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Formation Continue du Supérieur
27 janvier 2012

L'Université, leurre de la droite, piège de la gauche

http://img.scoop.it/VBqwRCDmedA6Zl8TzMuNVDl72eJkfbmt4t8yenImKBVaiQDB_Rd1H6kmuBWtceBJPar Guy Burgel, professeur à l'université Paris Ouest-Nanterre La Défense, auteur de "Université, une misère française" (Hachette, 2006). Le gouvernement et le président Sarkozy présentent la loi sur les libertés et les responsabilités des universités (LRU) comme la grande réforme du quinquennat, menée au pas de charge pendant l'état de grâce de l'été 2007. La communauté universitaire est, comme il se doit, plus partagée au gré de ses clivages corporatistes, idéologiques et fonctionnels. Certains dénoncent déjà la baisse du niveau des diplômes comme hier la dévalorisation du baccalauréat. D'autres s'inquiètent d'une pédagogie inadaptée aux couches les moins favorisées de la société que la démocratisation de l'enseignement supérieur devait promouvoir.
Et les présidents d'universités, s'ils déplorent l'insuffisance de leurs budgets, sont quasi unanimes à voir dans l'autonomie de leurs établissements une conquête au moins égale aux franchises médiévales. Bref, un tableau en trompe-l'œil qui rappelle le dénombrement des manifestants par la police et les syndicats les soirs de grève. Mais l'essentiel n'est pas là: non seulement la loi Pécresse n'a rien réglé, mais elle a fait prendre du retard sur la solution des quatre grands problèmes qui se posent à l'Université française depuis des lustres. C'est autant de bombes à retardement, qui attendent la gauche si elle accède au pouvoir, parce qu'elles la mettent devant ses contradictions.
La première est l'articulation entre université pour tous et élitisme républicain. Pendant longtemps, la coexistence a bien fonctionné : un système éducatif global assurait la centrifugeuse sociale, quelques établissements prestigieux accueillaient les meilleurs éléments du système, si l'on veut aller vite, lycées et universités d'un côté, classes préparatoires et grandes écoles de l'autre. Cette efficacité et cette équité relatives ont vécu. Malgré quelques exceptions, la mécanique promotionnelle tourne à l'envers comme un gigantesque filtre socioculturel. Le dysfonctionnement est dénoncé par tous : l'injustice politique s'ajoute à l'inégalité sociale, puisqu'on investit plus en crédits d'éducation pour les plus favorisés. Pour un parti de gauche, la tentation est toujours d'abolir les privilèges, plutôt que de les étendre : supprimer, ou intégrer dans l'université, classes préparatoires et grandes écoles, avec l'appui bien-pensant de ceux qui gardent la rancœur de n'y être pas entrés, au lieu d'élargir leurs méthodes et leurs moyens à l'ensemble du système éducatif. L'obstacle ne sera pas principalement financier pour le parti socialiste et ses alliés, qui veulent mettre l'instruction au centre de leur projet, mais idéologique. En 1984, on s'était trompé de priorité en croyant que la grande révolution dans l'Université serait d'aligner les services d'enseignement des professeurs sur celui des assistants ! L'égalitarisme apparent est rarement un gage de justesse.
Le second défi est pédagogique. Il ne vise pas seulement les méthodes qui sont devenues inadaptées à la nouvelle population, qui fréquente les premiers cycles universitaires. Il faudra en effet les réformer : moins de cours magistraux, moins de spécialisations, plus de méthodologies, voire de rattrapage dans les modes d'acquisition fondamentaux des langages et des raisonnements. Mais l'essentiel n'est pas là. A quoi sert l'enseignement supérieur : à former ou à préparer à un métier? Sous la pression du gouvernement, et parfois de l'opinion, les universités "autonomes" ont massivement "professionnalisé" leur cursus. Elles sont bien mal inspirées d'agir ainsi à contre-courant des évolutions lourdes : une jeunesse peu préparée à choisir son destin quand elle sort de l'enseignement secondaire, un avenir économique imprévisible et incertain de ses métiers. Le parti socialiste aura-t-il la lucidité de lutter contre l'utilitarisme ambiant et de revenir, y compris pour l'Université, aux idéaux de l'école républicaine : éduquer avant d'apprendre, former des citoyens critiques avant des travailleurs experts?
