28 avril 2013
Les 40 ans de la CGE
La naissance de la Conférence des grandes écoles, par le sénateur Pierre Laffitte, président d'honneur de la CGE.
La CGE a été créée informellement en 1968 et a acquis le statut d’association en 1973. De 1973 à 1979, Pierre Laffitte en a été le secrétaire général. De 1979 à 1985, il en a été le président, époque où il était le directeur de l'Ecole des Mines de Paris.
Mai 1968, la grande contestation étudiante touche surtout les universités, mais aussi, marginalement, les grandes écoles. Ce mouvement a permis à certains établissements, dont l’Ecole des Mines de Paris, une remise en cause de leur mode de fonctionnement afin d’y d’introduire de l’innovation.
Ainsi, à ma demande, il a été proposé aux étudiants de noter les cours auxquels ils assistaient, en explicitant les parties qui n’atteignaient pas leur objectif. Ce processus a été bien entendu très mal perçu par les professeurs. Mais ceux-ci ont bien vite reconnu les avantages de ce « retour » et ont pu améliorer ce qui était pour les élèves peu compréhensible. Effet collatéral mais non moins intéressant, les élèves ont eux-mêmes suggéré d’organiser des classes de neige, pour aborder des parties de cours de mathématiques particulièrement ardues. Effet d’aubaine certes, mais témoignant de nouveaux liens entre étudiants et enseignants. Les résultats très positifs de cette nouvelle approche ont été constatés par tous. Cette anecdote démontre par ailleurs qu’en pédagogie, comme en toute chose, la motivation est essentielle.
Pour les responsables d’écoles, la traditionnelle hostilité universitaire vis-à-vis des grandes écoles, renforcée par le Colloque de Caen (colloque de novembre 1966 avec Pierre Mendès-France), se manifestait fortement. On les accusait (déjà!) de détourner de la recherche scientifique les meilleurs étudiants. Je pensais, pour ma part, que le lien naturel entre les grandes écoles et les forces vives de la nation, notamment dans le domaine industriel, devait, au contraire, conduire les écoles d’ingénieurs à plus de contacts avec la recherche et les technologies nouvelles. Tel était déjà le cas, par exemple, dans certaines écoles d’application de Polytechnique, mais pas de façon coordonnée. D’autres établissements avaient des démarches similaires. Certes, les directeurs d’écoles d’ingénieurs parisiennes se rencontraient, mais de façon informelle ne permettant pas d’envisager la structuration de ces évolutions.
Mon idée, très concrète, était de fournir un outil commun permettant de gérer des contrats de recherche avec l’industrie. C’est dans ce but qu’est née ARMINES, acronyme de « Association de Recherche pour les Méthodes INdustrielles Et les Sciences », créée sur le modèle de l’AEPA de l’Ecole de l’Armement.
Ceci a été une première étape vers la création de structures comparables aux Instituts Fraunhofer de nos voisins germaniques que sont les Instituts Carnot dont Armines reste le meilleur représentant. Je note que chez nos voisins germaniques 50% des dépenses menées dans les Fraunhofer sont prises en compte par l’Etat. En France, nous sommes encore loin du compte: la dépense publique s’élève à 20% en moyenne. ARMINES gère chaque année 1000 contrats de recherche pour le compte de diverses écoles (pour l’essentiel, Mines ParisTech).
Mai 1968 a aussi renforcé la coopération entre écoles par la création de la Conférence des grandes écoles. Elle a permis la mise en commun des bonnes pratiques en matière de pédagogie et de recherche, la création de filières communes, les reconnaissances de certaines unités d’enseignement, la création des filières de troisième cycle et de doctorat d’ingénieurs communes, etc.
Lors de la création initiale de la Conférence des grandes écoles (dont j’étais le secrétaire général), nous avons constitué trois commissions: la commission des Etudes, la commission de la Recherche et la Commission des Affaires générales.
Ces commissions ont été autant de liens renforçant de façon pragmatique la coopération entre les établissements. Cela était d’autant plus nécessaire que j’ai souhaité élargir la Conférence à l’ensemble des écoles délivrant le titre d’ingénieur en France.
Pour les écoles de commerce et de gestion, de niveaux très divers, un Chapitre a été créé afin de s’assurer du sérieux des établissements adhérant à la Conférence.
Enfin, la Conférence s’est attachée à établir des passerelles à partir de diplômes tels que DUT, BTS, licence.
Autre projet: nous avons ensuite proposé d’organiser des « masters ». Mais n’ayant pas déposé le titre, nous avons été pris de court par une décision universitaire.. C’est ainsi qu’ont été créés les « mastères spécialisés »... mais ceci est postérieur à 1973 et donc hors de ce propos.
Pierre Laffitte, Sénateur..
Les 12 grandes écoles fondatrices de la CGE:
* Ecole Centrale des Arts et Manufactures (ECP)
* Ecole des Hautes Etudes Commerciales (HEC)
* Ecole Nationale des Ponts et Chaussées (ENPC)
* Ecole Nationale Supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace (ENSAE)
* Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers (Paris) (ENSAM)
* Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris (ENSM.P.)
* Ecole Nationale Supérieure des Techniques Avancées (ENSTA)
* Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications (ENST)
* Ecole Polytechnique (EP)
* Ecole Supérieure d’Electricité (ESE)
* Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielle de la Ville de Paris (ESPCI)
* Institut National Agronomique Paris-Grignon (INA-PG).
La CGE a été créée informellement en 1968 et a acquis le statut d’association en 1973. De 1973 à 1979, Pierre Laffitte en a été le secrétaire général. De 1979 à 1985, il en a été le président, époque où il était le directeur de l'Ecole des Mines de Paris.
