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Formation Continue du Supérieur
14 avril 2009

Les demandeurs d’emploi privés de (véritable) bilan de compétences ?

Conséquences des coupes financières exercées par Pôle emploi, les demandeurs d’emploi ne peuvent plus bénéficier d’un bilan de compétences de vingt heures dans certaines régions. Réduite à six heures d’entretien, la prestation est « vidée de son sens », selon les prestataires, et ce à l’heure où la crise exacerbe les besoins en repositionnement.
« Scandaleux. » Cette consultante parisienne n’a pas assez de mots assez forts pour qualifier « l’hypocrisie ambiante » qui règne au sujet du bilan de compétences approfondi (BCA). La raison de sa colère ? La réduction drastique de son financement par Pôle emploi qui a vidé la prestation de sa substance.
Depuis le dernier appel d’offres de l’ex-ANPE fin 2007 (1), la prise en charge de ce bilan prescrit aux demandeurs d’emploi a en effet subi des coupes drastiques dans certaines régions. À Paris, par exemple, elle a chuté de 800 euros à 400 euros… Soit trois fois moins qu’un bilan de compétences financé par les Fongecif ou les Opacif pour les salariés. « Avec 800 euros, on pouvait encore proposer un véritable bilan de compétences. Ce n’est plus le cas aujourd’hui », s’offusque cette consultante, qui a préféré jeter l’éponge.
Autre solution : négocier le coût d’un bilan par son entreprise dans le cadre d’accords (gestion des compétences, formation…). Voire au titre du DIF (droit individuel à la formation), même si son licenciement est acté, pendant son préavis. Un recours ultime, car au-delà des freins de certains employeurs pour financer les heures de DIF, le coût de l’allocation formation versée (9,15 euros au minima de l’heure, voir plus si l’entreprise est couverte par un accord de branche) peut se révéler insuffisant pour couvrir les frais d’un bilan de compétences (entre 1200 euros et 3000 euros dans certains centres). Source.
Jobseekers private (real) stock of skills? Financial consequences of cuts performed by job center, job seekers can no longer benefit from a skills assessment of twenty hours in some areas. Reduced to six hours of maintenance, the provision is "emptied of its meaning," according to providers, at a time when the crisis exacerbates the need for repositioning. Even under the DIF (individual right to training), even if his dismissal is recognized for his notice. A last resort, because beyond the barriers of some employers to fund the hours of DIF, the cost of the training allowance paid (9.15 euros in minimum time, see if the company is covered by a sector agreement) may be insufficient to cover the cost of a skills assessment (between 1200 euros and 3000 euros in some centers). Source. More...Un bilan vidé de son sens
Pour s’aligner sur ces tarifs, les centres de bilans ont en effet dû revoir la prestation du BCA, en réduisant la durée des entretiens (2). Résultat : le nombre de rendez-vous avec le  demandeur d’emploi a chuté de quinze heures en moyenne à sept heures dans les régions les moins bien servies, comme l’Ile-de-France. « Je ne peux aller au-delà, sinon ce n’est pas tenable financièrement », témoigne Chantal*, consultante en bilan de compétences à Paris. Un délai qu’elle juge insuffisant pour permettre au bénéficiaire de bâtir un véritable projet professionnel : « On n’a plus le temps de faire un travail de fond, encore moins si la personne souhaite se reconvertir ».
Même écho en Loire-Atlantique, où la prise en charge du BCA s’est effondrée de 783 à 450 euros depuis l’appel d’offres. Consultante à Nantes, Eliane* est désormais contrainte de proposer six heures d’entretiens (contre dix auparavant). « La prestation n’a plus rien à voir avec un bilan de compétences. C’est devenu un outil de placement », déplore cette professionnelle. Le malaise est d’autant plus grand qu’officiellement, le discours de Pôle emploi - prescripteur du BCA dans le cadre du Pare - n’a pas varié d’un iota selon elle : « On leurre les chômeurs en leur vendant un véritable bilan de compétences. Quand ils réalisent ce qui les attend, ils deviennent agressifs. Surtout que nous rencontrons des gens avec de véritables problèmes de positionnement ou souhaitant se reconvertir », raconte Eliane.
Pression vers le retour à l’emploi
Autre fait symptomatique du malaise ambiant : la pression sur le retour à l’emploi. Même si le bilan de compétences approfondi – créé par  l’ANPE en 2001 (3) – a toujours visé une insertion rapide, les exigences sur les résultats n’ont jamais été aussi intenses, regrette Eliane. « Avant, il y avait une certaine tolérance : le projet défini à l’issue du bilan pouvait s’accompagner d’une formation au besoin. Depuis ce nouveau cahier des charges, il n’en est plus question. Ce qui compte pour Pôle emploi à l’issue du BCA, c’est uniquement le retour à l’emploi dans les plus brefs délais ». Officieusement, les demandeurs d’emploi sont donc priés de bâtir un projet d’insertion rapide, sans recourir à la formation. Quitte à ne pas changer de voie, même s’ils y aspirent. Ce qui va à l’encontre de la vocation du bilan de compétences, censé s’appuyer avant tout sur les motivations du bénéficiaire : « j’ai accompagné un commercial dans la lunetterie au chômage qui souhaitait s’orienter vers la logistique via une formation de neuf mois, car il en avait assez des déplacements. Son projet a été refusé, car il y a pléthore d’offres dans son métier », illustre Eliane. Sauf à bénéficier d’une convention de reclassement personnalisée ou se former vers des métiers en tension répertoriés par Pôle emploi, les possibilités de se repositionner grâce à la formation sont ainsi devenues quasi nulles dans le cadre du BCA. Les contrôles ont par ailleurs été renforcés pour les consultants : trois mois après le début du BCA, le prestataire doit désormais fournir une liste nominative des rendez-vous pris par le bénéficiaire dans le cadre de son projet. « Le moindre écart est bon pour ne pas régler totalement la facture. C’est insensé, car du coup nous répercutons inévitablement cette pression sur les demandeurs d’emploi », dénonce Eliane.
Agir tant qu’on est en poste
Face à cette situation, les consultants recommandent aux salariés d’anticiper. Et de ne pas attendre un éventuel licenciement pour réaliser un véritable bilan de compétences : « Depuis la crise, nous recevons des centaines d’appels de salariés qui demandent s’ils peuvent bénéficier d’un bilan de compétences. Nous leur conseillons de chercher à se le faire financer par leur entreprise, ou dans le cadre du Fongecif », explique Jean-Pierre Vacher, président de la Fédération nationale des CIBC (centres interinstitutionnels de bilans de compétences). Contrairement au BCA, le bilan de compétences financé par l’Opacif (ou le Fongecif) de  votre entreprise  est strictement encadré par la loi : durée totale de vingt-quatre heures, résultats confidentiels… Avec des taux de prise en charge allant de 1200 à 1500 euros.  De quoi bâtir réellement un nouveau projet en toute sérénité, ou presque. À condition ne pas attendre le dernier moment avant de déposer son dossier : deux trois mois sont en effet nécessaires pour obtenir l’accord de l’Opacif ou du Fongecif.
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