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Formation Continue du Supérieur
2 juin 2011

"Les universités ne sont pas des usines à chômeurs"

Les universités françaises semblent enlisées dans les profondeurs des classements internationaux. Pensez-vous que cela va changer?
- Ces classements ont donné un coup de fouet à nos universités, un temps un peu endormies. Depuis plusieurs années, le paysage se modifie à toute allure! Quand j'ai été élu président de la Conférence des présidents d'université, jamais je n'aurais imaginé une telle effervescence, autant d'évolutions, si rapidement. Le gouvernement s'intéresse enfin à nous, alors que ce qui a importé pendant longtemps c'était surtout qu'il n'y ait pas de mouvements étudiants. Les écoles formaient les élites, les parents ne pensaient qu'aux classes prépa, aux filières sélectives, mais tout cela est en train de changer: pour exister à l'échelle planétaire, universités et écoles doivent se rapprocher, s'allier.
Car, aujourd'hui, c'est aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne que la Chine envoie ses meilleurs étudiants, pas en France... La mondialisation de l'enseignement supérieur est favorable aux universités : le diplôme de référence, partout dans le monde, c'est le doctorat, le PhD. Dans tous les pays, les universités, les chercheurs ont les mêmes pratiques, parlent le même langage, se comprennent tandis que les grandes écoles n'existent qu'en France.
- Pourtant, bien des bacheliers et leur famille sont encore méfiants envers les universités. Que leur répondre?

- Les universités restent pénalisées par une image d'usines à chômeurs. Il faut aller aux portes ouvertes, discuter avec nos étudiants. Depuis 2007, un effort sans précédent a été consenti pour doter les universités de moyens dignes de ce nom. La dépense moyenne par étudiant est passée de 6.800 euros par an en moyenne à 9.000 euros. Les choses bougent. Ainsi, à Paris 2, nous avons mis sur pied un collège de droit, réservé aux bacheliers mention très bien, avec des enseignements pluridisciplinaires de haut niveau. Si bien que, chaque année, des bacheliers admis à Sciences-Po Paris préfèrent venir chez nous! Mais comme nous restons une université, nous avons aussi créé un parcours pour les étudiants un peu faibles, qui leur permet de rejoindre, après un des modules de remise à niveau, le cursus classique. Enfin, grâce à notre PRES (pôle de recherche et d'enseignement supérieur) Sorbonne Universités, nous avons mis en place des doubles cursus, droit et philosophie, droit et sciences, etc., qui offrent, au sortir de la licence, un large panel d'orientations. Jusqu'à présent, les licences monodisciplinaires contraignaient les bacheliers à opter très tôt pour un domaine, tandis qu'en classe prépa ceux-ci pouvaient poursuivre les matières du lycée. Mais aujourd'hui de nombreuses universités mettent sur pied ces licences à spectre large qui constituent une excellente alternative.
- Mais ces diplômes mènent-ils vraiment à l'emploi ?

Absolument. Les enquêtes sur l'insertion professionnelle des titulaires de master en ont apporté la démonstration ; les taux d'emploi de nos bac + 5 sont comparables à ceux des diplômés des grandes écoles. Il ne faut pas s'en tenir aux clichés, les universités organisent des rencontres avec les entreprises, préparent leurs étudiants au marché du travail. Avec l'autonomie, les initiatives et les innovations se multiplient. L'université, c'est le lieu par excellence de la recherche, de l'approfondissement et, si les écoles peuvent nous apporter beaucoup dans le domaine de l'insertion, nous pouvons leur apporter ce savoir-faire spécifique. Les barrières tombent.
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