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Formation Continue du Supérieur
27 octobre 2011

De l'enseignement supérieur de masse à l'économie de la connaissance: la valeur des diplômes en question

http://iredu.u-bourgogne.fr/images/stories/Illustrations/logo_iredu.gifL’IREDU publie le rapport de Jean-François Giret intitulé « De l'enseignement supérieur de masse à l'économie de la connaissance: la valeur des diplômes en question ». L’étude est organisée en trois chapitres. Il s'interroge sur la réalité des rendements de l’enseignement supérieur sur le marché du travail en France et dans le monde. Le deuxième chapitre se focalise sur les évolutions de l'enseignement supérieur de masse en France et ses relations avec le marché du travail. Le dernier chapitre reviendra sur la formation doctorale.
Conclusion du Chapitre 1 - Poursuivre des études supérieures est-il rentable?
Nous nous interrogions dans le titre de ce chapitre sur la rentabilité de l’enseignement supérieur pour ses diplômés. La réponse s’impose assez largement par l’abondance des résultats des recherches que nous avons collectées jusqu’ici: l’enseignement supérieur est, en général, rentable pour ses diplômés. Il l’est certes plus ou moins selon les pays, les données et les méthodes utilisées, mais poursuivre des études supérieures reste dans les années 2000 comme dans les années 90 un investissement payant pour les jeunes.
L'évolution de ces rendements n'est cependant pas indépendante des caractéristiques de l’offre et de la demande de travail qualifié. Le niveau de développement économique du pays apparaît comme un des facteurs les plus déterminants. Si l'on fait abstraction des pays les plus pauvres où l'enseignement supérieur sert principalement à la reproduction des élites qui administrent le pays, on peut interpréter nos résultats en se basant sur la distinction faite notamment par Aghion et Cohen (2004) entre économie d'innovation et économie d'imitation.
Les premières se doivent de rémunérer les plus diplômés pour se rapprocher de leur frontière technologique alors que les secondes privilégient l'embauche de personnel moins diplômé leur permettant cependant de s'adapter aux technologies existantes. Cela explique le faible niveau des taux de rendement de l'enseignement supérieur dans de nombreux pays à revenus intermédiaires notamment, lorsque l'emploi dans le secteur des services y est peu développé. Du coté de l'offre d'éducation, nos résultats suggèrent un léger effet négatif de la massification de l'enseignement mais à partir d'un taux d'inscrits très élevé, qui concerne, tout au plus, une dizaine de pays.
Au final, les résultats proposés dans ce premier chapitre demandent à être poursuivis et complétés, au niveau des pays, des données à collecter, comme au niveau des méthodes à utiliser. La méta-analyse nous semble cependant un outil très utile pour cumuler des connaissances sur un champ de recherche, notamment lorsque celui-ci fait l’objet de controverses. Si elle demeure dépendante, comme tout outil, des choix réalisés par le chercheur dans ses lectures, dans ses hypothèses et dans ses méthodes, elle favorise la confrontation des travaux, ce qui nous paraît essentiel dans la production scientifique.
Extraits de la conclusion du Chapitre 2 - Un retour sur les contradictions de l'université de masse

L'analyse proposée dans ce chapitre souligne l'intérêt de dépasser la théorie traditionnelle de la demande d'éducation, notamment dans un contexte de déclassement d'une partie des diplômés. Écrit il y a plus de 35 ans dans un environnement universitaire très différent, le modèle d'éligibilité apparaît toujours comme un cadre théorique stimulant pour expliquer une partie du comportement étudiant dans le cadre de l'université actuelle. Les différentes estimations réalisées à partir des enquêtes de l'OVE montrent bien que le temps personnel d'études est une variable d'ajustement des étudiants lorsque les débouchés professionnels des diplômés se détériorent. Lorsque le rendement anticipé de leur investissement en capital humain baisse, les étudiants s'ajustent en réduisant leur effort studieux. La dégradation des conditions d'insertion des diplômés conduit les étudiants à moins investir dans le capital humain « universitaire » au cours d’une année d'études, mais le niveau de diplôme qu'ils souhaitent obtenir ne baisse pas. La théorie du filtre peut expliquer cette rigidité à la baisse du nombre d'années d'études, mais, conformément aux prédictions du modèle d'éligibilité, les activités rémunérées des étudiants sont également une variable d'ajustement: une baisse relative de la rémunération des diplômés augmente l'intensité du travail étudiant et la probabilité d'une absence en cours liée à une activité professionnelle. Cependant, alors que la demande de loisirs est supposée stable dans le modèle de Lévy-Garboua, nous montrons que lorsque le salaire relatif des diplômés augmente, les étudiants ont plutôt tendance à augmenter leur effort studieux en diminuant leurs loisirs...
Se pose également la question des compétences réellement acquises au sein de l'université de masse et valorisables sur le marché du travail dans une économie de la connaissance (Paul, 2002). Il n'est pas certain que le temps personnel réservé aux études dans les premières années de licence soit un des modes d'acquisition des compétences les plus efficaces, même s'il augmente en général les chances de réussite au diplôme. La question est importante sauf si l’on considère que ces premières années ne sont qu’une période inévitable de sélection. On a pu voir dans nos recherches que les activités professionnelles en cours d'études, sous forme de petits boulots étudiants, de stages obligatoires ou facultatifs apportent en général une valeur professionnelle qui est rémunérée à la sortie définitive des diplômés sur le marché du travail.
Une meilleure compréhension des différentes compétences acquises par ces jeunes dans les différentes situations d'apprentissage, de leur substituabilité et de leur complémentarité, est un enjeu pour de futures recherches. Ce type de questions bute cependant sur des considérations méthodologiques notamment dans les enquêtes quantitatives: les enquêtes que nous avons utilisées, comme CHEERS et REFLEX, se référent à des mesures autodéclaratives de compétences, acquises ou requises. Outre les risques de biais liés à la subjectivité individuelle, elles ont également tendance à réduire ou limiter les compétences techniques plus spécifiques qui constituent pourtant une partie de l'avantage compétitif des diplômés.
Conclusion du Chapitre 3 - La valeur professionnelle de la formation doctorale dans une économie de la connaissance

