
Le formateur d’adultes est d’abord défini par son métier d’origine et son appartenance à une famille professionnelle ou un secteur d’activité (BTP, plasturgie, comptabilité, etc.). C’est cette identité qui fonde sa légitimité et son rôle social et économique alors que le statut de l’enseignant tient à sa maîtrise de champs disciplinaires et académiques. La professionnalité du formateur repose sur sa maîtrise d’un champ professionnel donné et la façon dont les personnes s’engagent et réussissent dans des processus d’apprentissage (mécanismes cognitifs, mémorisation, motivation, styles ou profils d’apprentissage, etc.). C’est ce mixte qui situe l’action du formateur dans la sphère du travail et de la formation. Il y a des personnalités qui aiment transmettre, accompagner, tutorer, etc. mais toujours dans des domaines particuliers. En fait c’est l’intérêt ou la passion pour une discipline, un métier, etc. qui génère l’envie de transmettre mais aussi de se perfectionner professionnellement… Former c’est aussi se former ! De ce point de vue la compréhension des mécanismes d’apprentissage est une optimisation de cet engagement et, bien évidemment, une garantie de réussite pour les personnes en formation. Or ces mécanismes d’apprentissage renvoient tout autant aux habiletés des personnes qu’aux contenus de formation : on n’apprend pas l’informatique en mobilisant les mêmes ressources que pour apprendre à nager ou à peindre. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas plusieurs façons d’apprendre l’informatique ou la peinture…
La notion d’efficacité pédagogique prend alors tout son sens et permet de comprendre les facteurs d’échec et de réussite dans l’acquisition du geste professionnel, des compétences clef et des savoirs d’action qui fondent l’exercice d’une activité professionnelle.
Se pose également la question du statut des formateurs, est-il préférable qu’ils soient maintenus dans leur activité professionnelle et mobilisés ponctuellement comme formateurs (par exemple à mi-temps comme dans certaines entreprises du système dual allemand) ou détachés comme formateurs permanents pour plusieurs années ? En réalité ces options dépendent d’abord du choix des secteurs professionnels et des systèmes institutionnels dominants. Il est clair que l’éloignement des lieux de production soulève les questions de la détérioration des compétences techniques et des modalités de ressourcement des formateurs. Mais la double activité (professionnel et formateur) comporte également des risques d’enfermement dans une approche étriquée de la formation professionnelle réduite à un tutorat amélioré centré sur l’adaptation au poste de travail. C’est pourquoi il est nécessaire pour un organisme de formation de pouvoir s’appuyer sur des statuts de formateurs différents selon les objectifs. L’Université a d’ailleurs intégré la nécessité d’avoir à la fois des enseignants permanents et des enseignants associés issus du monde du travail. Dans le champ de la formation professionnelle des adultes, les maîtres d’apprentissage, les tuteurs, les formateurs occasionnels d’entreprise ou les formateurs-métiers permanents comme ceux de l’AFPA, sont autant d’expressions des processus organisés de la transmission des savoirs professionnels. Ils sont tous porteurs et représentatifs des compétences qui se construisent dans le travail et se rediffusent de mille façons dans les communautés professionnelles. La bonne insertion et intégration professionnelle des jeunes et des embauchés dépend de la qualité de cette dynamique. Mais celle-ci consiste aussi pour tous ces professionnels à une réappropriation de leurs métiers et du travail sous l’angle de la logique formative, par exemple :
* distinguer les processus informels d’apprentissage des processus formalisés,
* évaluer ce qui se joue dans les pratiques d’alternance en termes de dynamique et d’interaction entre un organisme de formation et les entreprises,
* comprendre les vertus apprenantes des TIC et des réseaux sociaux du WEB.