Mai 1968, la grande contestation étudiante touche surtout les universités, mais aussi, marginalement, les grandes écoles. Ce mouvement a permis à certains établissements, dont l’Ecole des Mines de Paris, une remise en cause de leur mode de fonctionnement afin d’y d’introduire de l’innovation.
Ainsi, à ma demande, il a été proposé aux étudiants de noter les cours auxquels ils assistaient, en explicitant les parties qui n’atteignaient pas leur objectif. Ce processus a été bien entendu très mal perçu par les professeurs. Mais ceux-ci ont bien vite reconnu les avantages de ce « retour » et ont pu améliorer ce qui était pour les élèves peu compréhensible. Effet collatéral mais non moins intéressant, les élèves ont eux-mêmes suggéré d’organiser des classes de neige, pour aborder des parties de cours de mathématiques particulièrement ardues. Effet d’aubaine certes, mais témoignant de nouveaux liens entre étudiants et enseignants. Les résultats très positifs de cette nouvelle approche ont été constatés par tous. Cette anecdote démontre par ailleurs qu’en pédagogie, comme en toute chose, la motivation est essentielle.
Pour les responsables d’écoles, la traditionnelle hostilité universitaire vis-à-vis des grandes écoles, renforcée par le Colloque de Caen (colloque de novembre 1966 avec Pierre Mendès-France), se manifestait fortement. On les accusait (déjà!) de détourner de la recherche scientifique les meilleurs étudiants. Je pensais, pour ma part, que le lien naturel entre les grandes écoles et les forces vives de la nation, notamment dans le domaine industriel, devait, au contraire, conduire les écoles d’ingénieurs à plus de contacts avec la recherche et les technologies nouvelles. Tel était déjà le cas, par exemple, dans certaines écoles d’application de Polytechnique, mais pas de façon coordonnée. D’autres établissements avaient des démarches similaires. Certes, les directeurs d’écoles d’ingénieurs parisiennes se rencontraient, mais de façon informelle ne permettant pas d’envisager la structuration de ces évolutions.
Mon idée, très concrète, était de fournir un outil commun permettant de gérer des contrats de recherche avec l’industrie. C’est dans ce but qu’est née ARMINES, acronyme de « Association de Recherche pour les Méthodes INdustrielles Et les Sciences », créée sur le modèle de l’AEPA de l’Ecole de l’Armement.
Ceci a été une première étape vers la création de structures comparables aux Instituts Fraunhofer de nos voisins germaniques que sont les Instituts Carnot dont Armines reste le meilleur représentant. Je note que chez nos voisins germaniques 50% des dépenses menées dans les Fraunhofer sont prises en compte par l’Etat. En France, nous sommes encore loin du compte: la dépense publique s’élève à 20% en moyenne. ARMINES gère chaque année 1000 contrats de recherche pour le compte de diverses écoles (pour l’essentiel, Mines ParisTech).
Mai 1968 a aussi renforcé la coopération entre écoles par la création de la Conférence des grandes écoles. Elle a permis la mise en commun des bonnes pratiques en matière de pédagogie et de recherche, la création de filières communes, les reconnaissances de certaines unités d’enseignement, la création des filières de troisième cycle et de doctorat d’ingénieurs communes, etc.
Lors de la création initiale de la Conférence des grandes écoles (dont j’étais le secrétaire général), nous avons constitué trois commissions: la commission des Etudes, la commission de la Recherche et la Commission des Affaires générales.
Ces commissions ont été autant de liens renforçant de façon pragmatique la coopération entre les établissements. Cela était d’autant plus nécessaire que j’ai souhaité élargir la Conférence à l’ensemble des écoles délivrant le titre d’ingénieur en France.
Pour les écoles de commerce et de gestion, de niveaux très divers, un Chapitre a été créé afin de s’assurer du sérieux des établissements adhérant à la Conférence.
Enfin, la Conférence s’est attachée à établir des passerelles à partir de diplômes tels que DUT, BTS, licence.
Autre projet: nous avons ensuite proposé d’organiser des « masters ». Mais n’ayant pas déposé le titre, nous avons été pris de court par une décision universitaire.. C’est ainsi qu’ont été créés les « mastères spécialisés »... mais ceci est postérieur à 1973 et donc hors de ce propos.
Pierre Laffitte, Sénateur..
Les 12 grandes écoles fondatrices de la CGE:
* Ecole Centrale des Arts et Manufactures (ECP)
* Ecole des Hautes Etudes Commerciales (HEC)
* Ecole Nationale des Ponts et Chaussées (ENPC)
* Ecole Nationale Supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace (ENSAE)
* Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers (Paris) (ENSAM)
* Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris (ENSM.P.)
* Ecole Nationale Supérieure des Techniques Avancées (ENSTA)
* Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications (ENST)
* Ecole Polytechnique (EP)
* Ecole Supérieure d’Electricité (ESE)
* Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielle de la Ville de Paris (ESPCI)
* Institut National Agronomique Paris-Grignon (INA-PG).
Tá an bhreith an Chomhdháil Grandes Ecoles an Seanadóir Pierre Laffitte, uachtarán oinigh ar an CGE. Bunaíodh CGE neamhfhoirmiúil i 1968 agus fuair an stádas na comhlachais i 1973. Ó 1973 go 1979, bhí Pierre Laffitte an Ard-Rúnaí. Ó 1979-1985 bhí sé ina uachtarán, nuair a bhí sé an stiúrthóir ar an Ecole des Mianaigh de Paris. Bealtaine 1968, an agóidí mac léinn mór tionchar den chuid is mó ollscoileanna, ach freisin scoileanna beagán níos mó. Níos mó...