Dauphine et Normale Sup main dans la main dans la course à l'excellence

On a parlé du mariage de la carpe et du lapin. L’université Paris-Dauphine, pouponnière des cadres de la finance, est candidate aux côtés de l’Ecole normale supérieure (ENS) d’Ulm, fleuron de la pensée française, aux "initiatives d’excellence" (Idex), futurs pôles de rang mondial capables de rivaliser avec les meilleures universités du monde telles Harvard, Princeton et Cambridge. A la clef : 7,7 milliards d’euros pour cinq à dix pôles qui seront sélectionnés en juillet prochain.
S’appuyant sur le campus "Paris Sciences et Lettres Quartier latin" (PSL) qui s’est constitué en avril 2010 autour de l’ENS et qui regroupe, sous le statut d'une fondation de coopération scientifique, la crème de la crème de la Montagne Sainte-Geneviève (ENS, Collège de France, Observatoire de Paris, ESPCI ParisTech, Chimie ParisTech), ce projet baptisé PSL* (étoile) associe aussi les grandes écoles d’arts (Arts Déco, Beaux-Arts), la fondation Pierre Gilles de Gennes et l’institut Louis Bachelier (ILB), spécialisé dans l'innovation financière. Il vise à "faire émerger une université collégiale de recherche" comptant parmi "les vingt meilleures universités mondiales".
Confédération
De prime abord, la venue de Dauphine auprès des grands noms de la Montagne Sainte-Geneviève pour concourir au plus grand appel à projet du grand emprunt peut sembler opportuniste. D’une part, Dauphine n’a pas été associée aux trois autres grands pôles qui se sont constitués à Paris intra-muros entre universités et grandes écoles. De l’autre, l’ENS et PSL ne pouvait être candidates aux Idex sans université. Mais pour son président, Laurent Batsch, son rapprochement avec ce pôle de 4.000 chercheurs (dont 3.000 doctorants) fait sens. "Nous avons tout de suite été intéressés par PSL. C’est un rapprochement naturel : est sélective comme l’ENS avec laquelle nos équipes en sciences humaines travaillent déjà en convergence. Nous sommes aussi complémentaires."
L’idée est de créer une confédération d’établissements de recherche ayant une forte identité "et qui n’ont pas vocation à se dissoudre". Jean-Claude Petit, ex-directeur des programmes du CEA, récemment nommé directeur de développement du projet d’Idex de PSL à Dauphine, est justement chargé de mettre en œuvre des synergies et des projets entre Dauphine et ses partenaires de PSL. "Nous voulons créer une université de formation par la recherche", poursuit Laurent Batsch, rappelant que les étudiants de Dauphine sont plus nombreux en master qu’en licence. "Notre taille est idéale. Nous formons un ensemble idéal de 15.000 étudiants sachant que la moyenne des meilleures universités mondiales est de 20.000. Nous allons fonctionner avec des "schools" qui vont se construire sur une culture commune tout en gardant nos identités respectives", explique Laurent Batsch.
Création d’entreprise
Dans le domaine de la formation, un cycle de licence commun sciences et lettres offrira une première année généraliste. "Cela permettra de contourner les classes préparatoires en différenciant l’orientation et en gardant les meilleurs", prévoit Laurent Batsch. Les étudiants bénéficieront de services communs à tous les établissements. Le pôle développera aussi des formations continues pour les cadres rapprochant monde des affaires et monde académique. Des masters en marketing et design ou et un doctorat en création à destination des artistes sont en projet.
"Avec Dauphine et l’Institut Louis Bachelier, nous allons pouvoir développer changer de braquet sur la valorisation, ajoute Gilles Rubinstenn, directeur général de la Fondation Pierre Gilles de Gennes, spécialisée dans le montage de projets de recherche public-privé et partenaire du projet PSL*. Dauphine et l’ILB vont nous apporter des mathématiques appliquées de haut niveau, une grosse expertise en matière de création d’entreprise, de design les modèles économiques, d’analyse du risque…". PSL* compte de fait travailler à la maîtrise de la chaîne de valeur du transfert technologique et vise un objectif à dix ans de 80 à 100 brevets déposés annuellement, de dix "start up" créées et de 15 millions d'euros de contrats de recherche directement passés avec des PME et des entreprises de taille intermédiaire.
