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Formation Continue du Supérieur
16 octobre 2011

L’Alternance dans l'enseignement supérieur dans l'enquête jeunes diplômés de l'APEC

http://www.getalinks.fr/wp-content/uploads/2011/07/apec.jpgEtude Jeunes Diplômés 2011. Interrogés au printemps 2011, 8 mois après l’obtention de leur diplôme, 71% des jeunes diplômés de la promotion 2010 se déclarent en emploi, soit une hausse de 7 points par rapport à l’année précédente. Seuls 24% sont encore en recherche de leur premier emploi. Après une année 2010 difficile, l’emploi des jeunes diplômés est à nouveau sur une tendance favorable. Télécharger le Dossier de presse-étude Jeunes Diplômés 2011 APEC et l'Etude Jeunes Diplômés 2011 APEC.
Extraits du Dossier de presse
: L’alternance: une démarche volontariste!
L’alternance est de plus en plus présente au sein de l’enseignement supérieur : universités et écoles tendent à la proposer en option pour un nombre croissant de diplômes, quand elle n’est pas, dans certains cas, la seule voie disponible. La part des étudiants-apprentis en enseignement supérieur (hors Bac+2) atteignait près de 12% en 2008 – 2009. Qu’elle soit effectuée sous la forme du contrat d’apprentissage ou du contrat de professionnalisation, elle a reçu un soutien fort des pouvoirs publics, notamment à travers le plan Emploi 2011.
Informés par le bouche à oreille plus que par des canaux plus formels, les étudiants se dirigent avant tout vers l’alternance pour bénéficier du financement de leurs études, mettre en application leurs connaissances et se familiariser avec la vie en entreprise. Leur employabilité s’en trouve accrue et leur accès au premier emploi amélioré, particulièrement en période de crise. Ces avantages réels sont cependant à mettre en regard avec l’important investissement en temps, en efforts et en organisation attendu des étudiants alternants, comme d’ailleurs des entreprises et des établissements d’enseignement qui encadrent leur formation.
C’est pour cette raison que l’offre d’alternance est loin d’être homogène: le travail important nécessité par sa mise en place au sein d’une école ou d’une université n’est entrepris que dans les établissements où existe une réelle motivation. En entreprise, la situation n’est guère différente. De plus, la complexité du dispositif en termes de multiplicité des intervenants et de règles administratives a souvent un effet décourageant.
Malgré ces difficultés, on constate qu’il existe une volonté commune aux trois parties concernées (établissements d’enseignement supérieur, entreprises, étudiants) d’accroître la place donnée à l’alternance. Deux motivations communes sous-tendent principalement cette volonté: le financement et la professionnalisation.
De l’avis général, la pratique de l’alternance devrait se développer dans les années qui viennent. Ce développement pourrait être grandement facilité par une plus grande formalisation, notamment dans le protocole d’interaction entre les différents acteurs; une extension de l’offre en termes de disciplines; une meilleure reconnaissance du travail effectué par les tuteurs en entreprise et par les enseignants responsables dans les écoles et les universités; une démarche d’information et de communication auprès des différents acteurs; enfin, une valorisation de l’image de l’alternance, trop souvent encore associée, dans de nombreux esprits, à l’apprentissage des métiers manuels.
Dans le même temps, il faut souligner la lourdeur du dispositif compte tenu des contraintes qu’il impose dans le lien entre les trois acteurs que sont le candidat (qualifié ou non), l'école ou l’université et l’entreprise.
http://www.getalinks.fr/wp-content/uploads/2011/07/apec.jpg Uuring Lõpetajad 2011. Kui küsiti, kevadel 2011, kaheksa kuud pärast lõpetamist 71% lõpetajate klassi 2010 ütlevad tööhõive kasv 7 protsendipunkti rohkem kui eelmisel aastal. Ainult 24% on ikka veel otsivad oma esimest töökohta. Pärast rasket aastaks 2010, lõpetajate tööhõive on taas positiivne trend. Lae Press-uuring Lõpetajad 2011 APEC ja APEC Study Lõpetajad 2011.
Väljavõtteid Press: vaheldumisi: ennetav lähenemine!

Vaheldumine on muutumas levinud kõrghariduses: ülikoolide ja kolledžite kipuvad pakkuda valik üha rohkem kraadi, kui seda pole, mõnel juhul ainult rada olemas.
Üliõpilaste, praktikantide kõrghariduse (va Bac +2) oli ligi 12% aastal 2008 kuni 2009. See toimub vormis õppepraktika lepingu või elukutselise lepingu, mille ta sai tugeva toetuse valitsuselt, eelkõige läbi tööhõive kava 2011. Velle...

Extraits de l'Etude Jeunes Diplômés 2011 APEC: L’Alternance dans l'enseignement supérieur
Contexte

L’enseignement supérieur en formation initiale met traditionnellement l’accent sur la transmission de savoirs et, dans une moindre mesure, sur l’acquisition de compétences directement opérationnelles. Toutefois, on observe depuis plusieurs années un accroissement de l’offre de formations en alternance qui tend à professionnaliser les cursus de l’enseignement supérieur. Selon le ministère de l’éducation nationale, la part d’étudiants-apprentis en enseignement supérieur (hors BTS) est passée de 2,5% en 1995-1996 à 11,7% en 2008-2009.
Si le principe de l’alternance existe depuis longtemps, il a fallu attendre les années 1970 pour que des réflexions s’engagent sur l’utilité d’intégrer des temps de formation en entreprise dans les formations supérieures. Et, ce n’est qu’en 1987 que la loi Seguin a étendu l’apprentissage à tous les niveaux de diplôme de l’enseignement supérieur.
L’alternance a désormais gagné les études supérieures: parmi les jeunes diplômés de niveau Bac +4 et plus en 2010, 11% ont effectué au moins une partie de leur formation en alternance. 75% d’entre eux ont un diplôme de niveau Bac +5. Ce développement rapide de l’alternance témoigne de la volonté de resserrer les liens entre les structures d’enseignement supérieur et les entreprises.
Cette tendance devrait s’accentuer dans les années à venir, notamment au travers des récentes réformes gouvernementales. Dans le plan Emploi 2011, pour favoriser l’alternance dans les entreprises de 250 salariés et plus, le quota en nombre de salariés passe de 3% à 4%, avec la mise en place d’un système de bonusmalus (cf loi de finances rectificative pour 2011).
Ces récentes réformes s’appuient sur l’observation d’une meilleure insertion des jeunes ayant effectué une période d’alternance. Ce mode de formation serait donc une solution contre le chômage élevé des jeunes. Le diplôme ne suffisant plus pour garantir un emploi cadre à la fin des études, la solution proposée est de professionnaliser les parcours.
Définition de l’alternance

