Autonomie, acte IV. Au 1er janvier, avec huit nouvelles universités, près de 100% d'entre elles auront appliqué, un peu plus de quatre ans après son vote, la loi relative aux responsabilités et aux libertés des universités (LRU). Une réforme régulièrement mise en avant par l'exécutif comme une des transformations majeures du quinquennat. De fait, elle permet aux universités autonomes de gérer désormais leur masse salariale, leurs ressources humaines, leur budget global, voire, pour une poignée d'entre elles, leur patrimoine. Avec cette dernière vague, l'Etat aura transféré plus de 130500 emplois et une masse salariale de près de 8,3 milliards d'euros.
« L'autonomie a redonné de la souplesse, de la créativité et de la réactivité aux universités, politiquement, c'est un signe fort de confiance. Dans un contexte où elles sont un aspect majeur de notre compétitivité, on ne pouvait pas en rester au modèle du XIXe siècle », défend le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Laurent Wauquiez. Il souligne parmi les changements, le développement des partenariats à l'international, une meilleure coopération avec le monde économique, l'accent sur l'insertion professionnelle des étudiants ou encore une « approche plus imaginative de la formation » avec la multiplication de cursus croisés etc.
« L'autonomie a un coût » La LRU a aussi poussé à innover dans la politique de ressources humaines et à accueillir plus facilement des professeurs étrangers. « Cela fait partie des réformes majeures et fondatrices sur lesquelles plus personne ne reviendra, veut croire Laurent Wauquiez. Les socialistes ont là-dessus clairement été archaïques. Aujourd'hui, les présidents d'université discutent du budget, du modèle, pas de l'autonomie. »
Mais c'est justement au sujet des moyens que la mise en oeuvre de la réforme a connu en novembre, un de ses accrocs majeurs, avec l'annonce par le ministère de la mise sous surveillance par les recteurs du budget de plusieurs établissements, après deux exercices successifs en déficit, en vertu d'un décret de 2008. Ceci, alors que le gouvernement met régulièrement en avant « une hausse sans précédent » du budget pour le secteur, (+23% en moyenne pour le fonctionnement des universités depuis 2007, selon le ministère). Ces déficits sont essentiellement liés au changement des règles comptables entraîné par l'autonomie, mais aussi à la gestion de la masse salariale, et notamment au GVT (glissement vieillesse technicité).
« Aujourd'hui, le problème de l'autonomie, qui est une très bonne chose et a permis de dynamiser les universités, est qu'elle a un coût, qui n'avait pas été prévu », relève Louis Vogel, président de la Conférence des présidents d'université (CPU). « L'autonomie pourrait être victime de l'absence de moyens et de prévisions », avance-t-il. Il plaide pour la définition avec le ministère d'indicateurs clairs , notamment sur la masse salariale ou la formation des personnels, définissant qui finance quoi pour une meilleure visibilité. Pour Laurent Wauquiez, ces déficits ne doivent « pas être l'arbre qui cache la forêt, les présidents se sont révélés globalement de bons gestionnaires. On ne peut rattraper en un claquement de doigts trente ans de sous-investissement dans l'enseignement supérieur. Dans un contexte de rigueur, ce secteur reste notre priorité ».
Le ministre prévoit d'assouplir le décret de 2008 « trop rigide ». Il travaille aussi sur le système baptisé « Sympa », de répartition des dotations aux universités, pour plus de visibilité, avec un engagement pluriannuel. Si la CPU se dit ouverte au dialogue sur Sympa, en revanche, prévient Louis Vogel, face à un budget 2012 contraint - les dotations seront connues en janvier -, « nos universités restent moins bien dotées que la moyenne des pays développés. La CPU ne peut participer à un groupe de travail qui visera à répartir la pénurie. »
Quatre vagues successives Après le vote de la LRU en août 2007, 18 universités pionnières sont passées à l'autonomie au 1er janvier 2009, suivies de 33 autres au 1er janvier 2010 puis 22 en 2011. Dernière vague au 1er janvier 2012 avec huit universités: Grenoble-3, Lille-3, Lyon-2, Montpellier-3, Paris-8, Paris-10, Perpignan, Université de Toulon et du Var. Celles de La Réunion et d'Antilles-Guyane le feront courant 2012 et celle de Polynésie, en 2013.
Voir aussi Les universités françaises presque toutes autonomes au 1er janvier 2012.
By Isabelle Ficek. As of January 1, nearly 100% of universities will be taken over the LRU. With the key, number of initiatives and changes, but also concerns about how, despite an unprecedented increase in the budget at the beginning of the quinquennium. More...