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Formation Continue du Supérieur
1 mars 2009

Quand l'entreprise et la fonction font le jargon

Les Echos, MURIEL JASOR.

L'entreprise parle une langue à part. Une façon d'exprimer son identité et son savoir, de fonctionner avec efficacité mais aussi de masquer bien des failles...
L'entreprise parle une langue à part. Du charabia pour le profane. Un langue guerrière, « chewing- gum » ou quasi mystique pour d'autres. « C'est un langage identitaire», explique le linguiste terminologue Dardo de Vecchi, qui étudie les modes d'expression dans la sphère professionnelle depuis 1995. «L'entreprise a son sociolecte, son propre dialecte social. Celui qui parle Renault n'emploie pas le même vocabulaire qu'un Peugeot. » Elle traduit avec ses propre mots la façon singulière dont elle s'organise et fonctionne. « Autant dire : dis-moi comment tu parles, je te dirai où tu travailles », poursuit le linguiste...
En cas de fusion par exemple, peu d'entreprises pensent à s'aligner sur une charte sémantique commune. « Or, les salariés des entités réunies n'accordent pas le même sens et la même valeur aux mots», soutient le linguiste. « Quand, pour certains, «Rex» signifie résultat d'exploitation, pour d'autres, il s'agit d'un retour sur expérience», prévient Didier Plas, PDG de Genitech. Attention donc aux erreurs d'interprétation...
Faute de charte sémantique, nombre d'entreprises rétrécissent leur communication autour d'un empilement de sigles, acronymes et franglais. « C'est vrai, je parle de discours «corporate» ou de produits à «brander» [dont il faut gérer la marque], reconnaît Ilinca Oancea, responsable communication et marketing du groupe Arca Patrimoine...
Patrick Deleau, président fondateur de Legal Suite (logiciels juridiques), dit oui au langage professionnel, outil essentiel de communication, mais non au jargon. « Le jargon est une démarche tribale de repli sur soi ou d'exclusion, poursuit-il. C'est aussi une façon de cacher des défaillances ou encore d'afficher un signe d'appartenance au clan de ceux qui savent. »...
Pour la philosophe Michela Marzano, cela illustre le coup de génie d'une littérature managériale qui organise délibérément - via des « guides de cuisine de vie » - le télescopage des domaines du travail et de l'intime. De quoi jeter le trouble chez ceux qui peinent à concilier leur activité professionnelle et leurs aspirations profondes. Car, les salariés sont toujours plus nombreux à « checker » les tables « dispo » dans les restaurants, à « revenir au plus vite vers vous », à donner leur « feedback » plutôt que leur point de vue, à chercher à être « sur le bon trend », à « gérer » leur forme physique, leur stress ou leurs conflits personnels ou encore à « caster» puis à « benchmarker » (comparer) différentes nounous pour la garde du petit dernier...
Les Echos, MURIEL Jasor. L'azienda parla una lingua diversa. Un modo per esprimere la propria identità e le conoscenze necessarie per operare in modo efficace, ma anche molti difetti nascondere. Maggiori informazioni...

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