L’alternance permet aux étudiants de cumuler sur une même période de formation enseignements théoriques dans un établissement d’enseignement et expérience professionnelle en entreprise.
Il faut distinguer deux types de contrats en alternance:
Le contrat d’apprentissage est accessible aux jeunes entre 16 et 25 ans. Il peut se dérouler sur une période allant de 1 à 3 ans. Cette formation, qui s’effectue lors de la formation initiale, est validée par un diplôme de l’enseignement supérieur ou bien un titre comme celui d’ingénieur. Les apprentis perçoivent une rémunération variant selon leur nombre d’années d’alternance et leur âge. L’apprentissage est géré par les CFA (centres de formation des apprentis).
Le contrat de professionnalisation est aussi ouvert aux jeunes ayant entre 16 et 25 ans et souhaitant compléter leur formation initiale mais il vise plus particulièrement l’insertion de demandeurs d’emploi ayant plus de 26 ans. Sa durée, plus courte, s’étend de six mois à un an. L’objectif de ce contrat est l’acquisition d’une qualification enregistrée dans le répertoire national des certifications professionnelles, il ne donne pas nécessairement accès à la validation d’un diplôme. Cette formation peut être gérée par un OPCA (organismeparitaire collecteur agréé) ou un CFA. Crée en 2004, ce contrat remplace les anciens contrats de qualification, d’adaptation et d’orientation.
Méthodologie

En complément de l’enquête quantitative dont un volet du questionnaire interroge les jeunes diplômés sur le sujet, une enquête qualitative a été menée en mai et juin 2011 pour mieux cerner la pratique de l’alternance au sein de l’enseignement supérieur. Cette étude intègre la vision des différents acteurs concernés:
– étudiants,
– établissements d’enseignement supérieur,
– entreprises.
L’objectif est de mieux comprendre:
– l’accès à l’information sur l’alternance,
– les attentes par rapport à l’alternance,
– les pratiques mises en oeuvre lors de l’alternance,
– les avantages et inconvénients, les motivations et freins pour les différents acteurs,
– les compétences développées et leur évaluation.
La méthodologie a combiné mini-groupes et entretiens individuels.
Cible 1 : Étudiants et/ou jeunes diplômés Bac+ 3 ou Bac+5 :

– un groupe de 5 étudiants actuellement en alternance
– un groupe de 5 jeunes diplômés en premier emploi, ayant suivi une alternance Bac + 3 ou Bac + 5
– des entretiens auprès de 3 étudiants ayant considéré l’alternance et ne l’ayant finalement pas réalisée
Cible 2 : Établissements d’enseignement supérieur

Entretiens en face à face ou téléphoniques auprès de 6 responsables de l’enseignement en alternance (administratif ou responsables d’une formation en alternance au sein de l’établissement).
Cible 3 : Entreprises

Entretiens en face à face ou téléphoniques auprès de 8 responsables de l’enseignement en alternance (services RH ou tuteurs).
■ L’ALTERNANCE : UNE FORMATION RELEVANT D’UNE DÉMARCHE VOLONTARISTE

De plus en plus d’étudiants, d’entreprises et d’établissements d’enseignement supérieur font le choix de l’alternance.
Ce choix ne se fait pas au hasard. Il relève d’une démarche volontariste poussée par les différents avantages
que peut proposer l’alternance.
Les vecteurs d’accès à l’information
Le bouche à oreille est le canal d’information principal pour les étudiants