Reste que la compétition va être rude. Selon plusieurs sources, sur les dix-sept dossiers déposés, environ huit Idex devraient être sélectionnées en juillet dont trois en Ile-de-France. Or se disputent dans cette région pas moins de six candidats dont Saclay, assuré d'être sélectionné. Rien qu'à Paris intra-muros bataillent PSL, Openscience du pôle Sorbonne Paris Cité, Super du pôle Sorbonne Universités et Novi-Mundi du pôle Hesam…. Il n'y aura donc pas de place pour tout le monde. Tous vont jouer leur avenir ces jours prochains avec les auditions de la présélection.

Rencontres interculturelles et formation
Presque trente ans après le n° 75 d’Education permanente (« Les transferts de connaissances. Vers une pédagogie interculturelle ? », 1984), le terme interculturel est devenu omniprésent en politique, en formation, en recherche, dans les discours du quotidien, et semble être accepté comme une évidence. Cela n’évite cependant pas les malentendus et l’on constate la persistance d’un interculturel simpliste et réducteur. De nombreux chercheurs et formateurs prennent en otage les concepts de culture (nationale) et d’identité culturelle pour former des typologies et des classifications d’altérité. Ces éléments prétendent expliquer, dans une logique causaliste, les relations qui s’établissent entre individus issus de pays et de langues différents. Cela correspond pleinement au « terrorisme de la cohérence » (Maffesoli) caractéristique de la modernité.
Lire les résumé.
L'interculturel en formation, un concept à renouveler, Marie-José Barbot, Fred Dervin, De l’interculturel à l’humanisme du divers, Martine Abdallah-Pretceille, Individus, (inter)cultures et politique, Bernard Lahire, L'altérité, Yasmina Picquart, L’exil, l’asile, le refuge : les lieux de l’étranger, Michel Agier, Désirs altruistes sous les tropiques, Nadège Chabloz, Vers l’interculturel : les enfants roms à l’école, Jean -Pierre Liégeois, Discriminations, gestion de la diversité et management interculturel, Philippe Pierre, Moments d’interculturalité et processus de transformation, Hervé Breton, Noël Denoyel, La formation interculturelle mise au travail de la reconnaissance, Claude Debon, Autoformation mondialoguante, voyage et passage à la retraite, Gaston Pineau, Une pédagogie de l’égalité. Entre nuance et complexité, Mariela De Ferrari, Accueil et autonomisation : enseigner le français à des demandeurs d’asile, Véronique Laurens, Autoformation mondialoguante et exploration de l’écoformation, Pascal Galvani, Une rencontre interculturelle spécifique : le conseil en autoformation institutionnelle, Marie-José Gremmo, Le stage de la gloutte : un contexte de formation singulier, Carole Dolignon, Philippe Lain, Analyser le travail de tuteurs d’enseignants débutants, Stéphane Brau-Antony, Claire Mieusset, Agnès Lenfant-Corblin, Catherine Miot.Journée de réflexion et de débats autour du n° 186 d'Education permanente, le 22/06/2011 - CNAM (Paris).
Kważi tletin sena wara l-Nru 75 ta 'edukazzjoni kontinwa ("It-trasferiment ta' għarfien. Lejn edukazzjoni interkulturali?", 1984), il interkulturali terminu issa hija mifruxa fil-politika, taħriġ, riċerka, fid-diskors ta 'kuljum, u jidher li jiġu aċċettati bħala prova. Dan jevita nuqqas ta 'ftehim, madankollu, u hemm kontinwu interkulturali simplistiku u riduttiv. Ħafna riċerkaturi u l-ħarrieġa jieħdu ostaġġi l-kunċetti tal-kultura (nazzjonali) l-identità u l-kultura biex jiffurmaw tipoloġiji u klassifikazzjonijiet tal otherness.Dawn l-elementi talba biex tispjega fi kawżalità loġika, ir-relazzjonijiet bejn individwi minn pajjiżi differenti u l-lingwi. Dan jikkorrispondi kompletament għall-"terroriżmu ta 'koerenza" (Maffesoli) karatteristika ta' modernità. Aqra s-sommarju. More...
