124000169. 237 pages. Download the report "Learning differently" in the digital age - Learning, collaborate, innovate a new model of education for equal opportunities.
Presentation

As an extension of an initial report released in February 2010, on equipping schools with digital tools ("Pass the Digital School"), Jean-Michel Fourgous, deputy of the Yvelines, has been instructed by the Prime Minister for a second mission on innovation in teaching practices by digital and initial and continuing training of teachers, from primary to tertiary.

Extracts

III-5-1 Universities in the era of digital pedagogy
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