Pour les étudiants, le vecteur principal d’information sur l’alternance sont les alternants ou anciens alternants. Le témoignage des pairs apparaît comme le meilleur moyen d’en appréhender de manière précise les avantages et les inconvénients :
« C’est positif de faire de l’alternance. J’ai pas mal d’amis en alternance, en général tout le monde est assez content,
j’ai été encouragé. » Étudiant
« Ils en ont entendu parler par un copain. Moi, je fais des réunions d’information. J’ai interrogé mes 34 candidats
pour la formation cycle master parmi les pré-master, et j’avoue que plus de la moitié me disent que c’est parce
qu’ils en ont discuté avec Untel. Ce sont les apprentis qui sont nos meilleurs vecteurs. » Grande école de commerce
et de gestion
Les canaux d’information secondaires : les établissements d’enseignement supérieur et les institutions
Les établissements d’enseignement supérieur communiquent de manière croissante. Les formations en alternance font l’objet d’une description détaillée sur les sites Internet des établissements. En outre, des sessions d’information et d’échange sont organisées au cours desquelles des professeurs expliquent le fonctionnement de l’alternance et répondent aux questions d’étudiants souvent très peu informés. Ayant compris l’utilité des témoignages, les professeurs font aussi appel à d’anciens alternants pour qu’ils relatent leur expérience.
« Les professeurs d'apprentissage de 2e année sont venus nous expliquer le pourquoi du comment, comment ça fonctionne, quels sont les atouts, etc. C'était un séminaire de 3 heures, il y avait des apprentis de 3e année qui venaient et qui nous narraient leur quotidien. » Étudiant
Les salons et les forums sont, pour un certain nombre d’étudiants, le lieu où ils entendent parler de l’alternance pour la première fois. Les écoles et les universités tendent à y intensifier leur présence.
« Je suis allée au salon de l’Étudiant à Bordeaux, il y avait plusieurs écoles qui expliquaient leur fonctionnement, avec un stand sur l’alternance. » Étudiant
Dans le but d’informer mais surtout de valoriser l’image de l’alternance, les organismes ou institutions souhaitent également davantage communiquer. C’est le cas de l'Afpa (Association pour la formation professionnelle des adultes), qui a récemment lancé une campagne publicitaire sur le thème de l’alternance.
Une méconnaissance de l’alternance au sein des entreprises L’existence de l’alternance peut se révéler de façon fortuite à ceux qui travaillent dans des entreprises ou administrations où elle est peu ou pas pratiquée. Il suffit par fois de ce point de départ pour les inciter à recruter un alternant et être à l’origine du développement de l’alternance dans leur environnement professionnel.
« J’ai découvert l’alternance par hasard lors d’une discussion informelle avec un intervenant extérieur. » Chef de projets dans une collectivité territoriale
Mais beaucoup d’entreprises n’ont encore jamais eu recours à l’alternance et sont très peu ou pas du tout informées (notamment les PME) sur ce type de formation. Ce sont les étudiants qui doivent alors expliquer en quoi elle consiste et en vanter les atouts pour l’entreprise:
« Finalement, c’est moi qui ai vendu l’alternance. J'ai pris sur Internet des extraits de gouvernement.fr, les aides qu'il proposait à l'entreprise. J’avais aussi appris pas mal de choses dans les salons.» Étudiant
Mais le succès n’est pas toujours au rendez-vous. Un déficit d’information qui pénalise les étudiants et qui les déçoit:
« On n'en parle pas assez dans le secteur de la communication, de la presse ou du journalisme, c’est un manque d’investissement et c’est dommage parce qu'il y a de grands groupes qui ont les moyens de le faire, et c'est juste qu'ils n'ont pas envie. » Étudiant
Des intérêts convergents au développement de la formation en alternance

Étudiants : une motivation initiale qui joint l’utile… à l’utile Être rémunéré tout en poursuivant ses études est l’un des bénéfices non négligeables de ce type de formation. Même si le salaire est modeste, il reste un élément décisif dans le choix de l’alternance.
« Je voulais faire une école privée, au début, et c'était assez cher, je ne pouvais pas la financer, et c'est venu au cours d'une discussion avec un ami qui m'a dit : « mais pourquoi tu ne le fais pas en alternance, ce sera financé par ton entreprise et en plus tu es rémunérée. » Je me suis dit: c'est le bon plan pour payer l'école que je ne peux pas me payer. » Jeune diplômé
« Évidemment, l’intérêt, c’est de gagner un salaire, surtout à Paris en arrivant de Bordeaux, et que l’on doit payer son appartement tout seul. » Étudiant
L’expérience longue en entreprise est le second aspect déterminant dans le choix des étudiants. L’alternance leur permet de confronter théorie et pratique…
« Ce qui m’attirait vraiment dans l'alternance, c’était d’être en entreprise pour apprendre très vite et mieux, comprendre mieux les cours à l’école, et mettre en application les cours en entreprise. » Étudiant
…mais aussi de mieux comprendre l’utilité des connaissances acquises en les mettant en application:
« Professionnellement, je ne voyais pas où je pouvais aller avec ce que j'apprenais, et comme les ressources humaines m'intéressaient, je me suis dit: je vais me mettre un défi, découvrir le monde de l'entreprise. » Jeune diplômé
Les stages effectués précédemment peuvent aussi inciter à trouver une formation qui leur permet de retrouver la vie en entreprise:
« J’ai beaucoup apprécié d’être en entreprise lors des stages, et donc j’ai cherché à poursuivre mes études en gardant un pied dans l’entreprise. » Jeune diplômé
Enfin, rendre plus aisée leur insertion professionnelle future fait aussi partie des objectifs des candidats à l’alternance. Dans un contexte économique en crise, où les entreprises favorisent souvent le recrutement de jeunes ayant eu un premier emploi, se prévaloir d’une ou plusieurs années d’expérience en entreprise ne peut qu’être un plus lorsque, une fois diplômé, on arrive sur le marché de l’emploi.
« Quand j’ai fait le master 1, je me suis dit: l’année prochaine
je vais le faire en alternance parce que c’est mieux, on acquiert une expérience professionnelle, on est payé, pour l’embauche c’est facile de trouver une entreprise en venant de l’alternance plutôt que de la formation initiale.» Étudiant
Certains ont même déjà à l’esprit leur recherche d’emploi futur et candidatent dans des entreprises où les
perspectives d’embauche existent.
« Si j'avais un conseil à donner, ce serait de trouver un apprentissage dans une entreprise qui embauche après les 3 ans. Il faut l'avoir en tête déjà à l'entretien. » Étudiant développement RH
La législation française impose désormais aux entreprises de plus de 250 salariés un minimum de 4% de contrats en alternance.
« On a des obligations en fait. L’État oblige les entreprises à prendre un certain nombre d’apprentis. On essaye de remplir cette obligation du mieux possible. » Multinationale secteur restauration
Ces entreprises y sont d’autant plus incitées qu’un système de bonus-malus a été mis en place. Celles dépassant le quota imposé recevront une prime par contrat signé; celles qui ne l’atteignent pas se verront dans l’obligation de payer une taxe.
Les entreprises de moins de 250 salariés sont elles aussi encouragées à recruter des alternants, puisqu’elles pourront bénéficier d’une exonération totale de charges pendant 6 mois si elles dépassent les 4% de contrats en alternance.
Mais la plupart des entreprises qui recrutent des étudiants en alternance le font volontairement. L’alternance représente aussi un intérêt financier pour les entreprises. Elle permet de bénéficier du travail d’étudiants ayant déjà plusieurs années d’études derrière eux et capables de remplir des missions qui pourraient être confiées à de jeunes diplômés, avec des rémunérations sensiblement inférieures.
« Cela permet d'avoir quelqu'un de moins payé sur une certaine durée. » Organisme de formation
« C’est, et il ne faut pas s’en cacher, l’opportunité de faire travailler des gens à des salaires pas très importants, et d’avoir en même temps de bons profils, souvent. » Groupe banque-assurances
Les alternants apportent, du fait de leur âge, de nouvelles façons d’appréhender les problèmes ou de traiter les sujets:
« C’est recruter des jeunes, et recruter des jeunes, c’est du sang neuf, c’est une autre vision des choses. » Groupe banque-assurances
« Ce que j'adore, dans le principe d'avoir un stagiaire ou un apprenti, c'est la fraîcheur, le fait que quelqu'un arrive tout frais tout beau qui a besoin d'apprendre plein de choses, mais qui en même temps va m'apprendre plein de choses… Ils ont une rapidité de travail dans l'exécution que j'avais quand j'avais leur âge et que je n'ai plus. Dans la réflexion, c'est plus lent, parce qu'ils apprennent à réfléchir et je suis là pour les aider, c'est un vrai échange, c'est ça que j'aime.» Collectivité territoriale
Mais l’alternance, pour les entreprises, c’est aussi la possibilité de former des jeunes qui deviendront ensuite des cadres de l’entreprise. Certaines entreprises voient donc l’alternance comme un temps de formation, mais aussi une période d’essai qui leur permet d’appréhender le travail de l’étudiant et sa capacité à s’intégrer dans l’entreprise. Pour les universités et écoles, développer les formations en alternance permet de joindre l’utile à la demande Les établissements d’enseignement supérieur perçoivent l’alternance comme un mode de formation privilégié pour répondre à cette mission essentielle qu’est leur rôle dans l’insertion professionnelle des jeunes:
« On voit bien que l'alternance aujourd'hui, c'est le futur. Parce qu'aujourd'hui notre mission elle a changé aussi, ce n'est plus que de la formation, il y a derrière aussi l'insertion professionnelle. Et l'alternance justement, c'est vraiment un point positif pour l'insertion professionnelle. Le jeune signe un contrat en tant que salarié et derrière, ça pousse plus l'entreprise à l'intégrer et à l'embaucher pour un CDI. Et ça aussi c'est notre rôle. On est partenaires dans cette mission pour le jeune. » IUT région parisienne
L’aspect financier est aussi un élément moteur pour les universités et les écoles car l’alternance permet de financer une formation alors que les aides publiques font défaut:
« Aujourd'hui, nous avons besoin de plus en plus de ressources propres, nous les instituts publics. L'apprentissage, et l'alternance en général, apportent des ressources propres. On a de moins en moins d'allocations du ministère. Aujourd'hui, il faut aller chercher les finances. » IUT région parisienne
Elles créent donc, à coté de leur offre classique, des formations en alternance: 62% des jeunes diplômés Bac +4 et plus interrogés ont mentionné que leur formation en alternance existait aussi en formule classique. Pour 38%, leur formation n’était possible qu’en alternance.
Les freins au développement de l’alternance
L’alternance conserve parfois une mauvaise image auprès des différents acteurs