Ce troisième chapitre s’interrogeait sur le rôle que pouvait avoir la formation doctorale dans une économie de la connaissance. La réponse proposée, à partir de travaux portant principalement sur les trajectoires professionnelles de ses diplômés, n’est évidemment pas exhaustive. Toute une dimension des recherches sur les apports des diplômés au processus d’innovation interne à l’entreprise, sur la transmission de savoirs tacites dans laquelle ils sont impliqués ou sur les compétences collectives qu’ils contribuent à faire émerger n’a pas été directement prise en compte. Cela pourrait être une piste stimulante pour de recherches futures, notamment à partir de données d’entreprises, qui font défaut dans nos travaux. Analyser conjointement la manière dont les entreprises gèrent l’innovation et leurs ressources humaines peut s’avérer riche d’enseignements pour comprendre les compétences individuelles qu’elles souhaitent favoriser dans leur recrutement.
Le travail que nous avons mené dans ce chapitre souligne cependant toute l’ambigüité du statut de la formation doctorale. Elle doit permettre, dans la majorité des pays, le renouvellement des enseignants-chercheurs et des chercheurs dans le secteur académique. Elle doit également faciliter la dissémination des savoirs académiques en proposant au secteur privé une main-d’oeuvre rapidement performante et susceptible de contribuer au processus d’innovation. Plusieurs recherches montrent pourtant que ces objectifs ne sont pas forcément contradictoires, malgré les difficultés actuelles d’insertion des docteurs, notamment dans le secteur privé. Les compétences attendues par les employeurs du secteur privé recrutant des docteurs peuvent être parfois très proches de celles que l’on peut attendre d’un chercheur ou d’un enseignant-chercheur dans le secteur académique, si l’on fait abstraction des connaissances disciplinaires. On voit par ailleurs, qu’une partie des docteurs s’insère très bien en France dans la R&D, surtout s’ils ont été impliqués durant leur doctorat dans des contrats de recherche plus appliquée.
Pour les autres docteurs, et notamment, ceux qui ont des difficultés à accéder à l’emploi académique, se pose la question de rendre moins irréversibles les choix professionnels faits en amont de la formation. Une formation doctorale unique mais susceptible de sécuriser les trajectoires en facilitant les transitions d’un secteur à l’autre dès le début de la thèse nous apparaît comme l'une des propositions les plus compatibles avec les deux objectifs de cette formation. Cela passe cependant par une réflexion sur la manière dont on peut aider les doctorants à acquérir puis valoriser les compétences qui leur seront demandées dans le secteur privé. Ce n’est pas contradictoire avec l’objectif de former des chercheurs et des enseignants-chercheurs de qualité. Si l’on reprend la proposition de Stephan et Levin (1997) d’analyser l’inscription en thèse comme un contrat implicite entre le doctorant et son directeur de thèse, la sécurisation de débouchés en dehors de la recherche, est un des moyens pour éviter la rupture de ce contrat, présentée comme inévitable par ces chercheurs dans un contexte de dégradation des opportunités d’emploi dans l’enseignement supérieur. Elle permettrait de conserver un vivier de recrutement nécessaire aux carrières académiques en diminuant les difficultés d’une réorientation en cas d’échec. Télécharger le rapport de Jean-François Giret intitulé « De l'enseignement supérieur de masse à l'économie de la connaissance: la valeur des diplômes en question ».
http://iredu.u-bourgogne.fr/images/stories/Illustrations/logo_iredu.gif The IREDU publishes the report by Jean-François Giret entitled "From mass higher education in the knowledge economy: the value of the degrees in question." The study is organized into three chapters. He questions the reality of returns to higher education on the labor market in France and worldwide. The second chapter focuses on the evolution of mass higher education in France and its relations with the labor market. The final chapter will return to the doctoral program.
Conclusion of Chapter 1 - Pursuing higher education is cost-effective?

We wondered in the title of this chapter on the profitability of higher education for its graduates.
The answer is obvious enough largely by the abundance of research results we have collected so far: higher education is generally profitable for its graduates. He is certainly more or less depending on the country, data and methods used, but still pursue higher education in the 2000s as in the 90's a profitable investment for young people.
The evolution of these returns is not independent of the characteristics of supply and demand for skilled labor.
The level of economic development is seen as one of the most important factors. If one ignores the poorest countries where higher education is mainly used for the reproduction of elites who run the country, we can interpret our results based on the distinction including Aghion and Cohen (2004) between the economy innovation and economies of imitation. More...
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