Une dynamique qui va clarifier le paysage

Valérie Pécresse, qui a tenu bon face à la mobilisation des universitaires et a réussi à faire passer la loi sur l’autonomie, défend ses réformes et la restructuration en cours.
Avec ses pôles, ses alliances, ses fondations, le paysage universitaire n’est-il pas devenu confus?
Nous sommes dans unmouvement, qui va dans une double direction. D’un côté, les universités deviennent autonomes et ainsi mieux armées pour la compétition mondiale. D’un autre côté, les coopérations se multiplient entre elles, ainsi qu’entre universités et grandes écoles. Cette dynamique va clarifier le paysage.
En Ile-de-France en particulier, les universités étaient éparpillées et thématiques, notamment après Mai 1968 et l’éclatement de la Sorbonne.
Or, une très bonne recherche est, en partie, pluridisciplinaire. Prenons les travaux sur la maladie d’Alzheimer : il faut des chercheurs en médecine, en droit, en robotique, en psychologie… Cela montre à quel point on a besoin de se regrouper. Les bonnes formations sont aussi, souvent, pluridisciplinaires. Or avec ces pôles, on crée des doubles diplômes – lettres et sciences, lettres et gestion… On forme ainsi de nouveaux profils qui intéressent les entreprises. Et ces cursus, avec de hautes exigences académiques et une professionnalisation, peuvent concurrencer les grandes écoles. Et ce, pour le plus grand bénéfice des étudiants.
Mais fallait-il aller si vite?
L’université a été délaissée pendant trente ans, il y avait urgence. Nous sommes dans une dynamique intéressante. Prenons le Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (Pres) Sorbonne-Universités, créé par Paris-II, IV et VI. Ces trois universités avaient, avant, noué une alliancemais il ne se passait rien. Avec les appels d’offres pour le grand emprunt, elles travaillent ensemble et présentent des projets exceptionnels. Elles ont, à trois, un peu le potentiel d’Oxford ou de Cambridge…
Avez-vous une vision claire de l’avenir?
D’après moi, dans Paris intramuros, on va assister à l’émergence de trois grandes universités «fédérales» : les Pres Sorbonne-Universités, Sorbonne-Paris-Cité et Hesam. Je ne veux pas dire que les universités qui les composent vont fusionner. Cela est en cours en Lorraine et à Aix-Marseille, et c’est fait à Strasbourg. Mais ces universités sont plus petites. A Paris elles sont trop grandes pour fusionner. Mais elles vont mettre en commun des actions (coopération internationale, accueil des étudiants…), des formations et des équipements. Il reste toutefois encore à régler la question de leur gouvernance.
Avec 17 universités en Ile-de- France, personne ne s’y retrouvait. Les universités parisiennes n’ont, en outre, pas réussi à s’imposer à l’étranger où la seule marque connue est la Sorbonne. Il faut parvenir à un paysage compréhensible, avec des universités ayant des images fortes, des situations d’excellence et des sites emblématiques – avec le plan de rénovation immobilier sans précédent que nousmenons, les sites parisiens vont passer de 130 à 45. D’ici à 2013, nous aurons investi 2,4 milliards d’euros pour rénover les universités parisiennes. Le grand emprunt apportera aussi des moyens et plus de cohérence.
En favorisant la création de grands pôles d’excellence, n’allez-vous pas creuser l’écart avec les petites universités?
Non, je ne suis pas dans l’optique «big is beautiful». Et je ne peux pas croire que le bonheur des uns fera le malheur des autres. L’excellence se trouve partout, y compris dans les petits établissements. Et l’Etat jouera son rôle, et aidera chacun à trouver sa voie.

Valerie Pecresse, who stood against the mobilization of university and succeeded in passing the law on autonomy, defends his reforms and restructuring.
With its poles, its alliances, its foundations, the university landscape is it not become confused?
On the one hand, universities are autonomous and thus better equipped for global competition. On the other hand, cooperation is increasing between them and between universities and schools. These dynamics will clarify the landscape. More...