Toutes les expériences de formation en alternance ne sont malheureusement pas positives. Le bouche à oreille peut aussi avoir un impact négatif :
« J'ai des amis qui ne me conseillent pas du tout l'alternance parce que c’est un petit salaire par rapport aux tâches effectuées; on se fait exploiter. » Étudiant
« Un ami qui était apprenti, et qui a une année de plus que moi, a eu une mauvaise expérience ; cela m’a un peu refroidi. » Étudiant
En outre, l’alternance souffre encore aujourd’hui d’idées préconçues. L’idée selon laquelle elle est réservée à des formations manuelles ou techniques, moins valorisées que les études supérieures, est toujours prégnante:
« Pour moi, les apprentis, c’était forcément l’apprenti plombier, l’apprenti électricien, qui travaille dans le bâtiment, avec peu de diplômes, etc. J’ai été agréablement surprise de savoir qu’il y avait des systèmes d’apprentissage en alternance à des hauts niveaux d’études. » Chef de projet dans une collectivité territoriale
« L’idée, c’est que l’apprentissage c’est pour des gens qui ne peuvent pas faire autrement parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer leurs études, que c’est une formation de second plan, qu’ils n’ont pas le même niveau que les autres, qu’on ne leur donne pas la même formation…» Grande école de commerce et de gestion
L’offre de formation en alternance est inégale selon les filières d’études

Des étudiants motivés par le principe de l’alternance peuvent être contraints d’abandonner cette idée car leur filière d’étude ne propose pas de formation de ce type. C’est le cas des filières à dominante politique, culturelle ou encore scientifique avec comme discipline principale les mathématiques ou la physique:
« C'était très dur de trouver des entreprises en alternance dans le secteur dans lequel je voulais travailler. Ils ne prenaient pas en alternance, ou ils ne connaissaient pas. J'ai eu beaucoup d’entretiens, et c’est moi qui présentais l’alternance, le contrat, ce que l'État faisait, les avantages, mais au final ça n’aboutissait pas. » Étudiant
L’inégale répartition de l’offre de formation en alternance s’explique par l’engagement important que nécessite la création de ces formations au sein des établissements d’enseignement supérieur

