
Une pédagogie différenciée
Un accompagnement individualisé avec un élément commun aux 4 phases: la réflexivité. La Validation de l’Expérience au service d’un projet professionnel (de changement, de consolidation, de promotion,…), à un moment de son histoire professionnelle, dans une situation donnée, milite pour une individualisation du parcours de VAE et de son accompagnement.
Les espaces de réflexivité, au sein d’une démarche d’explicitation des compétences dans un processus de VAE, ne sont pas identiques à chaque individu. La manière dont est organisé un accompagnement, les outils que le conseiller-accompagnateur utilise avec le candidat, aident à l’identification des compétences autant qu’à l’identification des processus au travers desquels les adultes se forment. C’est-à-dire que le retour sur le parcours personnel et professionnel (intégrant les temps de formation, les temps d’emploi, etc.) sollicite un certain nombre d’actions permettant au candidat à la VAE de se former dans ce temps propre à la réflexivité. Le temps de l’accompagnement à la VAE est une démarche de recherche et d’explicitation ainsi que de formation via la formalisation de son apprentissage expérientiel. La réflexivité contribue à avoir un effet formation dans le sens où le candidat accompagné se réfléchit, se pense et se valorise, rythmée par la combinatoire motivation-démotivation.
Dans le contexte de la VAE, qui nécessite la rédaction d’un document de synthèse des expériences et compétences relevées dans le temps de l’accompagnement, nous nous trouvons dans un processus social et psychologique où l’espace/temps de la mise en mots (que ce soit à l’écrit ou à l’oral), en ce qui concerne l’approche biographique (les histoires de vie ou les récits de vie) et la description des tâches, est fondamental au processus de réflexivité et de construction. La réflexivité définit en partie les processus en jeu dans la VAE. L’individu est sollicité et mobilisé dans sa capacité à regarder, observer et formaliser ses compétences.
Enfin, le concept de réflexivité entraîne aussi à une réflexion sur la professionnalisation des conseillers et des outils utilisés. L’espace/temps de l’accompagnement devrait permettre au candidat de « se réfléchir » avec un certain nombre d’outils qui permettraient de décrire, décomposer les étapes, les expériences. Les candidats font cet accompagnement dans un contexte temporel discontinu dont la longueur devrait être variable selon les individus: pour certains, un an est nécessaire à cette réflexion, prise de recul, formalisation par écrit, pour d’autres c’est trop long.
Aussi, la réflexivité est un concept clé qui donne lieu à une remise en question des outils et des parcours d’accompagnement à la VAE. La mise en sens de l’accompagnement doit y être intégrée. La VAE est ainsi, en soi, un temps de formation de et sur l’expérience qu’il faut valoriser.

CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Cette étude qualitative montre que c’est une combinaison optimale de toutes les variables ressources (internes au candidat et propres au processus inter institutionnel de validation) qui amène à la réussite d’un parcours de VAE : représentation de ce qu’est la VAE, moment dans son parcours professionnel, motivation, accompagnement, type de dossier (de preuve) et d’épreuve,…
Intégrer la VAE comme un outil d'orientation
Proposer aux candidats en situation de rupture avec leur projet de validation des solutions alternatives, c'est poser la VAE dans le champ de l'orientation tout au long de la vie. Il est donc important de redéfinir les conditions de réussite du parcours d'accès à la qualification par la construction de partenariats (conseiller AFPA, mission locale, PAIO, CIO, direction RH de l'entreprise, représentants du personnel, conseiller Fongecif, structures d'accompagnement) et par la définition d'une complémentarité de services; c'est ici, semble-t-il, la condition indispensable d'une sécurisation des parcours.
Parmi les variables d’échec, une étude qualitative devrait être faite, par des entretiens approfondis, sur des candidats volontaires, de l’importance du manque de confiance en soi, d’efficacité personnelle et le sentiment de contrôle interne comme facteurs les plus discriminants pour expliquer l’abandon rapide du processus.
Il y a aussi certainement un travail à faire sur ce qu’est l’expérience, comment elle se forme, comment elle se repère, se formalise, se valorise... comment elle est au service d’un projet de développement personnel et professionnel de son auteur, afin que la VAE devienne vraiment un outil au service de la qualifiaction tout au long de la vie.
Conseils donnés par les candidats ayant obtenu leur diplôme:
« La VAE c’est un vrai travail ; ne pas attendre 57 ans (transmission d’un « héritage ») pour faire une VAE pour l’ouverture d’esprit et les connaissances que cela développe; le faire à 25-30 ans; le faire à deux (avec son épouse ou son conjoint); le prendre comme un chantier. »
« Vouloir arriver à quelque chose car ça demande du travail; c’est une expérience très riche qui ouvre des portes. »
« J'ai déjà conseillé la VAE à plusieurs personnes: c’est un réel travail mais avec au bout une promotion dans son métier. »
« Mon conseil : avoir de l’expérience, du temps et être motivé. »

