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Formation Continue du Supérieur
16 août 2010

Formation continue: les injonctions paradoxales à l’égard des TPE-PME

Par Paul Santelmann, Responsable de la Prospective à l’AFPA. La revue EDUCATION PERMANENTE (n° 182 mars 2010) s’est penchée sur la question de la formation et de l’innovation dans les petites entreprises. Dans un dossier coordonné par Elyes BENTABET et préfacé par Philippe TROUVE le paradoxe français de la formation continue est interrogé de façon plutôt pertinente. Les auteurs soulignent en effet le décalage entre les constats institutionnels sur le faible usage de la formation dans les TPE/PME et l’intelligence collective et individuelle qui s’y déploie et qui relativise les réponses apportées par notre système organisé de formation issu de la loi de 1971. Alors même qu’un consensus se construit depuis quelques années sur la nécessité de reconnaître et de réintégrer dans les activités de travail une dimension formative (de l’alternance à la VAE), on continue à analyser l’investissement formatif des entreprises sous l’angle très réducteur de la participation des salariés aux stages !
Philippe TROUVE évoque dans sa préface les constats des chercheurs allemands selon lesquels « un simple calcul coût/avantages amènerait les entreprises à négliger d’autant plus la formation continue que celle-ci se présenterait sous des formes institutionnalisées et planifiées peu applicables, et à lui préférer finalement des ajustements ponctuels au plus près des besoins de l’entreprise de petite taille. Selon les auteurs, l’absence de loi sur la formation professionnelle continue en Allemagne aurait favorisé cette conception de l’adaptabilité formative des PME. ».
En réalité les spécificités des petites entreprises en matière de RH et de formation sont faiblement prises en compte dans les conceptions institutionnelles dominantes. Les raisons de cette méconnaissance sont nombreuses. D’abord les enquêtes nationales auprès des TPE/PME dans ces domaines sont rares et nécessitent des investigations longues et coûteuses. Par ailleurs on manque certainement d’une typologie renouvelée des petites entreprises qui, loin d’être un monde homogène, présentent un éventail de spécificités sectorielles beaucoup plus large que les grandes firmes. Certains secteurs ne comprennent d’ailleurs que des petites entreprises. Les points communs entre TPE/PME existent pourtant et viennent infléchir les représentations sur la supposée moindre qualification des salariés qui y travaillent par rapport aux salariés des grands établissements. Si les salaires moyens y sont plus faibles que dans la grande entreprise, la polyvalence et les multi-compétences y sont plus développées. Nombre de salariés issus des TPE/PME et travaillant dans les grandes entreprises y constatent un recul en termes de contenus de travail et de responsabilité même si il y a amélioration en termes de salaires et de conditions de travail.
Les innovations dont doivent faire preuve les petites entreprises sont également un facteur de développement des compétences des salariés sans que cela ne soit clairement formalisé. Le dossier d’EDUCATION PERMANENTE permet d’avoir des éclairages sur les pratiques formatives et de RH des PME. Le nécessaire ancrage territorial des TPE/PME permet également d’éclairer leurs pratiques intégratrices et formatives souvent marquées par un rôle de transition professionnelle pour les jeunes. Les différentes contributions du dossier sont autant de points d’appui pour un travail de fond sur le rôle et les contextes formatifs des petites entreprises. C’est sur cette base que les opérateurs de formation pourront définir des démarches adaptées d’accompagnement de ces processus.

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