Si l’alternance reste encore aujourd’hui une formation marginale, c’est parce qu’il n’y pas beaucoup d’incitations à créer ce type de parcours au sein des établissements. Le système universitaire actuel qui, pour l’évaluation des enseignants, valorise davantage le volume de publications produites que l’accès à la professionnalisation des étudiants, empêche l’alternance de prendre plus vite de l’ampleur. Ceux qui souhaitent la développer (souvent des enseignants) doivent alors faire preuve d’un véritable engagement. La mise sur pied de ce type de formation se traduit en effet par de multiples tâches additionnelles:
« Créer la maquette de la formation, le calibrage des cours, le recrutement des enseignants et des étudiants, la gestion quotidienne, les réunions de tuteurs, les portes ouvertes, régler la logistique… » Université parisienne
« J’ai toujours considéré qu’on était une petite entreprise,
on gère tout. » Université parisienne
Mais cet investissement reste peu valorisé par la hiérarchie, surtout dans le cadre de l’Université. Par conséquent, plusieurs établissements d’enseignement parlent de la difficulté à recruter des tuteurs pédagogiques: « Vous parlez de la motivation des enseignants? Ça va être compliqué, là ! Je ne vais pas vous cacher que c'est quand même une grosse charge; et puis il faut être très pro face à l'entreprise, donc les enseignants ne vont pas se battre. » IUT région parisienne
La multiplication des offres de formation en alternance est donc, encore aujourd’hui, le fruit d’initiatives individuelles, le fait d’enseignants personnellement convaincus de son utilité et prêts à porter ce projet:

« Au niveau de l’école, je pense que c’est très lié à des individus. C'est-à-dire qu’à un moment donné, il y a des personnes qui se sont investies et qui ont vraiment voulu que ça se développe. Le précédent responsable de l’apprentissage, qui est actuellement doyen de l’école, a beaucoup travaillé dans ce sens. » Grande école de commerce
L’alternance peut avoir un impact financier, notamment pour les petites entreprises

Avoir recours à l’alternance n’est pas anodin pour les PME en termes de gestion de trésorerie et de conséquences possibles sur l’équilibre budgétaire. En effet, embaucher un alternant alors que les aides ne sont pas confirmées constitue en quelque sorte un pari financier sur l’avenir. « Il y a aussi quelque chose qui est un peu un frein, c'est que malgré tout, ça coûte cher, et les opérationnels pensent en général que ça coûte à peu près la même chose qu'un stagiaire, mais ça coûte plus cher. Alors effectivement, l'OPCA prend en charge une partie, mais jusqu'à un certain point, c'est-à-dire que lorsqu'on prend un alternant, on le recrute et ce n'est que plus tard qu'on sait si l'OPCA prend en charge ou non son école. » PME éditeur de logiciels/étudiant en contrat de professionnalisation. Les frais de scolarité à la charge de l’entreprise constituent une deuxième prise de risques, si l’alternant pose problème:
« L’école a fait signer un contrat comme quoi les frais de scolarité sont de 9000 euros l’année. Que l’étudiant vienne ou ne vienne pas, les frais de scolarité sont dûs. (…) Et puis, il y a là un contrat tripartite, entre l’entreprise, le salarié et l’école. Donc, on sait très bien que si on met fin à un contrat en alternance parce qu’on se rend compte, a posteriori, que le candidat ne fait pas l’affaire, il faut aussi couper le contrat avec l’école, avec toutes les conséquences financières que ça peut avoir. » PME éditeur de logiciels
D’où l’attitude fréquente de petites structures qui hésitent ou rejettent l’idée de faire appel à des alternants.
Une sélection double pour les étudiants
Au sein des établissements: des critères de sélection plus nombreux

Accéder à une formation en alternance n’est pas chose facile: 78% des diplômés de niveau Bac +4 et plus ont dû
passer par un processus de sélection. Échapper à la sélection semble même être impossible au niveau Bac +3, puisque 84% des étudiants disent l’avoir subie.
Parmi les Bac + 4 et plus, le constat n’est pas uniforme: le pourcentage de jeunes diplômés ayant répondu positivement à la question sur la sélection s’élève à 93% pour les écoles d’ingénieurs. En revanche, la mise en place d’une sélection à l’entrée de l’alternance est moins la norme au sein des écoles de commerce et de gestion, puisque 35% des jeunes diplômés répondent négativement à cette question. La sélection se fait plus souvent à l’entrée quel que soit le cursus choisi. L’option alternance est alors accessible à tous les étudiants.
Dans les autres types d’établissement, le processus de sélection est formalisé en plusieurs étapes. Hormis l’examen du dossier, qui est souvent un mode de sélection préalable même dans un parcours classique, avoir un projet professionnel bien défini s’est révélé indispensable pour la moitié des répondants alternants. Le fait d’avoir déjà fait ou non de l’alternance ne s’avère pas discriminant.
Au-delà du niveau, les futurs étudiants doivent réunir deux qualités fondamentales: la capacité à se projeter dans un univers professionnel, et une volonté forte de suivre une année riche en termes de formation, mais exigeante sur le plan personnel.
« Les étudiants qu’on admet définitivement nous ont convaincus qu’ils savaient dans quoi ils mettaient les pieds, et qu’ils avaient une petite idée du boulot qu’on allait leur demander. » Université parisienne
Ces préalables sont considérés comme incontournables pour éviter un échec assuré:
« Il y a une sélection en entrée, c'est-à-dire que dans notre licence on va sélectionner en fonction de leur niveau mais aussi de leur motivation de faire de l'alternance, sinon ça ne marchera pas. Un jeune pas motivé, ça ne marchera pas. » IUT région parisienne
Trouver une entreprise: deuxième étape indispensable pour pouvoir effectuer sa formation en alternance

