Le processus de Bologne fête ses dix ans, quel bilan?
Les principaux objectifs du processus de Bologne sur lesquels 29 pays s’engagaient dans la déclaration du 19 juin 1999 étaient :
* L’adoption d’un système de diplômes facilement lisibles et comparables
* La mise en place d’un système de crédits
* La promotion de la mobilité
* La coopération en matière de qualité universitaire
Dix ans après la signature de la déclaration de Bologne, il n’y a pas d’accord sur la durée des trois cycles. Le premier cycle peut durer de 3 à 4 ans, le deuxième de 1 à 2 ans, l’ensemble conduisant au diplôme de master totalisant 5 années d’études supérieures. Et comme la semestrialisation n’est pas réalisée partout, la mobilité est limitée à des accords inter établissements.
Le système de transfert de crédits européens. Il s’agit là sans doute de l’élément le plus important du processus de Bologne qui modifie en profondeur les formations dispensées dans l’enseignement supérieur.
Quatre points importants découlent de la mise en place des crédits :
* Les crédits sanctionnent le temps de travail de l’étudiant et non celui du professeur
* Les crédits valident des compétences et non des connaissances
* Les crédits ne sont pas compensables
* Chaque unité d’enseignement est accompagnée d’une lettre : A, B, C, D, E, F, qui qualifie les conditions de son obtention.
La mise en place des crédits est particulièrement laborieuse dans notre pays car elle impose un changement de paradigme de notre enseignement.
A Berlin en 2003, les ministres signataires ont confiés à ENQA le développement d’un ensemble de critères, standards et procédures pour le management de la qualité.
Chaque nation signataire du processus doit mettre en place une agence indépendante chargée de réaliser les évaluations externes des établissements d’enseignement supérieur. En France, l’AERES créée par une loi en avril 2006 a débuté ses travaux début 2007.
Enfin, au troisième niveau, ENQA est chargée de procéder à l’évaluation des agences nationales en vue d’une inscription sur le registre européen d’assurance-qualité, EQAR fondé le 14 mars 2008, dernière pierre de l’édifice du management de la qualité dans l’enseignement supérieur. Neuf agences sont actuellement inscrites sur ce registre.
Le processus de Bologne souffre du même syndrome que la construction européenne, les gouvernements s’engagent dans des actions qu’ils n’expliquent pas aux citoyens et progressivement s’installe un divorce entre les engagements et les déclarations d’où découlent les incompréhensions que l’on observe aujourd’hui. Par Michel Troquet.