Le troisième chantier, en apparence gestionnaire et financier, est politique. Prises dans le mouvement de désengagement de l'Etat, puis dans la tourmente actuelle du déficit public, les universités sont invitées à aller chercher leurs ressources ailleurs : collectivités locales, entreprises, donateurs privés. Les fondations doivent pourvoir à l'administration de ces fonds disparates. L'innovation n'est pas mauvaise, à une triple condition que la gauche a parfois eu du mal à concilier. Que le contrôle de la "chose publique" et son garant, l'Etat, restent prééminents dans la définition de l'intérêt général. Il faut moins craindre la privatisation rampante de l'enseignement supérieur public que la prolifération d'officines privées qui prospèrent sur le déclin de l'Université. Le second risque est moral. Si des primes d'efficacité doivent être développées parmi les universitaires, des différences de traitements qui deviendraient exorbitantes jetteraient sur l'ensemble de la communauté le même sentiment d'injustice qui détériore les relations dans l'entreprise ou la banque. Il reste à la social-démocratie à prouver que dans l'Université elle peut réussir son mariage avec l'économie de marché, quand l'autonomie et la décentralisation l'ont privée de ses moyens de contrôle habituels. Enfin, il faudra pour la gauche affronter l'opposition des syndicats étudiants pour faire admettre une forte modulation des droits d'inscription. Puisque l'enseignement supérieur n'est pas obligatoire, chacun participe à son fonctionnement à proportion de ses moyens, de la gratuité totale à une contribution significative. Un système de bourses et de prêts généralisés devrait aider à faire passer une mesure, impopulaire, mais juste et courageuse.
Le dernier choix fondamental ramène l'Université dans le défi français: sans immigration, le destin national déclinera, sans étudiants étrangers en nombre croissant, l'enseignement supérieur perdra de l'influence. L'hostilité à l'application de la circulaire Guéant a montré l'ineptie d'une limitation d'entrée d'étudiants ou d'installation de diplômés étrangers dans le pays. Mais il faut aller plus loin.
Comme dans toute période de crise, l'étranger est vu comme un péril, aggravant le déficit, l'insécurité, le chômage, quand ce n'est pas le risque terroriste, alors qu'il est avant tout enrichissement potentiel, économique et culturel. Encore faut-il le vouloir, le faire comprendre et assurer les moyens de sa réussite. Pour les étudiants étrangers, nous n'avons jamais voulu, ni pu vraiment, assurer leur accueil matériel (logement), leur soutien financier (bourses), ni même, ce qui ne coûtait rien, adapter nos procédures pédagogiques. Un témoignage accablant: la politique du chiffre, qui limite le nombre d'années d'inscription en doctorat, pénalise particulièrement les étrangers, retardés par l'apprentissage de la langue, de nos méthodes, de notre culture scientifique.
Les décourager est un non-sens pour le rayonnement et la prospérité future de la France. Ici, la gauche devra affronter la coalition hétéroclite des opinions nationalistes, de la haute administration acquise à des standards européens artificiels, et de certains corporatismes universitaires étroits convaincus de la théorie de la thèse rapide. Beau champ de bataille!
C'est une révolution des mentalités que le Parti socialiste doit promouvoir, avant même des changements d'orientations. L'Université n'est que le reflet de la nation.
http://img.scoop.it/VBqwRCDmedA6Zl8TzMuNVDl72eJkfbmt4t8yenImKBVaiQDB_Rd1H6kmuBWtceBJ Guy Burgel, profesor na univerzite Paris Ouest-Nanterre La Défense, autor knihy "University, francúzsky utrpenie" (Hachette, 2006). Vláda a prezident Sarkozy so zákonom o slobodách a zodpovednosti univerzít (LRU), ako hlavné reformy piatich rokov, viedol k obvineniu stavu milosti v lete roku 2007. Akademickej obci, je, ako by malo byť zdieľané v súlade s jeho divízie právnických, ideologické a funkčné. Niektorí už odsudzovať nižšia úroveň kvalifikácie ako v minulosti znehodnotenia maturity. Iné starosti pedagogiku vhodná pre znevýhodnených v spoločnosti, že demokratizácia vysokoškolského vzdelávania by malo byť podporované. Viac...
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