Pour la majorité des étudiants, l’admission dans la formation en alternance souhaitée ne suffit pas pour garantir qu’ils pourront l’effectuer. Il leur faut convaincre une entreprise de les accueillir, au risque de devoir repousser leur projet de quelques mois dans le meilleur des cas, ou d’y renoncer parfois:
« Dans ma formation, sur dix personnes, deux n’ont pas trouvé d’entreprise, ils sont passés en formation initiale. » Étudiant
« Comme je n’ai pas trouvé d’entreprise, je n’ai pas pu intégrer mon école. » Étudiant
Sans préparation et n’ayant pas conscience de la difficulté qui les attend, certains étudiants commencent leur recherche tardivement et échouent:
« La grosse difficulté, c’est que le cursus commence en octobre et donc quand ils ont été sélectionnés, ils ont jusqu’en octobre pour trouver une entreprise. Après, s’ils n’ont pas trouvé, soit ils intègrent l’école comme étudiants, soit ils n’intègrent pas l’école si c’est un problème financier. » École de commerce et de management Midi-Pyrénées
Les étudiants des grandes écoles sont avantagés sur ce point. Grâce à leur notoriété et à la qualité de leur enseignement, les grandes écoles ont depuis longtemps développé des relations étroites avec les entreprises françaises et internationales de premier plan.
« Jusqu’à présent, on a plus d’offres d’entreprises que de candidats. On n’a pas de problème de ce côté-là. » Grande école de commerce
Un recrutement proche de celui d’un salarié classique

La quête d’une entreprise d’accueil pour l’étudiant et celle d’un alternant pour l’entreprise sont quasiment similaires aux démarches mises en oeuvre dans le cadre d’un contrat de travail classique:
« C'est vraiment un processus classique d'embauche. J’ai vu une quinzaine de sociétés. » Étudiant
« Au départ, il y a eu une publication d’annonce. Elle nous a envoyé son CV. Son CV nous a intéressés et on l’a convoquée pour des entretiens. Enfin, un recrutement tout à fait classique. » Institut d’études médias
■ DÉROULEMENT DE L’ALTERNANCE
Quelques repères chiffrés sur l’alternance
Profil des alternants

Les étudiants ayant réussi les différentes étapes de la sélection ont donc signé un contrat avec l’entreprise et leur établissement d’enseignement. Deux types de contrat coexistent actuellement: le contrat d’apprentissage et le contrat de professionnalisation.
Le premier domine largement puisque 70% des anciens alternants diplômés de niveau Bac + 4 et plus déclarent avoir signé un contrat d’apprentissage. Ce contrat est surreprésenté au sein des universités et des écoles de commerce et de gestion avec respectivement 76% et 75% d’alternants en contrat d’apprentissage. Le contrat de professionnalisation ne concerne que 30% des diplômés. Si le contrat d’apprentissage est aussi le contrat majoritaire chez les Bac + 3, 41% des diplômés de niveau Bac + 3 ayant fait de l’alternance ont cependant signé un contrat de professionnalisation.
La majorité des jeunes diplômés de niveau Bac +4 et plus ont effectué leur période d’alternance en cinquième année, donc au niveau master 2. C’est le cas pour un peu plus des trois quarts des apprentis, et plus de la moitié des étudiants ayant signé un contrat de professionnalisation.
Toutefois dans certaines formations, l’alternance peut s’étaler sur plusieurs années ou être proposée durant les années de formation précédentes. Ainsi, au sein des écoles d’ingénieurs, 65% des diplômés de niveau Bac + 4 et plus répondent avoir été en formation alternée en troisième année. Les écoles de commerce et de gestion et les universités, au contraire, offrent essentiellement la possibilité de faire de l’alternance au niveau master 2.
À la différence d’une première embauche, la rémunération est peu négociable. Des grilles de salaires existent qui intègrent le niveau d’étude, l’expérience, l’âge. Les marges de manoeuvre sont faibles.
On observe une nette différence entre le salaire d’un apprenti et celui d’un alternant en contrat de professionnalisation. En effet, un étudiant ayant plus de 21 ans aura reçu, dans le cas de l’apprentissage, au minimum 53% du SMIC (s’il effectue sa première année d’apprentissage) et, dans le cas d’un contrat de professionnalisation, 80% du SMIC. Le contrat de professionnalisation s’adressant aussi aux demandeurs d’emploi de plus 26 ans, ces derniers sont payés au moins au SMIC.
Ces différences de salaire entre les deux types de contrat peuvent avantager les apprentis au détriment des étudiants en contrat de professionnalisation qui trouveront plus difficilement une entreprise d’accueil lorsque celle-ci cherchait une main d’oeuvre à un coût similaire à celui d’un stagiaire.
Panorama des entreprises qui recrutent en alternance

Parmi les anciens alternants ayant un diplôme de niveau Bac +4 et plus, 40% ont effectué leur alternance dans une entreprise du secteur de l’industrie et la moitié dans les services.
Ce sont les entreprises de taille importante qui ont le plus recours à l’alternance. 43% des jeunes diplômés ont effectué leur alternance dans une entreprise ayant plus de 5000 salariés. Les PME, au contraire, semblent délaisser ou méconnaitre ce type de contrat.
L’alternance au quotidien et ses difficultés
L’écart entre théorie et pratique

Les étudiants, immergés dans le monde de l’entreprise, doivent en intégrer rapidement les codes et gérer en intelligence de situation ce qui n’est pas enseigné en cours :
« Ce qu’on subit au quotidien, ça ne s’apprend pas à l’école. Et c'est dommage parce que je trouve que c'est encore plus important que la tâche en soi. Grâce à l'expérience professionnelle, j'ai du recul sur les choses. On sait comment anticiper, comment réagir, comment prendre sur soi, s'il faut répondre ou pas. » Étudiant
L’écart entre la théorie et la pratique est d’autant plus important que le métier de l’entreprise ou bien la mission confiée est éloignée du sujet étudié pendant les cours.
« C'était très difficile parce que j'étais dans le journalisme, et là mon alternance concernait la presse. Ça a un lien, mais ce n'est pas tout à fait la même chose. C'était un peu dur de préparer mes partiels parce que c'était éloigné de ce que j'apprenais. Alors que la première année, j’étais en communication, à l'école et en entreprise. » Étudiant
Un rythme difficile pour les étudiants et les entreprises
La particularité de l’alternance est la coexistence de temps en entreprise et de temps en établissement d’enseignement supérieur. Le rythme peut être très variable d’une formation à l’autre. Une même semaine, voire parfois une même journée, peut être séparée en temps en entreprise et en temps d’enseignement théorique. Certaines formations préfèrent, au contraire, juxtaposer des temps longs d’enseignement et de vie en entreprise.
Pour l’ensemble des alternants, le rythme le plus fréquemment suivi est celui qui conjugue cours et temps en entreprise sur une même semaine. 31% des jeunes diplômés de niveau Bac + 4 et plus issus d’une université ont suivi ce rythme durant leur période d’alternance (ce chiffre s’élève à 44% pour les Bac +3).
Les écoles de commerce et de gestion semblent préférer majoritairement les temps plus longs allant d’une semaine complète à plusieurs mois d’affilée d’enseignement, puis une période similaire dans l’entreprise.
Il ne semble pas y avoir de règle pour les écoles d’ingénieurs puisque 30% des répondants ont connu un rythme de moins d’une semaine à l’école et moins d’une semaine en entreprise, et 29% déclarent avoir été trois mois ou plus à l’école puis deux mois ou plus en entreprise. Ils sont donc quasiment aussi nombreux à avoir connu le rythme le plus rapide et le rythme le plus lent. Finalement, s’il existe une grande disparité au niveau des rythmes d’alternance, aucun ne recueille l’adhésion unanime des deux types d’acteurs auquel il est imposé: l’étudiant et l’entreprise.
L’étudiant, quel que soit le rythme de sa formation en alternance, doit atteindre un double objectif extrêmement exigeant: être performant à la fois pour l’école et pour l’entreprise. Cette exigence est d’autant plus difficile à atteindre pour les étudiants qui suivent une formation au rythme court car ils doivent travailler et rendre leurs travaux pour l’établissement d’enseignement alors qu’ils sont en entreprise la moitié de la semaine.
« C’est dur, j’ai par exemple six projets à rendre pour ce mois-ci. Je me lève à 6 h du matin, après mon travail en entreprise, je rentre le soir et je continue à bosser pour rendre le projet à temps. C’est fatigant. Ça fait aussi 6 mois que je n’ai pas pris de vacances. Et je travaille beaucoup le week-end. » Étudiant
Ce type de formation nécessite une bonne organisation du travail, mais elle requiert aussi beaucoup d’agilité mentale pour s’adapter aux différents passages entre le monde scolaire et celui de l’entreprise. L’étudiant doit avoir la capacité de basculer en temps réel des problématiques du monde de l’entreprise à celles du monde universitaire, et inversement.
« Quand on est en entreprise, on est pris dans le boulot, et quand il faut revenir en cours pour réviser les partiels, il faut s’y remettre. » Jeune diplômé
L’enjeu est de tenir dans la durée.
« Le stage, c’est 3 mois, et ce qu’on est capable de faire en 3 mois, on ne peut peut-être pas le faire 2 ans d’affilée.» PME éditeur de logiciels
Sur ce point, l’alternance se distingue nettement du stage où l’énergie requise est concentrée sur une période plus brève. D’autant que les périodes de congés sont celles d’un salarié, et non les vacances d’un étudiant. Cette question du rythme de l’alternance fait partie des critères prioritaires des entreprises lorsqu’elles recrutent un alternant. Cependant, la plupart des entreprises avouent qu’il leur est difficile de trouver le rythme parfait, ce dont témoignent les établissements d’enseignement supérieur:
« Les rythmes d’alternance, c’est un compromis, il n’y en a jamais vraiment qui soient satisfaisants parce qu’en gros, si les étudiants vous les faites alterner très vite, ils ne perdent pas trop le fil de ce qui se passe en entreprise, mais ça pose d’autres soucis (de déplacement, de suivi, etc.); si vous les faites alterner trop lentement, d’abord, il y a des trous énormes entre les périodes de cours, du coup, ils oublient complètement ce qu’ils ont fait la fois d’avant, et puis en entreprise, c’est pareil, ils vont commencer un truc et ils ne vont pas pouvoir le suivre. » Université parisienne
Selon les secteurs d’activité, les types de métiers, etc., les besoins des entreprises diffèrent:
« En biochimie, le rythme c’est un mois-un mois, car si l’on commence une expérience, il faut la terminer. » Université parisienne
Dans le milieu industriel, les entreprises auront tendance à préférer des périodes de présence supérieures à une semaine d’affilée, mais ce qui sera vrai pour les services de production pourra ne pas convenir à d’autres départements:
« Chaque métier a en fait ses exigences. Quand on est sur de l’analyse business, on ne peut pas se permettre d’avoir des jeunes absents le lundi. Donc la formule lundi-mardi à l’école, et mercredi-jeudi-vendredi en entreprise, ça ne marche pas pour ce département-là. En revanche, pour la comptabilité, on a besoin d’avoir des personnes en début et en fin de mois, qui sont des clôtures. Donc on préfère 2 semaines-2 semaines, ou 3 semaines-1 semaine. On est obligé de regarder vis-à-vis des contraintes métiers. » Multinationale secteur restauration
Cette contrainte de temps de présence de l’apprenti doit être anticipée et gérée par le maitre d’apprentissage. Il doit savoir anticiper les priorités en intégrant les temps d’absence de l’alternant:
« Après, la seule contrainte que je vois est celle liée à l'organisation, du fait que régulièrement la personne n'est pas là. Il faut toujours être très carré sur l'organisation. Je pense que c'est une petite contrainte au début, et puis au bout d'un moment on prend le pli. » Organisme de formation
Il semble donc important que ce rôle soit confié à des managers expérimentés:
« On s’assure que le tuteur a le niveau de compétences attendues, les connaissances et le niveau d'ancienneté, les 3 à 5 ans attendus légalement. » Groupe banque-assurances
Des interactions entre les trois protagonistes encore trop peu formalisées

L’alternance est une formation dont la mise en place et le déroulement s’avère complexe car il mobilise une multitude d’acteurs. Au sein de l’université ou de l’école, trois personnes sont en charge du bon déroulement de l’alternance: le responsable des relations entreprises, qui s’occupe principalement des contrats, du suivi de la présence des étudiants; le directeur de la formation; et le tuteur pédagogique, qui suit l’étudiant tout au long de son alternance.
Si l’étudiant, dans l’entreprise, est principalement en relation avec son maître d’apprentissage (appelé parfois « tuteur de l’entreprise »), il peut être en contact avec le responsable alternance au sein du département RH qui s’occupe des aspects administratifs de l’alternance, mais il peut avoir aussi, selon les entreprises, un tuteur hiérarchique qui est le N+1 du maître d’apprentissage. Cependant, selon les entreprises, ces rôles peuvent se combiner de manières diverses, voire, dans le cas d’une PME, être assumés par une seule et même personne. Le plus souvent, le nombre d’acteurs impliqués rend le processus de mise en oeuvre lourd et compliqué.
« L'aspect contractuel est assez lourd à gérer je trouve. (…) On a l'impression parfois que c'est une énorme machine.» Groupe banque-assurances
Le déroulement de l’alternance n’en est pas toujours aisé car les rôles des uns et des autres ne sont pas toujours formalisés.
Des liens maître d’apprentissage-étudiant à géométrie variable

Les relations entre l’étudiant et le maître d’apprentissage peuvent être très variables d’une expérience à l’autre. La plupart des maîtres d’apprentissage remplissent a minima le contrat de base de leur rôle, c’est-à-dire l’organisation du travail, la transmission et l’explication des tâches à réaliser.
« Mon tuteur en entreprise, c'est le chef de projet, j'ai un lien direct avec lui, si j'ai une question, je vois avec lui. » Étudiant
Mais, parfois, le maître d’apprentissage n’est qu’un nom sur le contrat et n’a que peu d’aide à offrir à l’alternant: « Je la vois très peu, elle n'est pas très proche de nous vu que son bureau est assez éloigné du nôtre, on n'a pas trop de contacts avec elle » Étudiant
Le degré d’implication du maître d’apprentissage dépend beaucoup de son rôle dans le recrutement de l’étudiant. Si le maître d’apprentissage est l’initiateur du recrutement d’un étudiant en alternance, il a davantage tendance à prendre son rôle à coeur et consacre du temps et de l’énergie à la formation et à la montée en compétences de l’étudiant. Certains ressentent beaucoup de gratification à voir évoluer leurs étudiants qui « arrivent avec des connaissances et repartent avec des compétences ».
Mais il arrive que l’alternant ait été imposé au maître d’apprentissage par sa hiérarchie, sans qu’il en ait exprimé la demande. Cette situation peut parfois être dommageable à la relation entre les deux protagonistes:
« Je ne connaissais pas Benjamin et nous ne nous étions pas non plus choisis. Je pense que c'est important parce qu'on ne s'était pas rencontrés avant et qu’on était obligés de cohabiter sur le même poste; c’était un peu curieux. » Grande entreprise secteur énergie
La prise en charge de l’alternant peut varier selon la taille de la structure, entre la PME où les managers ont plus souvent tendance à être multitâches, et la grande entreprise où les missions sont plus univoques. « Dans une PME, souvent le personnel est un petit peu partout. Il faut être capable de tout faire et c’est extrêmement difficile d’encadrer quelqu’un qui doit apprendre, qui doit suivre. Pour une question de management. » École d'ingénieurs Rhône-Alpes
En tout état de cause, être maître d’apprentissage n’est pas un talent inné. Certaines grandes entreprises ont donc mis en place des formations:
« C’est une formation qui est référencée et qui permet aux tuteurs de pouvoir s’imprégner de leur rôle en tant que futur maître de formation. (…) On essaie de trouver les sujets susceptibles de les sensibiliser à leur rôle et de les aider dans les responsabilités qu’ils seront amenés à prendre, notamment quand on va leur demander d’évaluer la performance de leur jeune. » Groupe industriel
Des liens étudiant-établissement d’enseignement vécus différemment par les deux parties

Les relations entre l’étudiant et l’établissement d’enseignement supérieur se font essentiellement par le biais du tuteur pédagogique.
Les missions du tuteur pédagogique varient beaucoup d’un établissement à l’autre mais on peut noter plusieurs éléments analogues:

• Suivre l’étudiant durant toute la période de son alternance: le tuteur doit durant l’année rencontrer un certain nombre de fois l’étudiant afin de faire le point sur le déroulement de la période en entreprise. Ces rencontres sont parfois formalisées par une fiche de suivi.
• Le tuteur pédagogique peut être amené à venir sur le lieu de travail de l’apprenti et rencontrer lors d’une réunion le maître d’apprentissage et l’étudiant. Le tuteur doit alors s’assurer de l’intérêt des missions de l’apprenti, de son intégration dans l’entreprise.
• Si l’étudiant rencontre des difficultés au cours de son alternance, le tuteur doit en référer au sein de l’école ou de l’université aux personnes qui s’occupent de l’alternance et plus précisément des relations avec les entreprises.
• Le tuteur doit accompagner l’étudiant sur la rédaction de son mémoire, valider sa problématique et participer à son évaluation lors de la soutenance... Voir la suite dans l'Etude Jeunes Diplômés 2011 APEC.

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